Lever enfin le voile sur le mariage forcé

Message par marzipan » 10 Nov 2004, 16:54

Pour Byrrh : comme j'ai essayé de le montrer dans les trois exemples que j'ai cité, mais je pense que chacun d'entre nous connaît des situations similaires, le mariage arrangé peut se conclure par le consentement de la femme, pas obligatoirement par la seule pression familiale.

Ou alors, si on se focalise sur la "pression" de l'entourage : tout mariage, toute conjugalité et toute vie en couple résulte de la contrainte de la pression familiale et de la dictature de la norme sociale.
Pourquoi pas, la thèse se défend. Mais c'est refuser tout libre arbitre, toute autonomie individuelle.

Et si on cherche réellement à agir contre les violences faites aux femmes, dont le mariage forcé, il faudrait peut-être commencer par ne pas tout confondre.


Pour le rapport du HCI (en plus avec une interview de Kriegel, c'est le pompon ! Un monument de mauvaise foi : "il faut sortir de la logique de la culpabilité. Ni les immigrés ni la société française ne sont responsables du retard accumulé dans la compréhension de l'immigration" Ben voyons, c'est la faute aux Martiens), je rappelle que le HCI est largement discrédité et chacune de ses nouvelles déclarations est une source de grande rigolade auprès de toutes les associations qui œuvrent concrètement sur le terrain de l'iexclusion et des quartiers ghettos.

Sans parler des déclarations de Claude Imbert, grande conscience sociale s'il en est.

Et, désolé d'insister, mais une fois de plus aucune source n'est indiquée pour ces 70 000 mariages forcés. Evidemment, tout le monde saute au plafond devant un tel chiffre. D'où l'importance de savoir d'où vient ce chiffre.

Lorsque l'on va voir ce qui est dit dans le rapport (page 18) le seul chiffre cité c'est celui de..... 145 cas relevés par l'asso Voix de Femmes. Comment passe-t-on de 145 à 70000, il y a là une alchimie qui me dépasse.
marzipan
 
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Message par Nadia » 10 Nov 2004, 17:13

Marzipan, tu ne sais pas lire. Il est di (page 19) que "L'association Voix des Femmes a traité 145 cas de mariages forcés", et toi tu transformes "traité" en "chiffré", ce n"est pas le même sens !

Un autre article, sur le site du gouvernement :
a écrit : LES MARIAGES FORCES


23 Septembre 2002


    1. Données statistiques

    D’après le GAMS (Groupe femmes pour l’abolition des mutilations sexuelles), on évalue à 70 000 le nombre d’adolescentes de 10 à 18 ans potentiellement menacées, toute communautés confondues, domiciliées en Ile-de-France et dans six départements à forte population immigrée (Nord, Oise, Seine-Maritime, Eure, Rhône, Bouches-du-Rhône).

    Si le phénomène est difficile à recenser, car le sujet est tabou, toutes les associations constatent une hausse des mariages forcés dans toutes les communautés où ils sont pratiqués, qu’elles soient originaires de Turquie, du Maghreb, d’Afrique noire ou d’Asie. Pour le GAMS, cette augmentation s’explique d’abord pour des raisons démographiques mais aussi administratives : en effet, les jeunes filles nées de la politique de regroupement familial au début des années quatre-vingt arrivent aujourd’hui à l’âge du mariage. Pour les époux venus de l’étranger, c’est aussi une stratégie d’obtention des papiers.

    D’après l’association ELELE, aujourd’hui 94% des garçons et 98% des filles d’origine turque ayant grandi en France sont victimes à l’âge de 18 ou 19 ans de mariages arrangés avec de jeunes Turcs. Il s’agit souvent d’unions avec le cousin germain ou la cousine germaine maternelle.

    Selon la génération, l’intensité de la pratique religieuse et la position sociale, selon le sexe de la personne, selon la région d’où ces populations ont émigré, selon le modèle d’éducation choisi, les relations matrimoniales différent, pouvant aller dans les situations extrêmes jusqu’à la séquestration ou le retour forcé au pays d’origine de la jeune fille.

