Informations Ouvrières

Message par Front Unique » 15 Août 2007, 10:22

Informations ouvrières N° 804 - Semaine du 26 juillet au 1er août 2007

“Prévention des conflits”

Le projet de loi sur « le service minimum », adopté le 19 juillet en première lecture au Sénat, a été caractérisé à juste titre par de très nombreux militants ouvriers
comme remettant en cause le droit de grève. L’analyse que nous en faisons dans ce journal (lire page 6) confirme totalement cette appréciation.

Nous jugeons cependant nécessaire d’y ajouter ce qui donne sa véritable portée destructrice à cette loi, qui va bien au-delà du droit de grève.

La reconnaissance du droit de grève a été imposée dans notre pays par les travailleurs et la lutte de classe en 1864. Elle est indissolublement liée à la reconnaissance du droit pour les travailleurs de s’organiser librement dans des syndicats dont ils étaient les seuls maîtres, sans aucun « encadrement » de la part des représentants de l’ordre social existant, le système de la propriété privée des moyens de production et de l’exploitation capitaliste.
Cela a été, de fait, la reconnaissance par l’Etat bourgeois de l’existence d’une classe aux intérêts contradictoires à ceux de la classe capitaliste.

La préservation de cette conquête politique fondamentale, à la base de la démocratie sociale, a été, depuis son origine, l’enjeu d’une lutte incessante de la part de la classe ouvrière.

Sous prétexte d’assurer aujourd’hui la continuité du service dans les transports terrestres, le gouvernement repart à la charge. Il veut expérimenter, avant de la généraliser, cette loi-cadre qui remet en cause en réalité tous les fondements juridiques de l’existence indépendante du mouvement ouvrier organisé dans la société bourgeoise.

Qu’on en juge.

L’article 2 de ce projet de loi stipule que « l’employeur et les organisations syndicales représentatives engagent des négociations en vue de la signature (…) d’un accord-cadre organisant une procédure de prévention des conflits et tendant à développer le dialogue social ». En clair, le gouvernement veut associer coûte que coûte les organisations syndicales à la « prévention des conflits ».

Nous sommes au cœur des problèmes qui ont provoqué, il y a un siècle et demi, la célèbre réplique faite par l’ouvrier ciseleur Tolain (correspondant de la Première Internationale) à Napoléon III, qui cherchait à se subordonner les organisations ouvrières naissantes. S’opposant aux prétentions de Napoléon III, Tolain revendiquait simplement des lois qui donnent aux organisations ouvrières « la liberté de faire leurs affaires elles-mêmes sans aucune ingérence extérieure ».

Imposer aux organisations syndicales, par accord signé avec les employeurs, le devoir de « prévention des conflits », représente l’ingérence la plus directe remettant en cause la liberté pour les syndicats de formuler librement les revendications de leurs mandants.

Il s’agit d’un viol pur et simple de la convention n° 98 de l’OIT sur le droit d’organisation et de négociation collectives, qui établit dans son article 2.1 : « Les organisations de travailleurs et d’employeurs doivent bénéficier d’une protection adéquate contre tous actes d’ingérence des unes à l’égard des autres. »

Il s’agit d’une remise en cause du droit de grève qui tombe à pic, au moment où le gouvernement veut s’attaquer aux retraites des postiers, des cheminots et des employés de la RATP. Mais il s’agit aussi du premier pas franchi dans la voie d’une tout autre société, de tout autres relations de travail. Celles qui sont prônées par les institutions de l’Union européenne et la Confédération européenne des syndicats (CES), et qui, parées du titre de « dialogue social », seraient une étape vers l’instauration d’un système corporatiste (1).
Faut-il poser ces questions ou faut-il les taire ? Ne s’imposent-elles pas — quel que soit le courant du mouvement ouvrier dont on est issu — comme des questions centrales sur lesquelles les bouleversements politiques en cours nous font obligation de revenir ? Ce débat, avec toutes les conséquences pratiques qu’il appelle sur le terrain direct du combat pour le front unique dans la résistance pied à pied contre l’exploitation, est au cœur de la préparation de la convention nationale pour la construction d’un authentique parti ouvrier qui se tiendra, les 24 et 25 novembre, à Paris.

