(Puig Antich @ jeudi 28 décembre 2006 à 16:39 a écrit : (...) j'ai revu vos clips de 2002 où vous aviez axé votre campagne sur l'interdiction des licenciements. Est-ce que cela reste un thème de la campagne de Shivardi ? Intervient il avec son comité de maires en direction des boîtes en lutte contre les licenciements ?
Le samedi 18 novembre à 14H30, la manifestation appelée par le Convention nationale pour la reconquête de la démocratie a rassemblé près de 10 000 personnes.
La manifestation a commencé par un meeting où ont pris la parole :
Gérard Baudoin, métallurgiste et conseiller municipal de Bosny sur Meuse (Ardennes) ; Aimé Savy, maire-adjoint (MRC) d’Ivry (Val de Marne) ; Clarisse Delalondre, syndicaliste à l’EDF ; Néjia, étudiante ; Guido Montanari, syndicaliste italien, militant pour l’union libre des peuples d’Europe ; Daniel Gluckstein, secrétaire national du Parti des travailleurs ; Gérard Schivardi, maire de Mailhac et conseiller général socialiste du canton de Ginestas (Aude).
La manifestation s’est rendue ensuite à la place de la République en scandant les mots d’ordre en relation avec l’appel lancé par la convention nationale
— pour la défense des 36 000 communes et des services publics ;
— pour la République une, indivisible et laïque ;
— pour la restauration de l’école publique et l’abrogation des lois antilaïques ;
— pour la défense de toutes les conquêtes sociales, du droit au travail, de la Sécurité sociale ;
— pour l’Assemblée constituante souveraine ;
— pour la reconquête de la souveraineté nationale et du droit imprescriptible de la nation à nationaliser ou à renationaliser les services clés de l’économie ;
— pour la rupture avec l’Union européenne ;
— pour l’union libre et fraternelle des peuples libres d’Europe.
Je vous remercie.
Voici les interventions prononcées par les orateurs dans l’ordre où elles ont été prononcées :
Gérard Beaudoin Conseiller municipal de Bony-Sur-Meuse (Ardennes)
Je viens des Ardennes. Vous avez dû prendre connaissance dans la presse de la situation dramatique de l’industrie dans ce département.
Dernièrement, Thomé-Génot, la septième forge de France, premier fournisseur européen d’alternateurs pour l’industrie automobile racheté récemment par un fonds de pension américain, baptisé pudiquement « fonds d’investissement », vient d’être liquidée. Liquidée comme un « canard boiteux », pour ceux qui se souviennent du plan Barre, qui avait déjà fait beaucoup de mal dans ce département, du plan Davignon (commissaire européen), qui a liquidé la sidérurgie.
Eh bien, cette situation est intolérable.
Je suis mandaté par 36 salariés de l’entreprise liquidée, des élus, des syndicalistes du département. Un département industriel qui souffre.
C’est la fermeture de Cellatex, la liquidation d’Affixa, la liquidation de Thomé-Génot… Qu’est-ce qu’on leur dit, aux travailleurs ? Pour certains, on leur propose de les reclasser en Ukraine et en Lituanie pour 150 euros par mois. C’est cela, l’Europe.
Cette Europe-là, ces solutions sont inadmissibles. Et nous ne les acceptons pas.
Car nous connaissons l’origine de cette situation : elle ne dure pas depuis six mois, elle dure depuis des années.
Elle s’est accélérée depuis le traité de Maastricht. Les communes en souffrent, les travailleurs en souffrent. Dans ce département, on prévoit aujourd’hui une baisse démographique de 30 000 à 40 000 personnes dans les années qui viennent. Sa population est descendue au niveau de 1911. C’est un recul économique et social, c’est un recul de civilisation.
Nous avons récemment dû nous battre durant des mois pour sauver huit collèges qu’on voulait fermer. Que restera-t-il de ce département si cela continue ?
Y a-t-il des solutions ? Oui, les travailleurs ont des organisations, il faut qu’ils s’en saisissent, qu’ils agissent.
Et en ce qui nous concerne, particulièrement, nous avons dit : si pour sauver les emplois, il faut nationaliser, alors faites-le. Nous voulons vivre. On nous a répondu : Bruxelles ne l’autorisera pas. Alors, nous disons : eh bien, rompez avec l’Union européenne, avec ce traité de Maastricht, avec ses directives.
Et je dis : ce mouvement que nous avons initié, il y a dans quelques mois des échéances, il faut nous en saisir, il faut un candidat qui porte notre révolte, qui porte la rupture avec l’Union européenne, parce que aucun candidat ne porte aujourd’hui cette rupture.
Oui, organisons-nous, poursuivons le combat ici et maintenant. Il faut un candidat, il faut la rupture avec l’Union européenne.
Aimé Savy maire adjoint MRC d’Ivry-sur-Seine
Citoyens, citoyennes, chers camarades, il y a un peu moins de deux ans, le 22 janvier 2005, nous arrivions en manifestation sur cette même place de la Nation par milliers et milliers pour la victoire du vote non à la Constitution européenne...
Souvenez-vous. On nous disait que tout était joué, que le oui allait l’emporter...
Souvenez-vous, les médias, qui annonçaient tous les jours de nouveaux sondages favorables à l’Union européenne, n’avaient pas vu notre manifestation de plus de 10 000 travailleurs et jeunes organisés par les comités pour la victoire du vote non dans tout le pays.
Mais le 29 mai 2005, le peuple a parlé… Vous, les ouvriers, les employés, les paysans, les intellectuels, vous, les jeunes, avec la grande majorité des citoyens de ce pays, vous avez dit : non, cela suffit !
