(Source : http://www.lefigaro.fr/politique/20050120.FIG0210.html)a écrit :Fabius et Emmanuelli sont hier remontés en ligne
Au PS, le camp du non n'a pas dit son dernier mot
Nicolas Barotte
[20 janvier 2005]
Les opposants à la Constitution européenne au sein du PS n'ont pas tous renoncé à faire valoir leurs idées. Les courants minoritaires et les partisans de Laurent Fabius ont chacun leur stratégie pour les mois à venir. Henri Emmanuelli et Jean-Luc Mélenchon, cofondateurs de Nouveau Monde, ont lancé hier une campagne contre la directive européenne Bolkestein, symbole selon eux de la «dérive libérale» de l'Union européenne. Quant à Laurent Fabius, après plusieurs semaines de discrétion, il rappelle, aujourd'hui dans Le Nouvel Observateur, l'essentiel de ses positions. Du coup, les partisans du oui grincent des dents : «On est passé de l'affrontement central au harcèlement total», estime l'un d'eux en fustigeant l'attitude de Fabius. Seul le courant NPS d'Arnaud Montebourg et Vincent Peillon a décidé d'attendre patiemment l'issue du référendum.
L'oeil rivé sur 2007, Laurent Fabius joue la carte des «convictions» inébranlables. S'il promet d'être «loyal», il n'en demeure pas moins que l'ancien premier ministre «ne regrette rien». Il assume le fait d'être minoritaire. Mais Laurent Fabius évite aussi de désavouer Jean-Luc Mélenchon qui, lui, fera campagne contre la Constitution européenne.
Décidé à développer dès maintenant des arguments qui pourront lui servir plus tard, l'ancien premier ministre évoque les sujets parallèles à la Constitution qui lui permettront de la critiquer. La révision constitutionnelle d'abord (un problème «qui n'a pas été tranché par les militants») : Laurent Fabius s'abstiendra pour dénoncer le «référendum différé obligatoire», un «leurre» et une «absurdité». L'adhésion de la Turquie ensuite (Fabius est contre) : «Les règles que l'on fixe pour l'Union européenne, c'est-à-dire la Constitution, ne peuvent pas faire totalement abstraction de la composition de cette Union». La place de la Banque centrale européenne : «C'est toute la question de l'orientation de la politique économique au sein de l'Union qui est posée». Enfin, Laurent Fabius dénonce la directive de l'ancien commissaire européen Bolkestein sur la libéralisation des services : «Si on approuve cette directive, on favorise massivement le dumping social.» Après avoir lu l'interview de Fabius, un proche du premier secrétaire François Hollande ironise : «C'est sa forme de loyauté...»
Plus offensif, le courant minoritaire Nouveau Monde a choisi de lancer hier une campagne contre la directive. Un sujet sur lequel le député des Landes Henri Emmanuelli accuse le Parti socialiste d'être trop silencieux. «On dit que tous les socialistes européens sont contre. Nous avons quelques longueurs de retard au Parti socialiste français», affirme-t-il. Sans ambiguïté, il lie le sujet avec celui de la Constitution européenne : «Que ceux qui nous disent qu'il n'y a pas de lien nous expliquent que la base juridique qui a servi à M. Bolkestein ne figure pas dans la Constitution. Le pari est perdu d'avance.» Jean-Luc Mélenchon renchérit : «Si vous ne voulez pas de la directive, il ne faut pas vouloir de la Constitution.»
C'est peu dire que l'initiative agace les partisans du oui au PS. Opposés comme toute la gauche européenne à la directive Bolkestein, ils ne veulent pas donner de grain à moudre à leurs adversaires en délaissant ce terrain. Dominique Strauss-Kahn publie aujourd'hui une tribune dans L'Humanité réclamant à Jacques Chirac le «retrait» de la directive. Et le bureau national du parti abordera la question mardi. Pour le porte-parole Julien Dray, il n'y a pas de lien entre la directive et le traité constitutionnel : «Chaque fois qu'une décision de la commission sera mauvaise, on va dire que c'est la faute à la Constitution ?», interroge-t-il.
Le Nouveau Parti socialiste d'Arnaud Montebourg et Vincent Peillon partage cet avis : la directive «n'est pas liée à la Constitution». «On ne rejoue pas le match», explique Vincent Peillon en souhaitant que «tous les socialistes européens soient contre cette directive». Respectueux du référendum interne, le NPS ne fera pas campagne. Mais si le non était majoritaire en France, Vincent Peillon ne se priverait pas de demander la démission de Jacques Chirac.
Entre les stratégies des uns et les rappels à l'ordre des autres, les électrons libres du camp du non s'interrogent. Jean-Pierre Balligand hésite à voter la révision constitutionnelle. Pour Manuel Valls, «le débat reste ouvert sur l'Europe que nous voulons». Le député maire d'Evry refuse d'avoir à se taire dès qu'il s'agira d'Europe et que tout débat soit «neutralisé» à l'avance à cause du référendum de décembre dernier. Après l'intervention «sèche» de François Hollande devant les députés socialistes mardi, Manuel Valls a décidé de se rendre le 29 janvier à la réunion organisée par Laurent Fabius. «Je ne vais pas payer deux fois : je suis sorti de la direction et je devrais me terrer ?»
Avec ça, pour moi il est clair que l'utilité du vote "non" est nulle voire négative avec un Fabius contre la Turquie et un Peillon prêt à exploiter une "victoire" du non pour ses intérêts en appellant à la démission de Chirac... En tout cas, on voit clairement que la bourgeoisie ne serait pas mise en difficulté avec cette "victoire" du non...