Marc Gauquelin

(1) Nom venant du mot corporation, rassemblant ensemble patrons et ouvriers et désignant le régime politique qui, au nom d’un prétendu intérêt général niant les oppositions entre classes sociales, réalise l’association capital-travail par l’intégration des organisations syndicales à l’Etat.



Front Unique
 
Message(s) : 0
Inscription : 03 Fév 2005, 02:21

Message par Front Unique » 15 Août 2007, 10:24

Informations ouvrières N° 805 - Semaine du 2 au 8 août 2007

Le carcan de la BCE

La polémique n’en finit pas de ressurgir. Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne (BCE), s’en prenait, il y a quelques jours, dans l’hebdomadaire allemand Die Zeit, aux « pays (qui ont) la tentation de faire de la BCE et de l’UE des boucs émissaires de leurs problèmes intérieurs ». Il faisait rappeler solennellement et fermement par son porte-parole que « toute tentative ayant pour objet de chercher à influencer la BCE dans l’accomplissement de ses missions constitue une violation de l’article 108 du traité sur l’UE » (1). Le gouvernement français était clairement visé.

Nicolas Sarkozy s’était pourtant engagé, à Bruxelles, début juillet, devant les ministres des Finances européens, à respecter le traité, le pacte de stabilité et le niveau maximum d’endettement autorisé à 60 % du PIB. Quant à Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes, il s’est livré à un acte de contrition dans le quotidien La Croix (31 juillet), où il déclare : « Les choses sont claires. La Banque centrale européenne est indépendante et personne en France ne remet en cause cette indépendance. Je n’ai jamais eu la volonté d’influencer les membres de la BCE. » En dépit de ces engagements, le président de la BCE ne cesse de rappeler urbi et orbi le cadre implacable du traité.
Joignant le geste à la parole, attestant de la profondeur des convictions européennes du gouvernement, François Fillon présentait le même jour ses arbitrages budgétaires : 22 700 suppressions de postes dans la fonction publique,

Woerth en avait annoncé 17 000 dans l’Education na­tionale…, un ébranlement de tout l’édifice de l’Etat républicain.

Mais les choses ne peuvent s’arrêter là. La BCE poursuit le travail que lui assigne le traité de Maastricht-Amsterdam. Elle s’apprête donc à annoncer, jeudi, qu’elle « va maintenir ses taux d’intérêt directeurs inchangés et sans doute préciser l’échéance du nouveau tour de vis à un moment où les marchés financiers, nerveux en raison de la crise immobilière aux Etats-Unis, ont besoin de certitudes » (AFP, 31 juillet).

Difficile de résumer plus clairement le rôle et la place de la BCE. Indépendante des Etats européens, la BCE définit donc sa stratégie en fonction des seuls marchés, c’est-à-dire des intérêts financiers les plus puissants, les intérêts américains. Que les pays d’Europe se soumettent ! Telle est la règle que ne cesse de rappeler Jean-Claude Trichet, fidèle exécutant du rôle que lui assignent les institutions européennes, celui d’un exécutant au service direct de l’impérialisme américain.

Le tour de vis, différé mais annoncé, c’est une nouvelle hausse des taux directeurs, donc de l’euro, avec toutes les conséquences qu’elle a sur les exportations.

C’est Gallois qui, prenant argument du déséquilibre euro-dollar, justifiait, comme une question de survie pour Airbus, le durcissement du plan Power 8 prévoyant la cession d’usines et la suppression d’un minimum de dix mille emplois.

Les vagues de désindustrialisation qui menacent le pays déferlent sur toute l’Europe. C’est d’Allemagne que vient cette semaine le cri d’alarme. Volkswagen reconnaît que le « marché nord-américain a régressé de 4 % par rapport à 2006, en grande partie pour des raisons de change ». Même le ministre de l’Industrie s’est permis de dire : « Ce serait mauvais pour l’économie allemande et pour ses entreprises exportatrices si l’euro progressait encore. »
Impossible aujourd’hui de faire comme si la destruction de l’industrie, des services publics, de tous les systèmes de protection sociale (Sécurité sociale et retraites), mise en œuvre par tous les gouvernements servilement soumis aux institutions de Bruxelles, ne menait pas à l’effondrement des nations européennes.