Et le vote non l’a emporté…
Et qu’à fait le gouvernement de ce vote ? Méprisant la volonté de la majorité des citoyens de ce pays, il n’en n’a tenu aucun compte et a poursuivi et accéléré les privatisations, et aidé l’Union européenne a organiser les délocalisations.
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Mardi dernier, les postiers étaient en grève pour défendre leur statut face à la directive postale qui organise la privatisation de La Poste, ferme les centres de tri, détruit les statuts publics du personnel et menace les retraites.
Comme l’a dit Jean-Pierre Chèvenement, « un tel projet menace la péréquation tarifaire, l'égalité de traitement et de prix applicables au courrier sur l'ensemble du territoire national. Il serait lourd de conséquences pour l'emploi. En Grande-Bretagne et en Allemagne, où cette libéralisation totale est déjà en place, des dizaines de milliers d'emplois ont été supprimés, les prix pour l'usager ont considérablement augmenté et la qualité de service s'est dégradée. Or, parallèlement, la Commission européenne conteste le statut public de La Poste française. »
Et il en est de La Poste comme de tous les services publics, puisque le traité de Maastricht interdit le monopole des Etats sur les services publics, puisque ce monopole « fausse la libre concurrence ».
Je suis maire adjoint dans une ville ouvrière.
Le centre de Sécurité sociale a fermé, les bureaux de poste sont vidés de leur fonction traditionnelle de tri, les lits de long séjour ont été supprimés en gériatrie, et aujourd'hui notre maternité Jean-Rostand est menacée.
Pourquoi faudrait-il l’accepter ? Notre maternité pratique 2 200 à 2 400 accouchements par an. Trop petite, disent-ils, ils veulent la fermer. Elle est la dernière maternité publique du Val-de-Marne. Mais à Neuilly, chez M. Sarkozy, il y a trois maternités privées. Et dans le Val-de-Marne, il n’y a plus qu’une maternité publique pour 420 000 habitants ! Et ils veulent fermer la seule maternité de l’Assistance publique ! Ou est l'égalité républicaine ?
Et cela ne leur suffit pas : le 23 mars dernier, au sommet européen, ils ont exigé que « les régimes d’invalidité ainsi que les systèmes de soins de santé et de soins de longue durée soient revus pour inclure des mesures incitant à une utilisation plus efficace des maigres ressources ».
Et la Commission de Bruxelles demande la fermeture de plus d’hôpitaux, de plus de maternités encore. Est-ce supportable ?
Citoyens, citoyennes, chers camarades,
depuis notre première convention, à Ivry, en date ?, qui avait constitué le comité national pour la victoire du vote non, nous n’avons cessé de rassembler tout ceux qui voulaient s’engager dans le combat concret pour la rupture avec l’Union européenne.
Au coude à coude, militants socialistes, communistes, du MRC et du Parti des travailleurs, avec les syndicalistes, les élus de toutes sensibilités de gauche, nous avons défendu ensemble nos hôpitaux, nos bureaux de postes, nos centres de Sécurité sociale, nos services de l’Equipement face au rouleau compresseur de l’Union européenne.
Ensemble, nous avons préparé la convention qui a appelé à cette manifestation…
Et nous continuerons à combattre ensemble :
— pour la défense des 36 000 communes et des services publics ;
— pour la République une, indivisible et laïque ;
— pour la restauration de l’école publique et l’abrogation des lois antilaïques ;
— pour la défense de toutes les conquêtes sociales, du droit au travail, de la Sécurité sociale ;
— pour l’Assemblée constituante souveraine ;
— pour la reconquête de la souveraineté nationale et du droit imprescriptible de la nation à nationaliser ou à renationaliser les services clés de l’économie ;
— pour la rupture avec l’Union européenne ;
— pour l’union libre et fraternelle des peuples libres d’Europe.
Je vous remercie.
Clarisse Delalondre syndicaliste EDF-GDF
Je parle aujourd’hui au nom de la campagne lancée par des maires, des conseillers municipaux, des conseillers généraux, qui ont la particularité d’être également des agents EDF-GDF, et qui disent : renationalisation d’EDF-GDF et retour aux monopoles publics.
Une des particularités de notre pays, c’est bien que des syndicalistes qui défendent les services publics se retrouvent, avec et aussi comme élus, pour défendre les acquis de la République, les acquis de la démocratie et les intérêts des travailleurs et de toute la population. C’est le cas à EDF-GDF comme c’est le cas pour la poste, pour l’école…
Dans le respect de la diversité de leurs opinions, nos collègues élus ont dit : la seule solution réaliste est la renationalisation d’EDF-GDF, le retour aux monopoles publics et la rupture avec l’Union européenne.
Il faut dire les choses telles qu’elles sont : la privatisation a débuté en février 2000, avec la transposition de la directive européenne 92/96CE, qui a cassé les monopoles publics de l’électricité et qui a filialisé le réseau d’électricité. Puis, c’est au sommet européen de Barcelone, en mars 2002, où la France était représentée par Chirac et Jospin, que l’ouverture totale à la concurrence du secteur de l’électricité et du gaz a été décidée.
Jusqu’à ce jour et depuis la guerre, toutes les communes de France avaient comme fournisseur EDF-GDF. Aujourd’hui, elles devraient choisir entre telle ou telle multinationale !
Jusqu’à ce jour, les tarifs étaient les mêmes pour tous les usagers, quel que soit l’endroit où ils vivent : c’est ce que nous appelons la péréquation tarifaire. Et c’est ce qui est menacé par la privatisation.