    L’immense majorité des filles acceptent le mariage parce qu’elles sont jeunes et redoutent la rupture avec la famille. Souvent quelques années après l’union, elles en ont assez et se rebellent, car les mariages forcés aboutissent souvent à des violences conjugales. Parfois, elles parviennent à divorcer et se réconcilient quelques années plus tard avec leurs parents. Mais certaines sombrent dans la dépression, multiplient les fugues ou les tentatives de suicide, voire finissent par se prostituer.



    2. Les dispositions législatives et réglementaires

    En France, le mariage civil est le seul reconnu par la loi et doit nécessairement précéder le mariage religieux. Les époux doivent avoir dix-huit ans révolus pour l’homme et quinze ans révolus pour la femme, sauf dispense du Président de la République (articles 144 et 145 du Code civil).

    Enfin, si la jeune fille est mineure, il reste la possibilité de saisir le juge pour enfants pour qu’il interdise la sortie du territoire. Si la jeune fille a moins de quinze ans et a été mariée, il faut faire la preuve de relations sexuelles forcées, l’accusé sera jugé devant un tribunal pénal.

    Si la jeune fille est majeure, il faut prouver que le mariage a été forcé, notamment par des violences psychologiques. De 18 a 21 ans, la victime qui porte plainte peut demander à bénéficier d’un contrat pour jeune majeur.

    3. Actions mises en œuvre sur le terrain

    Les associations spécialisées sont des partenaires irremplaçables auprès des jeunes et de leurs familles et auprès des intervenants des diverses professions concernées. Elles connaissent et prennent en compte les aspects culturels, les aspirations des jeunes femmes, le poids et les mécanismes des traditions patriarcales contre lesquelles elles agissent et interpellent les institutions en charge de la protection des mineures, des droits des femmes, de l’aide sociale.

    Parmi ces associations, citons ELELE Migrations et cultures de Turquie, Groupe femmes pour l’abolition des mutilations sexuelles (GAMS), les Nanas beurs, les Voix d’elles rebelles, Voix de femmes, association Fatoumata pour l’émancipation des femmes (AFEF)…

    Souvent, ce n’est qu’à l’école que les jeunes filles ont la possibilité de se confier. C’est pourquoi le ministère de l’Education nationale, alarmé, a organisé le 7 mars 2002 une journée de sensibilisation des personnels des lycées, intitulée De la mission générale d’émancipation par l’école à la lutte contre les mariages forcés. La déléguée régionale aux droits des femmes et à l’égalité d’Ile-de-France, Catherine MORBOIS, est intervenue sur la prévention de la pratique des mariages forcés.

    La délégation est très active dans l’élaboration et la mise en œuvre d’actions de formation des personnels de l’Education nationale en région Ile-de-France à la prévention des mariages forcés. Depuis le premier trimestre 2000, sur le seul département de Seine-St-Denis, 460 intervenants sociaux ont été formés, prioritairement du service social en faveur des élèves.
source

A chaque fois qu'on t'apporte des éléments, tu essaies de diminuer, en disant qu'il n'y a que 1000 ou 145 mariages forcés et que les mariages arrangés c'est cool, et tu ne nous donnes aucun élément pour te justifier. C'est pour le moins de la mauvaise foi.

Dans l'article que je viens de copier ici, on voit que ce n'est pas du tout facile de sortir d'un mariage forcé.
Nadia
 
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Message par marzipan » 10 Nov 2004, 20:15

Désolé si je t'ai heurté par l'utilisation du terme "chiffré" au lieu de "traité", mais calmos dans le procès d'intention. Je ne suis quand même pas abruti au point de considérer qu'il n'y aurait "que" 145 cas dans toute la France. Je relevais simplement que c'était le seul chiffre réellement sourcé dans ce rapport.

Par ailleurs, sur le site du gvt, on parle d'une "évaluation" du GAMS. Donc, si quelqu'un a des infos là-dessus qu'on nous dise comment est effectuée cette évaluation ? Combien de cas réellement constatés, tels les 145 de VdF, et quel est le procédé utilisé pour arriver à une "estimation" de 70 000 cas de mariages forcés.

Quand l'association Elele évoque 94 et 98% de mariages "arrangés" chez les jeunes d'origine turque, j'espère que vous n'imaginez quand même pas qu'il s'agisse d'autant de mariages "forcés". Même si le rapport semble lui confondre allègrement les deux notions.

C'est une question que peu de gens semblent connaître, il faut donc redoubler de précaution sur les données utilisées.