Impossible de prétendre ouvrir une issue à la crise dans laquelle tous les gouvernements soumis à l’Union euro­péenne entraînent leur pays sans dire tout haut et avec force : « Retrait des institutions européennes, abrogation des traités qui instituent l’indépendance de la BCE, courroie de transmission de la Réserve fédérale américaine ! »
Impossible de ne pas mettre cette question au centre de la discussion pour la préparation de la convention nationale ouvrière et socialiste des 25 et 26 novembre.

Marc Gauquelin


(1) Article 108 du traité de Maastricht-Amsterdam : « Dans l’exercice des pouvoirs et dans l’accomplissement des missions et des devoirs qui leur ont été conférés par le présent traité et les statuts du Système européen des banques centrales (SEBC), ni la BCE, ni une banque centrale nationale, ni un membre quelconque de leurs organes de décision ne peuvent solliciter ni accepter des instructions des institutions ou organes communautaires, des gouvernements des Etats membres ou de tout autre organisme. Les institutions et organes communautaires, ainsi que les gouvernements des Etats membres s’engagent à respecter ce principe et à ne pas chercher à influencer les membres des organes de décision de la BCE ou des banques centrales nationales dans l’accomplissement de leurs missions. »

Front Unique
 
Message(s) : 0
Inscription : 03 Fév 2005, 02:21

Message par Front Unique » 15 Août 2007, 10:26

Informations ouvrières N° 806 - Semaine du 9 au 14 août 2007

Briser cet engrenage

Est-il incongru de revenir une nouvelle fois sur les conséquences de la politique imposée par la Banque centrale européenne ? Et donc de s’interroger sur le silence pesant observé par toute la « gauche » (extrême gauche comprise) sur ce sujet ?

Le monde de la finance s’alarme des conséquences désastreuses pour ses affaires de la crise provoquée par des spéculateurs sans foi ni loi qui ont exploité sans vergogne ces centaines de milliers de gens contraints de s’endetter pour pouvoir se loger aux Etats-Unis. La crise menace tout le système de crédit.

Au nom de la lutte contre l’inflation que le président de la BCE?mène de concert avec la Réserve fédérale américaine, Bernard Trichet annonce l’augmentation des taux d’intérêts en Europe pour septembre.?

Conséquence immédiate sur la dette de l’Etat : les intérêts (les royalties payées par l’Etat, donc par les contribuables, aux banques d’affaires internationales) bondissent.

Réaction du gouvernement : il faut donner un nouveau tour de vis à la dépense de l’Etat.

Eric Woerth, ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, réaffirme, le 7 août, dans Le Figaro, l’objectif que lui a fixé Sarkozy, en s’engageant fin juin devant les ministres des Finances de l’Union européenne : « Parvenir à l’équilibre des finances d’ici 2012 et, avant, si possible. »

Se félicitant du nouveau périmètre plaçant, conformément aux instructions de l’Union européenne, sous la tutelle de son ministère le financement de la Sécurité sociale, Eric Woerth ajoute : « Ce regroupement des comptes me permettra d’agir sur l’ensemble des éléments contribuant aux critères de cette dette et du déficit public. »

C’est ainsi qu’au plus profond de l’été, le quotidien Les Echos, daté du mardi 7 août, annonce tout à trac : « Pour tenir l’objectif d’un déficit public limité à 2,3 % du PIB en 2008, un effort très substantiel doit être réalisé sur le régime général de la Sécurité sociale, dont le déficit sera proche des 12 milliards d’euros cette année (…). Le plan de redressement décidé début juillet aura un impact supplémentaire de 800 millions d’euros l’année prochaine, auxquels s’ajouteront les 600 millions d’économie attendus sur la maîtrise des prescriptions (antibiotiques, anticholestérol, arrêts maladie, transports médicaux, etc.), ainsi que les 850 millions de gains liés aux franchises (…). Mais que ce soit pour la branche maladie ou pour l’ensemble du régime général, les économies décidées à ce stade s’avèrent insuffisantes. »

La boucle est bouclée. L’étau se referme.