Tout a été fait pour supprimer les agences : d’ores et déjà, dans des départements entiers, les usagers ne peuvent plus être accueillis physiquement dans une agence.
Tout cela a fait que les chômeurs, ceux qui sont privés de ressources sont coupés, et cela malgré les arrêtés des maires : avant, « avec EDF nationalisée, cela passait ! », nous disent de nombreux maires.
La privatisation, tout le monde a vu ce que c’était avec la coupure du 4 novembre dernier : 5 millions d’usagers ont été coupés.
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Et demain, ce sera quoi ? Une nouvelle catastrophe ? Une nouvelle explosion de gaz, comme à Dijon ? Personne ne pourra plus dire que la concurrence libre et non faussée exigée par l’Union européenne n’y est pour rien. Tout le monde sait que c’est la privatisation qui est responsable, en France comme en Californie…
Depuis des années, par la grève, les manifestations, par de nombreuses pétitions, les agents EDF-GDF, par dizaines de milliers, ont combattu contre la privatisation, pour la défense du statut national du personnel, pour la défense de l’entreprise publique nationalisée.
C’est pourquoi, des syndicalistes et des agents ont repris l’appel de nos collègues maires : dès à présent et en quinze jours, dans vingt et un départements, 438 agents et syndicalistes ont signé pour la renationalisation d’EDF-GDF, et pour la rupture avec l’Union européenne.
Comme les enseignants, qui, en défendant leur statut et le décret de 1950, défendent l’enseignement public. Agents EDF, nous sommes attachés à la loi de nationalisation de 1946 et nous sommes aussi attachés à notre statut national du personnel, car les deux sont indissociables. C’est le même combat.
Le statut national du personnel est inscrit dans l’article 1er de la loi de nationalisation, et, en retour, le statut fait référence à la loi de nationalisation. C’est le verrou à faire sauter pour ceux qui veulent aller jusqu’au bout et tout privatiser.
Certes, ils ont porté des coups importants à notre statut du personnel, mais nous sommes toujours là, le statut est toujours là, et nous sommes toujours là pour reconquérir le statut et le service public nationalisé.
A la fin de la guerre, au sortir de la barbarie, les travailleurs ont imposé la nationalisation de l’énergie. Et aujourd’hui, peut-on combattre la privatisation sans combattre pour la rupture avec l’Union européenne ?
Qui peut croire que la solution pourrait résider dans une Agence européenne de l’énergie, institution de l’Union européenne dont le seul rôle ne pourrait être que de livrer les services publics aux multinationales ?
C’est pourquoi, en ce 18 novembre, nous lançons l’appel à la mobilisation pour faire valoir partout l’exigence de la renationalisation, le retour aux monopoles et la rupture avec l’Union européenne.
Partout, cette exigence doit s’exprimer, et en particulier dans les élections qui vont avoir lieu en 2007.
Oui, il faut qu’un candidat à la présidentielle reprenne cet appel.
Oui, il faut des candidats aux législatives pour dire : renationalisation d’EDF-GDF, rupture avec l’Union européenne !
N’est-ce pas le mot d’ordre commun de tout le mouvement ouvrier ?
Ce mot d’ordre doit être repris partout, c’est l’intérêt de tous, c’est le mandat du 29 mai 2005.
Et c’est pourquoi, aujourd’hui, nous posons la question à tous nos collègues agents EDF-GDF : n’est-il pas nécessaire d’organiser, sous les formes que détermineront eux-mêmes les signataires de l’appel, une conférence pour la renationalisation ? Pour organiser le combat, pour grouper tous ceux qui luttent pour la renationalisation, pour que ce mot d’ordre soit repris partout, dans les centres EDF-GDF, dans les conseils municipaux, partout et par tous, par tous ceux qui résistent pour préserver et reconquérir les acquis de la démocratie et du mouvement ouvrier.
Ce mot d’ordre, le peuple bolivien a réussi à l’imposer. La renationalisation des hydrocarbures, de l’électricité, est au cœur des combats au Mexique, au Venezuela.
Ce n’est pas une utopie, c’est l’exigence de la démocratie pour l’égalité en droit d’accès à l’énergie qui appartient à la nation tout entière. Comme en Bolivie, dans l’unité, nous reconquerrons ce droit élémentaire. Nous sommes des millions à vouloir rompre avec l’Union européenne : le 29 mai 2005 en a fait la preuve. Tel est notre mandat.
Guido Montanari universitaire à Turin, syndicaliste
Bonjour chers amis, chers camarades. Je suis professeur à l’université polytechnique de Turin, syndicaliste. J’ai rencontré beaucoup d’entre vous à la conférence de Berlin de février 2006. Je vous apporte le salut de notre comité qui a organisé un rassemblement contre la loi de finances qui attaque la santé, l’école, les retraites et augmente les dépenses militaires (de 13 % par rapport à la loi Berlusconi).
Je viens de Rome, où j’ai participé à une manifestation de milliers de professeurs organisée par tous les syndicats et associations, contre le projet de loi de finances à l’Université, qui coupe les budgets publics, ouvre la voie à la privatisation, continue le processus de privatisation de l’Université et de la recherche, la précarisation des jeunes chercheurs et des professeurs, propose la baisse des salaires des professeurs en attaquant l’augmentation des salaires à l’ancienneté, les diplômes nationaux, et programme l’abaissement généralisé de la culture.
