a écrit :Le fossé se creuse entre PS et PCF dans le Nord - Pas-de-Calais
LE MONDE | 23.12.04 | 13h29
Les communistes dénoncent un "recentrage à droite" de la politique des socialistes à la tête de la région
Lille de notre correspondant
Déjà patent après les élections régionales de mars, le déchirement entre socialistes et communistes du Nord - Pas-de-Calais s'accentue aujourd'hui. Comme l'UMP et le FN, le PCF vient de voter contre le budget 2005 du conseil régional du Nord - Pas-de-Calais, dirigé par les socialistes, associés aux Verts (Le Monde daté 19 et 20 décembre). Au terme d'un débat de trois jours, le texte a été adopté, vendredi 17 décembre, grâce à l'abstention des six élus de l'UDF.
"Depuis les élections de mars, c'est la seconde fois que le groupe communiste nous déçoit", commente le président (PS) du conseil régional, Daniel Percheron. Lors du renouvellement de l'exécutif, le PCF avait refusé d'y participer, laissant ce dernier au PS et aux Verts avec lesquels il avait pourtant fait liste commune au second tour de l'élection.
Dans une région traditionnellement ancrée à gauche, cette décision avait fait grand bruit. Le refus de voter le budget marque une étape supplémentaire.
Le président du groupe communiste, Eric Renaud, va jusqu'à parler de "recentrage historique". Quelques jours avant l'examen du budget primitif, sa formation avait proposé un budget alternatif. Ses propositions se sont traduites par 36 amendements reprenant, notamment, les propositions de la campagne électorale de mars. "Nous souhaitions essentiellement une remise à plat de la politique économique et de l'emploi de la région", souligne M. Renaud.
Le PCF dénonçait surtout une hausse fiscale de 19,5 % et une diminution des crédits de l'ordre de 40 millions d'euros. La culture et le sport devaient en être les principales victimes avec des diminutions de 7 et 2 millions d'euros.
Au final, l'assemblée a ramené la hausse d'impôt à 14,6 %. Les communistes ont obtenu un crédit compensatoire de 3,3 millions d'euros pour la culture et de 0,9 million pour le sport tout en faisant voter la suppression des aides aux centres de formation des clubs de football professionnels de Lille et de Lens.
"Mais pour le reste, dénonce M. Renaud, nos amendements ont été rejetés. Au contraire, le PS a préféré donner droit à ceux du groupe UDF." C'est là le principal point d'achoppement. Les six amendements déposés par les centristes portaient notamment sur une hausse des crédits pour la recherche et pour l'ingénierie de la politique de la ville.
"SÉANCE UBUESQUE"
Pour M. Renaud, cette "séance ubuesque" a révélé un "recentrage à droite de la région". Le vote du budget a, selon lui, consacré "un renversement d'alliances, toute honte bue". "Au moins, regrette-t-il, l'exécutif aurait-il pu rechercher l'abstention des communistes. Il a préféré se tourner vers le groupe UDF, quitte à lui accorder une diminution de la fiscalité des entreprises."
La colère du groupe communiste vise "l'axe Percheron-Lang", comme le qualifie M. Renaud qui parle d'une "minorité agissante du PS". Il veut ainsi se ménager la tendance plus modérée représentée, selon lui, par le premier vice-président, Bernard Roman. "Tandis qu'en fin de séance budgétaire, le président Percheron serrait ostensiblement la main des élus UDF, d'autres élus socialistes nous assuraient comprendre notre position", se rassure M. Renaud.
De son côté, M. Percheron banalise cet épisode et nie toute stratégie de rapprochement avec les centristes. Leader du groupe UDF, Valérie Létard admet s'y retrouver sur de nombreux points. Dans les rangs de l'UMP, on s'interroge sur la stratégie centriste : au secrétariat fédéral, on parle même de trahison de l'électorat commun.
Philippe Allienne
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 24.12.04
Les communistes dénoncent là "un recentrage à droite" du PS, mais il ne fait que reprendre sa politique habituelle qui va à l'encontre des intérêts des travailleurs...