Forum pour une autre gauche à Lyon
Essai réussi
Près de 200 militants et militantes représentant l'essentiel des composantes de la gauche anticapitaliste de l'agglomération lyonnaise se sont rassemblés pour débattre ce 14 février. C'est un important succès, révélateur d'une forte attente. Les échanges riches et prometteurs ont duré tard dans la soirée en cette veille de montée unitaire à Paris contre la guerre.
Un résultat encourageant, fruit d'un travail unitaire prolongé. Début octobre, la LCR 69, faisant connaître l'appel national de la LCR à des forums locaux, lançait une lettre d'invitation pour "explorer les conditions de tenue d'une telle initiative dans le Rhône, ce qui [supposait] qu'elle ne se réduise pas à une simple coorganisation LCR/A gauche autrement".
Agir, débattre, rassembler
Ont répondu positivement dès la première rencontre du 6 novembre : A gauche autrement (AGA), Alternative libertaire (AL), le PCF de Vénissieux, la Gauche communiste du PCF, le Mouvement communiste 69, le Réseau d'initiatives communistes de Vaulx-en-Velin (RIC) et Socialisme par en bas. Il s'en est suivi un travail unitaire important, durant trois mois, entre ces huit organisations représentatives de la gauche anticapitaliste de l'agglomération et des militants associatifs et syndicalistes.
Ces rencontres ont débouché sur un "Appel pour débattre, agir, rassembler", signé par une centaine de militants syndicalistes et associatifs, invitant au "Forum pour un autre monde, une autre gauche anticapitaliste et de transformation sociale". Le forum, prévu initialement le samedi 1er février, sur une journée, avec un travail en ateliers, a dû faire... retraite sur une soirée, le 14 février, dans la perspective de rebondir sur la journée prévue, reportée au samedi 24 mai (les camarades du PCF de Vénissieux demandant qu'il se tienne après leur congrès national du mois d'avril).
Un quatre pages était diffusé à 3 000 exemplaires et l'initiative présentée dans une déclaration commune lors d'une conférence de presse. On y lit : "Notre ambition : dans un premier temps, expérimenter sur l'agglomération lyonnaise, un espace de débat de la gauche anticapitaliste, de ses différentes composantes politiques et sociales dans l'objectif d'ouvrir une nouvelle perspective pour changer la donne à gauche. Ni plus ni moins."
La salle était composée d'environ un tiers de militants et sympathisants de la mouvance PCF-Vénissieux (dont le député maire de Vénissieux, André Gérin, non signataire de l'Appel), un tiers de militants d'extrême gauche et de la gauche radicale et un tiers d'inorganisés, à titre individuel.
Engagement au pluriel
Armand Creus, au nom des coorganisateurs, présentait les objectifs de la soirée et son déroulement. Comme cela était souhaité, les interventions des "ténors" furent volontairement limitées par la diffusion d'un "Cahier du Forum" rassemblant les contributions des organisations. Les militants de la "gauche sociale", présents à titre individuel, ont pu s'exprimer à travers une trentaine d'intervention de quatre minutes dans deux débats :
- "Face à la mondialisation libérale, aux stratégies de la droite et du Medef et aux impasses de la gauche plurielle, comment défendre la société ?", introduit par Marylène Cahouet d'AGA, avec Régis d'AL comme animateur ;
- "Quel projet et quelles forces politiques pour la transformation sociale ? Comment débattre et agir ensemble durablement ? Quelles convergences ?", introduit par Marie-Christine Burricand de la section PCF de Vénissieux et animé par Marius de RIC Vaulx-en-Velin.
Un dialogue prometteur a commencé à se nouer durant cette soirée entre :
- des militants investis dans le syndicalisme de lutte (CGT, SUD, FSU), dans les mouvements sociaux (Attac, AC!, Ras l'Front 69, MFPF, Collectif contre les lois Sarkozy...) ;
- des militants investis dans des luttes de quartiers ou locales. Les limites des résistances éclatées "de terrain" et la nécessité d'un force politique pour unifier ces combats et leur ouvrir une perspective de gauche, quelle que soit la façon de l'exprimer, apparaissaient au coeur de leurs préoccupations.
- des jeunes, trop peu présents encore, hésitants à l'engagement directement politique à "gauche", en recherche de nouvelles expériences fondatrices donnant du sens à leur engagement. Ce n'est pas un hasard si ce sont eux qui ont parlé des enjeux du contre G8 d'Evian les 1er, 2 et 3 juin et des préparatifs en cours.
- l'essentiel des sensibilités politiques de la "gauche de gauche" de l'agglomération lyonnaise : la mouvance PCF critique autour de la section de Vénissieux ouvertement oppositionnelle à la direction du PCF et fondant ses espoirs dans la refondation du PCF ou sa reconstruction. La mouvance d'extrême gauche et de gauche radicale autour de la LCR, d'AL et d'AGA, pronostiquant que le centre de gravité de la nouvelle force ne peut pas être le PCF en tant que tel.
A suivre... !
Il est intéressant que l'absence de la dimension de l'écologie politique anticapitaliste et de la jeunesse issue de l'immigration ait été soulignée, ainsi que l'exigence de la dimension féministe. C'est dans cette direction qu'il faut essayer d'élargir l'audience du forum. La refondation d'une démocratie radicale a aussi été une préoccupation majeure.
La soirée du 14 février, un point de départ prometteur vers le forum du samedi 24 mai ? Il n'y a pas de raison d'en douter. Les huit organisations coorganisatrices du forum sont partantes et une prochaine réunion est arrêtée pour tirer les premiers enseignements de la soirée du 14 février et préparer la suite. Une vingtaine de personnes présentes à titre individuel ont laissé leurs coordonnées pour travailler à la préparation de ce prochain événement. Et il faut espérer que les Alternatifs lyonnais rejoindront le processus dans sa deuxième phase, après avoir refusé de s'associer à la première. A suivre donc.
Armand Creus
Rouge 2005 20/02/2002