C’est une politique que nous avons déjà connue avec le précédent gouvernement de Berlusconi et le précédent gouvernement de centre-gauche Prodi-D’Alema, et qui a amené à l’introduction de 3 + 2, qui est l’équivalent en Italie de votre LMD et qui a amené dans mon université la réduction du budget de 50 % et a contraint à des accord avec General Motors, Microsoft, Fiat, Motorola pour avoir des financements pour les bâtiments et pour le fonctionnement.
Mais comment est-il possible que la même politique soit mise en place par le centre-gauche aujourd’hui et par le centre-droit il y a une dizaine d’années ? Comment est-il possible qu’avec cette politique , les fils des familles ouvrières ont de plus en plus de difficultés au lycée et l’Université ? Comment est-il possible que l’on ait mis entre les mains des entreprises privées des pans entiers de la formation qui étaient publics, avec des diplômes reconnus dans les conventions collectives ? Il faut dire que ce processus a ses racines dans la conférence de Bologne de 1995, mise en place par la commission enseignement de l’Union européenne, qui parle de la construction d’une « Europe de la connaissance », mais qui est en fait l’Europe de la destruction de la connaissance et le contrôle du privé sur la recherche et l’enseignement.
Face à cette politique, les gens s’organisent : il y a eu manifestation des retraités, des jeunes contre la précarité. Il y a une menace de grève de la fonction publique, même s’il y a des difficultés à s’organiser contre un gouvernement qui s’est présenté comme un gouvernement de centre-gauche contre la politique de Berlusconi.
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Hier, dans la manifestation, Epifani, secrétaire général de la CGI, a été contraint de dire que c’était la première manifestation générale unie contre le gouvernement. C’est un signal important pour l’Italie, où l’on cherche à se dégager des chaînes de l’Union européenne et de Maastricht. Je sais que c’est un processus difficile, c’est un débat que nous avons commencé en Italie et que l’on continue avec la préparation du mémorandum contre les conséquences de la politique de l’Union européenne et l’organisation d’une délégation commune à Bruxelles. Je pense que la manifestation d’aujourd’hui montre que c’est possible, que la voie vers l’union libre des peuples et des nations d’Europe est devant nous.
Nejia, étudiante à Montpellier
Bonjour. Je suis étudiante en droit à l’université de Montpellier. Parler des problèmes de la jeunesse pourrait faire l’objet de plusieurs interventions, tant, de toute part, les coups pleuvent contre nos droits.
Aujourd’hui, tous les gouvernements, quels qu’ils soient, voudraient faire passer les conquêtes de nos aînés pour des privilèges appartenant au passé.
A l’époque du référendum sur le traité de Maastricht, on nous a trompés. On a promis aux jeunes, si spontanément internationalistes, une Europe de paix, de progrès sociaux. Et, bien sûr, tous ceux qui s’y opposaient étaient assimilés à des réactionnaires.
Le 29 mai 2005, la jeunesse a prouvé qu’elle n’était pas dupe. Elle a exprimé la volonté d’en finir avec cette immense accumulation de mensonges. Ce 29 mai s’est exprimée la révolte des lycéens qui n’ont pas accepté qu’on leur envoie les CRS pour faire taire une aspiration naturelle et légitime : obtenir un bac, premier grade universitaire, le même pour tous sur l’ensemble du territoire. Mais voilà, cette aspiration s’est heurtée aux plans de l’Union européenne, qui voudrait nous imposer la mise en place de qualifications régionales dans le cadre d’un enseignement « informel » ou « non formel », synonyme d’une destruction pure et simple de l’enseignement.
Totalement sourd aux attentes des lycéens, le gouvernement poursuit son œuvre de liquidation du baccalauréat et entend désormais interdire le libre accès à l’Université par le biais de la mesure Goulard, dite de « préinscription » pour les élèves de terminale.
Le 29 mai s’est exprimée la révolte des étudiants confrontés à la destruction des diplômes nationaux par le plan LMD, découlant directement de l’Union européenne. N’importe quel gouvernement soucieux du respect de la démocratie aurait, après le 29 mai, abrogé LMD. Or c’est tout l’inverse qui est en train de se produire, car, vous le savez, le rapport commandé par le gouvernement au recteur Hetzel vient de paraître il y a quelques semaines : celui-ci propose d’aller jusqu’au bout du plan LMD, en remplaçant les cours, les enseignements fondamentaux par des stages en entreprise.
Et cela se fait bien sûr au nom de la « découverte du monde l’entreprise ». Mais on le sait, le monde de l’entreprise, c’est le droit à un salaire, le droit de se syndiquer, le droit à bénéficier d’une convention collective. Les stages, ce n’est pas le monde de l’entreprise, c’est le monde de l’exploitation. Et le rapport Hetzel voudrait remplacer nos cours, nos savoirs, nos connaissances, nos diplômes par le monde de l’exploitation.
Le 29 mai, enfin, s’est exprimée la révolte contre les 26 contrats précaires qu’il font subir à la jeunesse en nous privant du droit à un vrai travail : CDI dans le privé, emploi statutaire dans la fonction publique.
Le rejet de cette précarité s’est incarné au printemps dernier dans une mobilisation exemplaire sur le plan de l’unité et de la clairvoyance : il s’agit, bien sûr, de la lutte contre le CPE, mesure qui, elle aussi, découlait, comme le CNE toujours en vigueur, des lignes directrices de l’Union européenne.
