par lohen » 07 Oct 2006, 17:48
Plusieurs petites réactions à la discussion:
1) je ne pense pas que la situation soit marquée par la paix sociale. 1995, 2003, les évènements du CPE marquent et ont marqué la situation actuele. On a connu des situations plus chaotiques mais il existe aussi des situations plus calmes.
2) je ne pense pas qu'il faille présenter les revendications transitoires comme étant in-intégrables. Cette façon de faire date un peu. A l'époque il y avait les maos (en tout cas dans ma campagne), et eux, nous traitaient de réformistes parce que nous ne revendiquions pas immédiatement la dictature du prolétariat : (3 parties de ping-pong plus tard et une visite de Nixon à Mao ils achetaient une cravate et prenaient leurs cartes au Rotary, mais bon).
3) les revendications transitoires sont définis de cette façon dans la PDT:
"Il faut aider les masses, dans le processus de leurs luttes quotidiennes, à trouver le pont entre leurs revendications actuelles et le programme de la révolution socialiste. Ce pont doit consister en un système de REVENDICATIONS TRANSITOIRES, partant des conditions actuelles et de la conscience actuelle de larges couches de la classe ouvrière et conduisant invariablement à une seule et même conclusion : la conquête du pouvoir par le prolétariat."
De ce point de vue, on peut essayer de trouver une formulation plus "populaires" des revendications du programme; "l'interdiction des licenciements" en est une.
"Toutes les fractions du prolétariat, toutes ses couches, professions et groupes doivent être entraînés dans le mouvement révolutionnaire. Ce qui distingue l'époque actuelle, ce n'est pas qu'elle affranchit le parti révolutionnaire du travail prosaïque de tous les jours, mais qu'elle permet de mener cette lutte en liaison indissoluble avec les tâches de la révolution.
De plus aujourd'hui, même les plus petites revendications de salaires ou de maintien dans l'emploi remettent en cause l'absolu patronal.
4) La notion d'"arbitraire patronal" n'est pas forcément très bonne. Les décisions de nos tauliers ne sont pas arbitraires, elles sont rationnelles parce que pour eux, la rationalité c'est la maximisation du profit.
5) ce qui me gêne le plus c'est l'absence de références à la question du pouvoir. La question du gouvernement est absente et je me vois mal demander plus de pouvoir pour les Comités d'entreprise (ce qui est suggéré ou qui est écrit dans le programme des tenants du NON de gauche) pour empêcher les licenciements avec un gouvernement Sarko.
"Il est cependant inutile de se perdre en conjectures. L'agitation, sous le mot d'ordre du "gouvernement ouvrier et paysan", garde dans toutes les conditions une énorme valeur éducative. Et ce n'est pas par hasard : ce mot d'ordre généralisateur suit tout à fait la ligne du développement politique de notre époque (banqueroute et désagrégation des vieux partis bourgeois, faillite de la démocratie, montée du fascisme, aspiration croissante des travailleurs à une politique plus active et plus offensive). C'est pourquoi chacune de nos revendications transitoires doit conduire à une seule et même conclusion politique : les ouvriers doivent rompre avec tous les partis traditionnels de la bourgeoisie pour établir, en commun avec les paysans, leur propre pouvoir.
Ne pas lier une revendication de type transitoire et la question du gouvernement qui va les satisfaire, c'est se donner des bâtons pour se faire battre.