par Valiere » 28 Sep 2004, 16:41
ENSEIGNEMENT PRIVE
Salmigondis à la FSU
La direction de la FSU a décidé d’ouvrir un débat sur l’accueil de deux syndicats de l’enseignement privé, le SNUDEC et le SUNDEP, dans la fédération. Alors que le CDFN avait décidé à sa dernière session du 19 mai dernier, d’ouvrir une discussion, la plus large possible, au sein de la FSU, c’est une audition publique - sans débat - des deux syndicats qui est programmée au Conseil Délibératif Fédéral National qui se tient à Paris ces 28 et 29 septembre. Cette méthode en elle-même est contestable puisqu’elle permet à ces organisations de mettre un pied dans la porte au mépris de l’avis des adhérentEs et de leurs instances.
Le CDFN de la FSU doit s'exprimer clairement contre l'affiliation de syndicats de l'enseignement privé.
1) La raison d'être de la FSU est la défense du service public d'éducation et de ses personnels. Elle ne peut donc avoir en son sein des syndicats regroupant des personnels travaillant (même s'ils/elles ne l'ont pas forcément choisi) dans un secteur dont l'existence repose sur l'idée qu'une offre privée concurrentielle au service public est nécessaire. Affilier ces syndicats serait une acceptation du bien fondé du dualisme scolaire.
2) Le service public d'éducation est tenu d’accueillir gratuitement tous les enfants sans distinction, quels que soient leur origine, leurs difficultés ou les choix spirituels des familles, partant du principe que l'éducation est due à tous les enfants et jeunes dès qu'ils/elles sont sur notre territoire. L'enseignement privé peut choisir sa clientèle, ce qui va à l'encontre du principe d'égalité des personnes, valeur primordiale de notre Fédération. L'enseignement privé sous contrat fonctionne avec des deniers publics - ce que conteste actuellement la FSU - mais il n'est pas soumis aux mêmes obligations éthiques que le service public. Affilier ces syndicats serait une acceptation de la mise en concurrence des établissements scolaires.
3) L’enseignement privé prétend remplir une mission de service public, formule le plus souvent utilisée pour justifier le financement grandissant des établissements d’enseignement privé par des deniers publics. Affilier ces syndicats conduirait à reconnaître et accepter que les établissements d’enseignement privé (qu’ils soient confessionnels, commerciaux ou patronaux) remplissent une mission de service public.
4) La défense et le respect de la Laïcité est un autre de nos combats fondamentaux. Accepter des syndicats des personnels des écoles confessionnelles où un enseignement religieux est dispensé serait en opposition complète avec ce combat et l’idée que nous nous faisons de l’Ecole comme lieu de mixité sociale et d’élaboration de la pensée critique. Affilier ces syndicats serait un renoncement à un des principes fondateurs de l’Ecole publique.
5) Les revendications de ces personnels, si elles s’inscrivent pour une part dans le cadre des revendications de l’ensemble des salariéEs, sont pour une autre part incompatibles avec nos revendications en ce qui concerne en particulier le caractère propre de l’enseignement privé confessionnel, les demandes de financements accrus par des deniers publics, les exigences de carte scolaire, d’ouvertures de postes ou de sections. Affilier ces syndicats serait accepter à terme une gestion commune public-privé des moyens en postes et en personnels.
6) Dans une période où le rapport Thélot relance la problématique de l'autonomie des établissements et en particulier celle des écoles primaires mises sous l'autorité des politiques locaux dans le cadre des réseaux d'écoles, ce serait folie de laisser entendre que nous ne nous opposons plus au concept de "caractère propre". Affilier ces syndicats marquerait la fin de l'Ecole publique pour conduire à la mise en place de l'école des particularismes par l’acceptation du "caractère propre" des établissements.
7) Une telle décision serait scandaleuse pour les Laïques dignes de ce nom et pourrait avoir de graves conséquences en terme d’adhésions, en particulier dans les départements où la concurrence scolaire fait rage. Affilier ces syndicats serait un reniement inacceptable pour beaucoup d’adhérentEs.
8) Enfin, ces renoncements perpétrés, comment s’opposer à l’adhésion de structures syndicales de l’enseignement professionnel patronal ?
C'est pourquoi la FSU doit s'opposer à tout type de rapprochement, adhésion ou contrat d'association entre la FSU et les syndicats regroupant des personnels de l’enseignement privé, et plutôt s’engager dans une campagne pour la nationalisation laïque de l’enseignement privé.
EMANCIPATION
syndicale & pédagogique
le 28 septembre 2004