Lors des manifestations, de nombreux étudiants ont brandi ceci : le Code du travail. Etudiante en droit, je connais ce code et ce qu’il renferme, comme tous les syndiqués et travailleurs présents aujourd’hui. Ce code, c’est le résultat de 200 ans de luttes de classe contre l’exploitation. Cet outil, auquel nous sommes tous attachés, que nous défendons tous quotidiennement, c’est justement l’Union européenne qui cherche à le faire disparaître. Pourquoi ? Pour le remplacer par une charte dite « des droits fondamentaux », qui tient en quelques lignes, véritable machine à détruire nos droits.
Pour l’Union européenne, les droits de la jeunesse peuvent se résumer en une formule : ils sont un obstacle à la mise en œuvre d’une concurrence libre et non faussée. Eh bien, pour nous, lycéens, étudiants, jeunes travailleurs, les droits de la jeunesse sont les fondements de notre avenir. Nous ne sommes pas prêts à les sacrifier.
On nous faisait miroiter une Europe de paix et de progrès, mais la réalité, nous la connaissons tous : c’est celle des institutions réactionnaires, de la barbarie, de la précarité et de l’exploitation.
L’Union européenne, c’est le jeune ouvrier intérimaire à qui l’on annonce subitement qu’après onze mois de travail au sein de la boîte, sa mission est terminée, et que ce n’est pas la peine qu’il revienne le lendemain.
L’Union européenne, c’est l’étudiant qui livre des pizzas pour financer ses études et qui ne trouve pas de logement à moins de 400 euros par mois, ce qui représente toute sa paie.
L’Union européenne, c’est l’étudiante qui, pour s’en sortir, est obligée d’accepter un emploi dans ce qu’on appelle pudiquement « des bars à hôtesses ».
L’Union européenne, ce sont tous ces diplômés qui bossent 20 heures par semaine chez MacDo, en se demandant s’ils trouveront mieux un jour.
L’Union européenne, ce sont tous ces milliers d’étudiants qui préparent un concours de l’Education nationale et apprennent que, cette année encore, on ferme des postes par centaines.
L’Union européenne, c’est ce jeune qui reçoit tous les jours des SMS de l’ANPE pour lui signifier que, une fois encore, sa candidature n’a pas été retenue.
Le 29 mai, la jeunesse dans son ensemble a dit non ! Non au sort qui lui est fait, non à toutes ces politiques insupportables. Mais tous ceux qui prétendent nos représenter veulent continuer à tout prix, veulent étouffer notre voix.
Dès demain, avec les travailleurs, dans l’unité, nous irons informer l’ensemble de la population, les jeunes, pour regrouper encore plus largement, pour organiser cette révolte légitime, afin d’ouvrir une issue pour les jeunes, pour toute la population. Et cette issue passe par la rupture avec l’Union européenne.
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Daniel Gluckstein, secrétaire national du Parti des travailleurs
Selon un article paru dans la presse britannique, une pétition lancée par les postiers et les syndicats de postiers de Grande-Bretagne a recueilli le chiffre record, jamais connu dans l’histoire de ce pays, de 4 millions de signatures.
Cette pétition lancée par les syndicats britanniques de postiers vise à protester contre les plans de suppression des bureaux de poste.
Il y avait, il y a quelques années en Grande-Bretagne, 18 000 bureaux de poste : on est passé à 14 000. Le ministre actuel a déclaré qu’il faudrait passer de 14 000 bureaux de poste à 4 000. Mais, a-t-il ajouté, comme il n’est pas possible de le faire d’un coup, nous proposons dans un premier temps de ne supprimer que 5 000 des 14 000 bureaux de poste.
Les postiers britanniques et leurs syndicats ont dit : nous n’acceptons pas. Le gouvernement a répondu avec l’argumentation suivante : comprenez-nous, nous sommes obligés de subventionner pour 150 millions de livres par an, c'est-à-dire 220 millions d’euros, la poste britannique.
Or le traité de Maastricht interdit au gouvernement britannique de subventionner le service public de la poste. Mais remarquez bien que le traité de Maastricht n’interdit pas au gouvernement britannique de subventionner à coup de milliards la guerre contre le peuple irakien écrasé sous les bombes.
Alors, si l’on voulait résumer ce qu’est Maastricht, Maastricht, c’est ça. Maastricht, c’est qu’il faut fermer les bureaux de poste, mais qu’on peut assassiner le peuple irakien.
Eh bien, nous disons, nous ici qui sommes rassemblés, avant de parler des problèmes de la France, nous voulons saluer nos camarades postiers britanniques. Vous avez raison, avec vos syndicats, de dire : maintien des bureaux de poste. Vous avez raison, avec vos syndicats, de dire : défense de votre statut. Vous avez raison, avec vos syndicats, de dire : défense des services publics.
En un mot, vous avez raison de ne pas accepter les diktats du traité de Maastricht, comme tous les peuples d’Europe ont raison de refuser les diktats du traité de Maastricht.
Nous qui sommes rassemblés ici, nous apportons notre salut fraternel au postiers et aux travailleurs britanniques, aux travailleurs d’Espagne et d’Allemagne en lutte contre la privatisation ; aux camarades d’Italie, dont un responsable a parlé tout à l’heure. Elle est là, l’Europe fraternelle, elle est là, la libre union des peuples et des nations libres d’Europe.
Mais la base de cette union, la base de fraternité, ce qui nous est commun, c’est que, d’un bout à l’autre de l’Europe, nous subissons le talon de fer des directives, nous subissons le talon de fer de Maastricht et de la Commission de Bruxelles, qui décide tout.