Fidèle relais des décisions de l’Union européenne et de la BCE, instrument des marchés financiers américains, le gouvernement sonne à nouveau la charge contre la Sécurité sociale. Il lui faut absolument réinjecter les milliards qui leur échappent encore dans la course folle des marchés financiers vers l’abîme.

On pille, via les exonérations patronales, les caisses de la Sécurité sociale, chargées de collecter le salaire différé de millions de travailleurs ; on intègre, conformément aux exigences de Bruxelles, le budget de la Sécu dans le budget de l’Etat, sous la haute autorité du ministre des Comptes ; on crie au feu en désignant du doigt le « trou » fabriqué de la Sécu, pour tomber à bras raccourcis sur le retraité à la pension modeste afin de le faire payer jusqu’à son dernier souffle (lire page 2).

N’y a-t-il pas nécessité absolue, en ces moments décisifs pour tout le mouvement ouvrier, pour la défense de toutes les conquêtes sociales des travailleurs, de briser cet engrenage ? N’y a-t-il pas, pour cela, urgence à relier étroitement l’exi­gence de l’abrogation de toutes les franchises, de la restitution des 200 milliards d’exonérations patronales, de retour à la Sécu de 1945, à celle du retrait de l’Union européenne et de tous ses traités ? Ce sont les questions que nous versons au débat qui prépare la convention ouvrière et socialiste les 24 et 25 novembre, à Paris.


Marc Gauquelin


Front Unique
 
Message(s) : 0
Inscription : 03 Fév 2005, 02:21

Message par Front Unique » 15 Août 2007, 10:37

Informations ouvrières N° 807 - Semaine du 15 au 22 août 2007

Une logique destructrice sans frein

Cent cinquante milliards d’euros ! Tel est le montant des capitaux injectés en trois jours par la Banque centrale européenne (BCE) pour renflouer les « marchés » ! Au total, ce sont plus de 300 milliards d’euros que les différentes banques centrales ont dégagé pour pallier les conséquences de l’éclatement de la bulle spéculative immobilière aux Etats-Unis (lire notre dossier page 4).

(Remarque au passage : on nous parle d’un prétendu « trou » de la Sécurité sociale de 12 milliards d’euros (1). La BCE peut donc en trois jours sortir l’équivalent de douze « trous annuels de la Sécurité sociale » pour éviter le naufrage des spéculateurs !).

De nombreux commentateurs critiquent le mécanisme conduisant à cette situation. Ils parlent « d’anomalies » ou de « dérèglement ».

Du point de vue de la classe ouvrière, la crise financière et boursière qui vient d’éclater (et qui est loin d’être terminée) appelle trois observations et une conclusion.

Premièrement : il ne s’agit pas d’« anomalie ». Le système capitaliste fondé sur la propriété privée des moyens de production est entré depuis des décennies dans une crise permanente de décomposition. Des montagnes de capitaux ont de plus en plus de mal à s’investir de manière profitable dans la production des marchandises. Pour dégager coûte que coûte les profits qui sont sa raison d’être, le capital a recours de manière grandissante à des moyens d’entraînement parasitaires et artificiels de l’économie. Au premier rang de ces moyens : l’économie d’armement (2), la spéculation (3) et l’endettement des travailleurs. Aux Etats-Unis et dans le monde entier, les capitalistes poussent la population ouvrière à un taux d’endettement qui ne cesse d’augmenter (4). Ce crédit aux particuliers est une manière artificielle « d’injecter du pouvoir d’achat » au moment même où celui-ci est constamment remis en cause par les attaques des patrons et des gouvernements. Conséquence : la désagrégation sociale s’accentue, les faillites personnelles se multiplient… et les fonds spéculatifs engraissent sur le dos des ménages populaires ruinés.

