Informations Ouvrières N° 834 - L'éditorial du 28 février 2008
L’heure est venue
“L’heure est venue de passer à la phase de préparation active du congrès de fondation du parti ouvrier indépendant » : tel est l’appel lancé par le comité permanent réuni le dimanche 24 février.
Il y a urgence en effet…
— Vertigineuse flambée des prix : + 48 % en trois mois pour des produits alimentaires de base (lire page 3).
— Liquidation méthodique des logements HLM et mise en faillite planifiée des familles populaires contraintes de s’endetter pour se loger (lire p. 15).
— Plans de restructuration démantelant les uns après les autres les fleurons de l’industrie nationale.
— « Créations d’emplois » qui, selon les chiffres publiés par la presse, correspondent pour la majorité d’entre eux à des « emplois à 12 heures par semaine » avec « des salaires moyens de l’ordre de 300 euros par mois » (1).
— Négociations dans la fonction publique visant à faire prendre en charge par les syndicats les suppressions d’emplois publics et le démantèlement du statut (lire p. 5).
La récession est en marche. Misère, chômage, précarité menacent tous et chacun !
Rien à faire à l’encontre de cette mécanique ? Si, bien sûr… La seule menace de grève des travailleurs de la sidérurgie allemande avec leur syndicat IG-Metall a contraint les patrons à signer une augmentation de 5,2 % des salaires plus une prime de 200 euros pour février.
Sur cette base, le syndicat des fonctionnaires Ver.di revendique à son tour 8 %.
On s’en doute : la Banque centrale européenne s’est empressée de protester contre les augmentations salariales.
L’alternative se résume à ceci : ou bien lutte de classe indépendante, n’hésitant pas, pour répondre aux besoins vitaux du peuple travailleur, à formuler et arracher des revendications contraires au pacte de stabilité et aux directives européennes ; ou bien accompagnement-alignement sur les exigences de Bruxelles, jusqu’à participer à la généralisation de la misère et de la précarité.
Un gouvernement prenant les mesures d’urgence qui s’imposent :
— bloquerait les prix à la consommation ;
— décréterait l’alignement automatique des salaires sur la hausse des prix ;
— rétablirait les offices publics de HLM, bloquant loyers et charges ;
— lancerait un plan central de construction des HLM pour répondre aux centaines de milliers de demandes en attente ;
— interdirait les plans de licenciements et (re)nationaliserait les secteurs clés de l’industrie ;
— interdirait toutes les formes de travail précaire et de temps partiel imposé, pour rétablir le CDI comme seul contrat de travail légal ;
— créerait les écoles, les hôpitaux et les emplois publics nécessaires.
Un gouvernement qui aurait la volonté de prendre ces mesures s’en donnerait les moyens politiques en commençant par convoquer l’élection d’une Assemblée constituante souveraine rompant avec l’Union européenne — dont tout l’arsenal vise à interdire les mesures énoncées ci-dessus —, démantelant les institutions antidémocratiques de la Ve République et édifiant des institutions par lesquelles le mandat du peuple sera respecté par ceux qu’il aura désignés.
Un tel gouvernement s’en donnerait les moyens financiers, n’hésitant pas à puiser dans les montagnes de profits accumulés par la classe capitaliste (2).
Lutte de classe, rupture avec l’Union européenne, rétablissement de la démocratie : il y a urgence !
Urgence à construire le parti ouvrier indépendant dont le pays a besoin.
Ouvrier, parce que se situant tout entier d’un seul côté du fossé qui, chaque jour davantage, se creuse entre les exploiteurs et les exploités.
Indépendant des patrons, du gouvernement et de l’Union européenne !
Daniel Gluckstein
(1) Le Monde, 26 février 2008.
(2) Malgré la « crise », le profit cumulé des (40) entreprises françaises du CAC 40 devrait approcher pour 2007 les 100 milliards d’euros, en progression par rapport à 2006 (91 milliards), 2005 (80 milliards)…