Nous qui sommes rassemblés ici, nous tendons une main fraternelle à tous les travailleurs et à tous les peuples d’Europe, parce que nous savons que, comme nous, ils veulent vivre dans la paix, comme nous, ils veulent vivre dans la justice sociale ; comme nous, ils veulent vivre dans la démocratie, dans la souveraineté. Et la condition pour cela, c’est la rupture avec l’Union européenne, parce que l’Union européenne, c’est la prison, c’est la décomposition de tous les peuples d’Europe.
Nous qui sommes ici, nous sommes ici pour dire que le peuple de ce pays est fondé légitimement à vouloir récupérer ses droits. Et récupérer ses droits, cela passe par la rupture avec l’Union européenne. Il ne s’agit pas de grands discours, il ne s’agit pas de grands principes généraux, mais des chiffres, des faits.
Périodiquement, on nous annonce le naufrage de la Sécurité sociale. Mais 170 milliards d’euros, entre 1992, date de la signature du traité de Maastricht, et aujourd’hui, ont été volés au budget de la Sécurité sociale pour être donnés aux patrons au titre des exonérations. Et cela en application du traité de Maastricht.
Alors, nous qui sommes ici, nous disons : ces 170 milliards d’euros appartiennent à la classe ouvrière de ce pays, qu’on les lui rende. Qu’on nous rende les 170 milliards d’euros. Et dès lors qu’on nous rendra ces 170 milliards d’euros, qu’on rétablisse le remboursement de tous les médicaments dont le déremboursement a été décidé ces dernières années. Que l’on rouvre l’ensemble des centres de Sécurité sociale, qu’on nous rende l’argent de la classe ouvrière qui a été volé au titre de Maastricht.
Depuis 1992, il a été fermé dans ce pays, en application du pacte de stabilité et du traité de Maastricht, 180 000 lits d’hôpitaux sur 540 000. Il a été procédé à la fermeture de 680 maternités sur 1 300 ; il a été fermé 10 447 écoles primaires et maternelles sur 61 602.
Qu’on nous rende nos écoles, qu’on nous rende nos hôpitaux, qu’on nous rende nos maternités, et reprenez Maastricht !
Depuis 1992, on a privatisé dans ce pays des pans entiers de la SNCF, d’EDF, de la poste, Aéroports de Paris. On a procédé au démantèlement d’industries entières, et, pour la période la plus récente, regardez le désastre qui est en train de se passer avec EADS.
On liquide les administrations centrales de la République. Le ministère de l’Education nationale lui-même vient de voir ses services centraux purement et simplement liquidés. On transfère aux régions, on transfère aux départements, on transfère aux communes. Et en réalité, comme les régions, les départements et les communes n’en n’ont pas les moyens, ces transferts aboutissent à la destruction des services publics et à la privatisation.
Alors, nous disons : qu’on abroge Maastricht et qu’on nous rende nos services publics, qu’on rétablisse les TOS dans la fonction publique d’Etat, qu’on rouvre l’ensemble des services publics et d’administration de la République, car c’est une conquête de la démocratie.
Et les licenciements et les vagues de délocalisations, et les fermetures d’entreprises ? Il ne se passe pas un jour sans qu’une délégation d’ouvriers aille voir un préfet, un sous-préfet, et c’est chaque fois la même réponse : nous sommes désolés, mais nous ne pouvons rien faire ; nous sommes désolés, mais nous n’avons pas droit, comme gouvernement, d’intervenir dans les affaires de l’économie ; nous sommes désolés, mais nous ne pouvons pas interdire aux patrons de licencier.
On ne peut pas interdire aux patrons de licencier parce que Maastricht interdit qu’un gouvernement intervienne dans les affaires économiques, c’est écrit en toutes lettres. Eh bien, qu’on abroge Maastricht et que soit mis en place un gouvernement qui ait le courage de dire : on bloque les licenciements, on nationalise, on renationalise l’ensemble des industries pour garantir l’emploi.
Et la jeunesse, les CDD, la précarité, les stages bidons, le démantèlement de l’Université ? Tout cela, c’est les plans de Maastricht, et ensuite, on s’étonne de ce qu’on appelle le « malaise des banlieues », et on s’étonne des difficultés des jeunes à s’insérer. Mais pour pouvoir s’insérer, encore faut-il avoir quelque part où s’insérer. Eh bien, qu’on abroge Maastricht, qu’on interdise le travail précaire, qu’on transforme les CDD en CDI, qu’on transforme l’ensemble des stages bidons en véritables emplois qualifiés, et on verra si la jeunesse, comme elle l’a montré au printemps dernier, est prête à conquérir son avenir, à condition que Maastricht cesse de lui barrer la voie.
Faut-il ou non poser ce problème ? Il y a des élections dans quelques mois. Il y a, vous le savez comme moi, de très nombreux candidats et de très nombreux candidats à la candidature. Mais avez-vous entendu jusqu’à présent un seul — je dis bien un seul — candidat qui se présente sur le mot d’ordre : rupture avec l’Union européenne ? Aucun.
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Ils sont nombreux, tous ceux qui disent, avec des variantes diverses : il faut construire l’Europe, il faut la rendre plus sociale, plus écologique, plus à gauche, plus ceci, moins cela…
Je ne veux pas préjuger de la décision qui sera prise par les maires qui vont se réunir . Mais laissez-moi vous dire ma conviction : il y aura dans ces élections un candidat pour dire que le peuple n’en peut plus, il y aura dans ces élections un maire pour dire : la politique de destruction de l’Union européenne doit s’arrêter.
Et cette candidature sera un point d’appui. Elle sera un appel au combat, à la résistance, à la mobilisation. Elle sera un point d’appui pour tous ceux, et ils sont de plus en plus nombreux dans ce pays, qui disent : il faut en finir avec l’oppression, il faut en finir avec l’exploitation, il faut en finir avec le régime de misère et déchéance : à bas l’Union européenne !