Deuxième observation : ces politiques sont aberrantes ? Oui, si l’on se place du point de vue des besoins de l’humanité. Mais pas du point de vue du système capitaliste, qui n’a pas d’autre moyen que cette fuite en avant (destructrice de son propre système) pour continuer coûte que coûte à dégager du profit. Arrivé à ce stade, le régime fondé sur la propriété privée des moyens de production se « nourrit » littéralement de la destruction en masse des forces productives : guerres généralisées et démantèlement des nations, désindustrialisation, déréglementation, précarité, destruction de la valeur de la force de travail par le démantèlement des garanties collectives, des régimes de Sécurité sociale, destruction des services publics…

Troisième observation : la Banque centrale européenne, pilier majeur de l’Union européenne, joue ici pleinement son rôle en répondant au doigt et à l’œil aux exigences de la classe capitaliste et de la Réserve fédérale des Etats-Unis. Le capitalisme nord-américain n’entend ou ne peut laisser aucune place aux économies concurrentes. Toutes les nations — y compris la Chine, le Japon — sont soumises au talon de fer de l’impérialisme américain, qui exige le pillage de tous les peuples, de toutes les civilisations, de toutes les économies (5).

De ces observations, quelle conclusion les travailleurs peuvent-ils tirer ?

Le régime fondé sur la propriété privée des moyens de production est engagé dans une logique destructrice sans frein, qui menace la civilisation humaine.

Rompre avec ce régime social condamné est la condition pour ouvrir une issue conforme aux intérêts ouvriers et de l’immense majorité de la population. Une telle solution passe évidemment par la sortie de toutes les institutions de l’Union européenne, à commencer par la Banque centrale européenne, car toutes n’ont qu’une fonction : relayer les exigences de l’impérialisme américain contre tous les travailleurs et tous les peuples.

Plus que jamais, les intérêts de la classe capitaliste et ceux de la classe ouvrière s’opposent.

Quelle conclusion pratique en tirer, sinon celle-ci : il est urgent de construire un parti ouvrier indépendant fondé sur la lutte de classe ?


Daniel Gluckstein
Front Unique
 
Message(s) : 0
Inscription : 03 Fév 2005, 02:21

Message par Crockette » 19 Août 2007, 15:13

mouais, pour une fois j'ai rien à redire sur le tract du PT, il me semble correct avec de bonnes analyses.

le capitalisme aujourd'hui asservi la classe laborieuse en essayant même de faire faire des crédits sur plusieurs générations (et oui quand on gagne 990 euros par mois...), j'apprécie le lien aussi capitalisme = destruction de l'humanité, ce qui est fortement lié aussi à l'environnement.


Crockette
 

Message par jeug » 19 Août 2007, 16:00

Oui, sauf à la fin le rôle de la Banque Centrale Européenne qui est le pilier à abattre pour se prémunir de l'impérialisme américain.

Ca fait puéril et peu crédible.
jeug
 
Message(s) : 35
Inscription : 18 Jan 2007, 16:13

Message par Front Unique » 23 Août 2007, 18:29

Informations Ouvrières N° 808 - L'éditorial du 23 aout

Qui va payer ? Début de réponse

Qui va payer ? C’est la question posée par Informations ouvrières, la semaine dernière, après l’annonce des 150 milliards d’euros déboursés en trois jours par la Banque centrale européenne pour renflouer les « marchés ».

Depuis, les 150 milliards sont devenus 250 milliards d’euros. Et la question : « Qui va payer ? », a reçu un début de réponse.

Le député UMP Gilles Carrez, rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale, a appelé le gouvernement à « mettre au plus vite en place des mécanismes de réforme des retraites et de l’assurance maladie », s’ajoutant aux « économies du côté du budget de l’Etat » (La Tribune, 21 août).

L’International Herald Tribune (21 août) résume : « Sarkozy veut remanier de fond en comble le généreux système de retraite du secteur public et en finir avec la protection de l’emploi garanti par l’actuel contrat de travail à durée indéterminée. Il veut aussi réduire le pouvoir des syndicats et supprimer 10 000 emplois au ministère de l’Education. »

Qui va payer ? Quand des centaines de milliards d’euros vont renflouer les poches des spéculateurs, c’est qu’ils sont pris dans celles des travailleurs et de la jeunesse ! C’est classe contre classe, plus que jamais !