Pour ce qui est de l'alliance préférentielle avec le cousin germain, elle se rencontre dans de nombreuses régions d'Afrique et d'Asie. C'est une structure anthropologique complexe qui effectivement détermine le côté "arrangé" du mariage mais qui n'est pas forcément synonyme de violence, de brutalités ou de soumission tel que c'est le cas dans un mariage "forcé".
Dans le cas d'un environnement socio-culturel qui privilégie l'union avec un parent proche, dès l'enfance, l'individu sait que s'il choisit de déroger à cette règle, il sera exclu de son groupe d'origine. Donc, bien souvent, l'individu privilégie la sécurité du groupe familial ou clanique plutôt que de s'aventurer vers l'inconnu.
De même qu'il y a encore peu en France les familles déshéritaient les individus coupables de "mésalliance". Et que certains préférent encore se marier avec un "bon parti" plutôt que de risquer le clash familial.

Mais puisque que je ne parviens manifestement pas à formuler une définition du mariage arrangé qui vous convienne, posons la question autrement :

Comment qualifiez-vous le mariage de deux personnes qui ne s'aiment pas ? Et pour que cela soit encore plus clair : de deux personnes "françaises de souche".

Il me semble que la litterature française du XIXe et du XXe a plus que largement puisé son inspiration
dans de telles situations.
marzipan
 
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Message par Nadia » 11 Nov 2004, 13:41

Si tu veux savoir comment le GAMS (et les autres associations) parviennent à un chiffre de 70 000, tu peux parfaitement leur demander. Demande aussi au passage sur les mutilations sexuelles, 35 000 fillettes mutilées ou menacées de l'être. Indication : c'est bien plus douloureux et traumatisant que la circoncision.
Nadia
 
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Message par marzipan » 12 Nov 2004, 10:41

Autant sur l'excision il n'y a aucune constestation possible, autant je continue à m'interroger sur la confusion entre mariage arrangé et forcé. On ne peut pas utilement et efficacement combattre quelque chose que l'on ne connaît pas.

Tant que la lutte contre l'excision était portée le féminisme occidental, rien n'a bougé sur le terrain. Mais c'est quand les Africaines se sont appropriées ce combat au nom de leurs propres valeurs et de leur propre culture que l'excision a commencé à reculer. C'est exactement le sens du combat du Gams (dont, pour l'anecdote, la vice-présidente porte toujours un foulard en public).

Mais si dire cela c'est se placer du côté de l'oppression... :altharion: ça a autant de valeur que de classer l'idéal communiste du côté de la barbarie stalinienne.

Et j'en reviens à ma question, si mariage forcé=mariage arrangé : comment qualifiez-vous le mariage de deux adultes qui ne s'aiment pas ?
marzipan
 
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Message par Nadia » 12 Nov 2004, 11:12

Je te le répète, le GAMS évalue à 70 000 le nombre de mariages forcés en France. Puisque tu dis connaitre un peu sa vice-présidente, demande-lui de t'en parler. Parce qu'apparemment, tu ne connais strictement rien de la situation des femmes "d'origine immigrée" en France.

Si tu as des éléments (autre que ta cousine qui s'est mariée avec ton boulanger parce qu'il bossait la nuit), sors-les nous, plutôt que de nous répéter toujours les mêmes platitudes !

A défaut, on ferme le fil.
Nadia
 
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Message par Barikad » 12 Nov 2004, 12:22

(canardos @ vendredi 12 novembre 2004 à 11:16 a écrit : des cas de mariages forcés, il y en a des centaines, avec des filles parties en vancances et bloquées au pays. lis les faits divers...mais la tu 'interroges...


Et bien, moi, des cas comme cas, j'en ais connus plusieurs, et pas dans les faits divers. Pour moi, c'est des noms et des visages de gamines, partis "en vacances" au bled, revenues quelques années plus tard, mariées et mères de Familles. Je me souviens particulierement d'une Fatou, me disant deux jours avant de prendre l'avion "t'inquiètes pas, mon père il m'a promis que je revenais après les vacances". Elle avait 15 ans à l'epoque. Elle n'est pas revenu de Bamako et j'ai appris par les petites soeurs qu'elle est mariée maintenant !
Alors, Marzipan, ton discours m'est particulierement insuportable.
Barikad
 
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