Gérard Schivardi maire de Mailhac
Chers amis, chers camarades,
Aimé Savy l’a dit avant moi : qu’ont-ils fait du vote majoritaire du peuple, qui a dit non le 29 mai à l’Europe de Maastricht ? Eh bien, rien ! On dirait qu’ils sont frappés d’amnésie.
Que font-ils du suffrage universel ? Ne tenant aucun compte du vote du peuple, l’Union européenne et le gouvernement qui l’a relayé ont accéléré les délocalisations, les privatisations, les fusions-restructurations, jetant des milliers de travailleurs avec leurs familles dans la misère…
Je pense en ce moment aux milliers de travailleurs, qui, à Nantes et à Toulouse, sont victimes des suppressions d’emplois décidées par le nouveau patron d’Airbus.
Je pense aux travailleurs des Ardennes, qui occupent leurs usines et qui résistent avec leurs organisations syndicales, avec leurs élus aux fermetures et délocalisations de leur entreprise...
Je pense aux travailleurs du Gard, qui se battent contre la fermeture de la dernière usine textile.
Je pense aux vignerons du Midi que l’ont veut contraindre à l’arrachage de la vigne.
Nos dirigeants nous disent aujourd’hui : « Il n’y a pas d’autre issue que celle de la libre concurrence définie par le traité de Maastricht… Vous devez vous adapter aux emplois précaires, aux délocalisations… Vous devez abandonner la Sécurité sociale que vous avez acquise en 1945, et qui coûte trop cher, vous devez apprendre à moins vous soigner. »
Ils nous disent : « Vous devez accepter la disparition des services publics dans vos communes, car il ne sont pas rentables, vous devez accepter le regroupement forcé de vos 36 000 communes, qui coûtent trop cher au regard des exigences du pacte de stabilité… »
Et à vous, les jeunes, ils vous disent que vous devez abandonner votre détermination à obtenir un vrai métier, un vrai salaire, un avenir…
Ils vous disent qu’il faudrait vous soumettre aux emplois précaires à vie…
J’ai écouté votre représentante à cette tribune. Elle a raison de revendiquer le droit aux études, le droit à un vrai travail, avec un vrai salaire...
Au nom de tous les élus qui sont ici rassemblés, je salue le combat que vous avez mené au printemps dernier, déterminé et digne, pour le retrait du CPE.
Nous sommes avec vous pour défendre vos droits, des droits dont nous, la génération précédente, avons bénéficié, et que la course au profit voudrait vous interdire...
Et vous, les médecins, qui n’accepterez jamais de renier le serment d’Hippocrate, qui veut que le médecin soigne les malades indépendamment de toute autre considération, je salue le combat courageux que vous menez pour défendre nos hôpitaux, que beaucoup de pays nous envient...
Merci de défendre nos enfants handicapés afin qu’il puissent bénéficier des soins adaptés à leur handicap au moment où la loi Montchamp voudrait couper le fil de la solidarité nationale envers nos enfants les plus fragiles au nom de prétendues économies budgétaires.
Nous savons que votre combat à vous, employés de la Sécurité sociale, pour défendre votre convention collective rejoint celui des assurés sociaux et des élus pour défendre les caisses d’assurance maladie et les centres de paiement.
Nous savons que le combat que vous menez, employés de EDF-GDF, pour la renationalisation d’EDF-GDF et la reconquête de votre statut est celui que nous menons, nous, les élus, pour garder à nos administrés l’égalité d’accès des citoyens au service public.
Je vous ai écoutée, Clarisse. Votre combat rejoint celui des maires qui veulent garder leur centre EDF de proximité et la possibilité de conserver l’accès à l’électricité pour les familles frappées par la crise économique…
Nos dirigeants savent bien que la mobilisation unie des enseignants, qui ont manifesté mercredi dernier pour défendre leur statut, rejoint notre combat à nous, élus, maires, pour garder nos écoles. Ils savent bien que la mobilisation des TOS pour rester fonctionnaires d’Etat rejoint notre combat à nous, les maires et les conseillers généraux, pour conserver nos petits collèges. Ils savent bien que les postiers unis dans la grève de mardi dernier pour défendre leur statut de fonctionnaire rejoignent notre combat à nous, les maires, pour garder nos bureaux de poste de plein exercice avec un vrai receveur…
Et pourtant… Il ne se passe pas un jour sans que nous apprenions que nos dirigeants votent une nouvelle loi de privatisation, d’ouverture au marché, comme ils disent, pour transposer en droit français une directive de la Commission de Bruxelles…
Est-ce la démocratie ? J’entends beaucoup de choses sur la démocratie… Certains la veulent participative, d’autres de quartiers, d’autres sous le contrôle de citoyens tirés au sort… Mais la démocratie ne commence-t-elle pas par respecter le suffrage universel, c’est-à-dire le vote de la majorité des citoyens ?
Il faut arrêter cette machine à détruire la civilisation qu’est la « concurrence libre et non faussée du traité de Maastricht ».
Oh ! J’entends les arguments de ceux qui nous disent : « Ce n’est pas réaliste, on ne peut rompre avec le traité de Maastricht, on ne peut se séparer de l’Union européenne, de la Commission et de ses institutions. »
J’entends ceux qui nous disent et qu’il faudrait une Europe plus sociale... dans le cadre du traité de Maastricht.
Mais comment pourrait-on rendre plus sociale la disparition de La Poste ?