Et c’est là qu’on ne peut que s’étonner de voir se dessiner un étrange consensus.
Sarkozy : « On ne peut pas accepter l’explosion de la spéculation, il faut qu’il y ait de la transparence, de la régulation (…), un minimum de règles (…). Je suis pour la moralisation du capital financier » (dépêche AFP, 16 août).

L’association Attac en appelle à un « contrôle étroit des marchés financiers », s’adresse à la BCE pour qu’elle « cherche à intervenir pour lutter contre l’instabilité parfois dévastatrice des prix, des actifs financiers et immobiliers », et à « l’Union européenne » pour qu’elle prenne « les initiatives appropriées pour que cette tourmente ne se transforme en crise financière majeure » (site d’Attac France, 8 août 2007).

Le quotidien du PCF, L’Humanité (17 août), propose une « réorientation des missions de la BCE ».

Le dirigeant du PS Laurent Fabius répond « oui » à la question : « Les banques centrales ont-elles eu raison d’injecter massivement des liquidités ? », et préconise « une bonne coordination entre les autorités financières internationales » et « une vraie discussion avec la Banque centrale européenne ».

Les quotidiens capitalistes appellent « les acteurs de la finance à s’autoréguler » (La Tribune, 17 août), préconisent « transparence » et « régulation » (Les Echos, 17 août), ou encore « une meilleure régulation des marchés financiers » (Le Figaro, 17 août).
Donc, tout serait affaire de « régulation », de « transpa­rence »…

Que cherche-t-on à cacher ainsi ? Que cette crise est l’expression de l’impasse du système capitaliste fondé sur la propriété privée des moyens de production, qui a recours aux moyens les plus parasitaires et destructeurs pour dégager coûte que coûte des profits (voir article page 4) ?

Que veut-on nous faire croire ? Que « mieux orientées, plus transparentes », la BCE et l’Union européenne pourraient servir les intérêts des peuples ?

De qui se moque-t-on ?

Quand l’Union européenne impose de tailler dans la Sécurité sociale, les retraites, les services publics, elle est dans son rôle, défini par le traité de Maastricht : respect du pacte de stabilité, « éviter les déficits publics excessifs », etc.

Quand la BCE renfloue pour 250 milliards d’euros les spéculateurs, elle est dans son rôle défini par le traité de Maastricht : être « indépendante dans l’exercice de ses pouvoirs », indépendance signifiant ici indépendance vis-à-vis des « gouvernements des Etats membres », mais ni des « marchés » ni de la Réserve fédérale des Etats-Unis.

N’en déplaise aux uns et aux autres, il faut appeler un chat un chat : rien, hormis la survie d’un régime capitaliste pourrissant, ne justifie que les travailleurs soient attaqués dans tous leurs droits pour satisfaire aux besoins d’une poignée de spéculateurs.

Rien, hormis le consensus qui cherche à se réaliser autour d’elle, ne peut empêcher de désigner la Banque centrale européenne pour ce qu’elle est : un instrument au seul ser­vice de la politique de pillage et de destruction dictée par les multinationales et les institutions à leur service.

Le retrait de l’Union européenne et de la BCE constitue une exigence élémentaire de la démocratie.

Un authentique parti ouvrier, parti de lutte de classe, ne pourra que l’inscrire en tête de ses mots d’ordre.

Daniel Gluckstein






Front Unique
 
Message(s) : 0
Inscription : 03 Fév 2005, 02:21

Message par Front Unique » 30 Août 2007, 19:00

Informations Ouvrières N° 809 - L'éditorial du 30 aout 2007

Economies ?

La question fondamentale de toute la situation est l’atti­tude à l’égard de l’Union européenne.

Quel que soit le problème posé, il ramène aux institutions de l’Union européenne. Y rester ou en sortir : telle est l’alternative.

Le Conseil des ministres du 24 août a confirmé l’instauration d’une franchise « médicale » soumise au vote du Parlement avant la fin de l’année.

A ce propos, le ministre Bachelot a déclaré : « Quelle est la personne qui ne peut pas payer 4 euros par mois… ? »

Mais bien sûr, madame le Ministre…, qu’est-ce que 4 euros par mois ? Qu’est-ce que des augmentations de 15 % du prix des pommes de terre, de 10 à 15 % du prix des pâtes, de 5 % du prix du pain, de 5 à 10 % du prix du poulet, de 4 à 5 % du prix des produits laitiers, de 7 % des transports en commun, de 3 % des loyers, de 2,4 % des fournitures pour la rentrée scolaire, de 1,1 % de l’électricité… (1) ?