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Comment pourrait-on rendre plus sociale la fermeture de nos écoles communales ?
Comment pourrait-on rendre plus sociale la disparition de nos hôpitaux ?
Comment pourrait-on rendre plus social l’arrachage de nos vignes, la mise en jachère de nos champs ?
Comment pourrait-on rendre plus sociale la perte de tous nos emplois ?
Oui, Guido Montari, nous sommes ensemble pour l’alliance de nos peuples dans une Europe débarrassée du traité de Maastricht, rétablissant les Codes du travail, les services publics, les droits, la liberté des communes.
Oui, chers camarades, il faut dans ce pays reconquérir la démocratie.
Et la première condition pour cela est de décider que l’Assemblée nationale qui sortira des élections rétablira sa souveraineté face l’Union européenne, et qu’elle ne sera responsable que devant le peuple qui l’a élue !
Nous demandons à ce que l’une des premières mesures que devrait prendre cette Assemblée soit de voter une loi d’interdiction des licenciements, une loi interdisant les délocalisations.
Nous demandons à ce que soit prise la décision de rouvrir nos hôpitaux et nos maternité de proximité.
Nous demandons à ce que soient rouverts nos bureaux de poste, nos services de l’Equipement, nos perceptions…
Nous demandons à ce que l’égalité en droit d’accès au service public soit rétablie pour tous les citoyens de notre pays.
La deuxième exigence pour rétablir la démocratie politique est de respecter la libre administration des communes.
— Que l’on cesse de rendre nos communes responsables d’une prétendue dette que nos dirigeants voudraient réduire pour satisfaire aux exigence du pacte de stabilité.
— Que l’on arrête le processus d’intercommunalité forcée, qui a franchi une étape décisive avec la loi Chevènement du 12 juillet 1999, contraignant les communes qui ne le souhaitaient pas à rejoindre un EPCI, confisquant les compétences et les ressources fiscales des communes…
Maintenant, nos dirigeants annoncent vouloir aller jusqu’au bout et contraindre toutes les petites communautés à se regrouper dans des communautés d’au moins 5 000 habitants, détruisant au passage nos syndicats intercommunaux avec lesquels nous gérions nos services publics.
Aujourd’hui, un rapport du Sénat pointe un trou d’un milliard d’euros, dont serait responsable l’intercommunalité… Trou qu’ils veulent faire payer aux communes.
L’Etat prend prétexte de cette gabegie pour augmenter le pouvoir des préfets, qui demandent encore plus de fusions entre les communautés de communes.
Certaines de nos têtes pensantes songent même à mettre un terme aux incitations financières destinées aux communautés, à diminuer la dotation globale de fonctionnement des communes membres d’une communauté.
Il est temps de tirer la sonnette d’alarme ! Si les communes sont amputées d’une partie de la DGF, du produit attendu de la taxe professionnelle, que vont-elles devenir ?
La troisième exigence est que soit rétablie la laïcité.
Pour nous, maires des petites communes, c’est concret : cela passe par le fait que l’argent de la commune doit aller exclusivement à l’école publique communale.
Nous ne sommes pas contre les écoles privées. C’est le libre choix des familles d’inscrire leurs enfants où elles veulent, mais elles doivent en assumer les conséquences financières.
Nous demandons donc l’abrogation de l’article 89 de la loi du 13 août 2004. Nous demandons l’abrogation des lois antilaïques, à commencer par la loi Debré.
Nous n’acceptons pas que l’inspection académique nous ferme une classe ou nous refuse l’ouverture d’une classe parce qu’il manque un ou deux élèves, alors que, dans le même temps, l’Etat finance les écoles confessionnelles à guichets ouverts, soit l’équivalent de 200 000 postes d’instituteurs, depuis la parité public-privé établie par les accords Lang-Cloupet.
Nous demandons l’abrogation de l’article 86 de la loi du 13 août 2004, qui vise à mettre nos écoles communales en réseaux intercommunaux et nous demandons la réouverture de nos écoles.
Nous demandons à ce que la décision de fermer tous les collèges de moins de 300 élèves soit annulée, comme l’ont fait courageusement mes collègues du conseil général des Ardennes.
Chers amis, à quelques mois des élections, avec 450 collègues maires et conseillers généraux, nous avons signé la Lettre aux maires de France, dont nous sommes quelques-un, ici, de toutes sensibilités, à avoir pris l’initiative.
Dans cette lettre, nous disons : « Qu'il s'agisse de l'élection présidentielle ou des élections législatives, tout candidat qui s'engagerait à faire ne serait-ce qu'un pas dans cette direction, un pas réel et concret remettant en cause le carcan de l'Union européenne et s'engageant dans la voie de la restauration de la démocratie, à commencer par la démocratie communale et les services publics, mériterait notre soutien. »
Les signataires vont se réunir pour décider de la meilleure façon d’aider le mouvement qui est engagé dans notre pays.
Nous sommes plusieurs centaines de maires à nous être prononcés pour la candidature de l’un d’entre nous, qui serait porteur de ce mandat, si aucun autre candidat en présence ne s’engageait clairement dans ce sens.
Pour ma part, je suis d’accord avec cette proposition, et nous sommes quelques-uns, parmi mes collègues maires, déterminés à prendre nos responsabilités…
Chers amis, chers camarades, au-delà des élections, nous poursuivrons avec vous, inlassablement, notre combat pour reconquérir la démocratie, persuadés que nous sommes qu’il n’y a pas d’autre issue que la rupture avec l’Union européenne pour sortir de la crise politique, économique et sociale, et pour défendre, enfin de compte, la civilisation.
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