Quelques euros ici, quelques dizaines de centimes là, tous ces petits « riens » finissent par faire beaucoup (2) !

Qui décide cela ?

N’est-ce pas l’Union européenne qui, au nom du pacte de stabilité, ordonne ces attaques incessantes contre la Sécurité sociale ? N’est-ce pas la Banque centrale européenne qui, au nom de la « lutte contre l’inflation », dicte réduction des dépenses publiques et blocage des salaires des travailleurs accablés sous le poids de dépenses toujours plus lourdes ?

N’est-ce pas la même Banque centrale européenne qui vient d’injecter 250 milliards d’euros pour renflouer les spéculateurs (après le krach de l’immobilier aux Etats-Unis) ?

Qu’on ne nous parle pas « d’économies ». C’est de lutte des classes qu’il s’agit.

Il y a une classe capitaliste — dont l’Union européenne et le gouvernement Sarkozy-Fillon sont les instruments. C’est elle qui pille la Sécurité sociale (200 milliards d’euros d’exonérations en 16 ans). C’est elle qui réduit à la misère des millions de travailleurs, de chômeurs, de retraités, de jeunes…

C’est elle qui, à travers l’Union européenne, applique les directives des multinationales américaines et de la Réserve fédérale.

Et il y a une classe ouvrière, qui a conquis la Sécurité sociale en 1945. Et qui ne peut accepter de voir détruire cette formidable conquête de civilisation.

Voilà pourquoi les 4 euros de Mme Bachelot ne sont pas acceptables. Ni 3, ni 2, ni même 1 euro.

Les travailleurs sont en droit d’exiger : qu’on nous rende les 200 milliards d’exonérations de la Sécurité sociale.

Aucune concession, si minime soit-elle, ne peut être faite aux destructeurs de la Sécurité sociale.

Aucune concession, si minime soit-elle, ne peut être faite aux institutions de l’Union européenne.

Qui refuse de sortir de l’Union européenne renonce à défendre la classe ouvrière et ses conquêtes.

Qui défend la classe ouvrière et ses conquêtes doit dire clairement : sortons de l’Union européenne.

C’est sur cette base que le comité provisoire pour un parti ouvrier indépendant a lancé un appel pour « l’unité contre les franchises, contre la TVA sociale, pour le retour à la Sécurité sociale de 1945 ».

Vous êtes plus de 8 000 à avoir signé cet appel en juillet et en août.

A l’heure où le gouvernement confirme ses menaces, il n’est qu’une réponse : constituons dans tout le pays des comités pour un parti ouvrier, multiplions les piquets de diffusion pour la signature en masse de cet appel.

Un seul mot d’ordre : non à la destruction de la Sécurité sociale, unité pour la sauver, unité contre les franchises, dehors, dehors l’Union européenne et ses institutions meurtrières.

Daniel Gluckstein

(1) Chiffres du Parisien, 28 août.
(2) Au fait, 4 euros = le salaire net perçu pour plus de 36 minutes de travail pour un travailleur au SMIC… Rien, n’est-ce pas, madame le Ministre !

Front Unique
 
Message(s) : 0
Inscription : 03 Fév 2005, 02:21

Message par artza » 31 Août 2007, 08:58

a écrit :Madame le ministre


:33:

Doit-on dire Madame LE ministre ou Madame LA ministre?

Qu'en pense "Bruxelles"?

J'espère que Gluckstein n'applique pas les règles grammaticales imposées d'outre-Quiévrain?
artza
 
Message(s) : 2527
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

Message par Valiere » 31 Août 2007, 15:15

Encore une fois le PT refuse l'unité il n'est pas signataire de l'appel contre les franchises !???
Valiere
 
Message(s) : 0
Inscription : 07 Mars 2004, 22:35

PrécédentSuivant

Retour vers Presse et communiqués

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 3 invité(s)

cron