Bien que très critique sur les intertitres en particuler ... je poste cet article de presse :
a écrit :Besancenot, l'urgence sociale et le Nouveau parti anticapitalisteParu le Vendredi 18 Juillet 2008
MARC ENDEWELD
FRANCE - Le «Nouveau parti anticapitaliste» souhaité par la Ligue communiste révolutionnaire, qui sera constitué en janvier prochain, rencontre déjà un certain succès: dix mille militants participent à sa création.
À la télé, c'était l'événement du printemps: Olivier Besancenot, porte-parole de la LCR, était l'invité du talk-show dominical «Vivement Dimanche» de Michel Drucker. Banco, il a réalisé la meilleure audience de l'émission pour un responsable politique, devant Ségolène Royal! Il faut dire qu'à 33 ans, celui que les médias présentent souvent comme le «jeune facteur révolutionnaire», est le chouchou des Français dans les sondages. Une popularité qui dépasse de loin son électorat: au baromètre TNS Sofres, 43 % des Français souhaitent le voir jouer un rôle important à l'avenir, ce qui le place parmi les cinq premiers. Et à ceux qui critiquent son rapport aux médias, le porte-parole martèle: «la gauche anticapitaliste n'a pas vocation à rester dans une réserve d'Indiens. La révolution, on ne pourra la faire qu'avec la majorité de la population.»
Car il ne faut pas l'oublier: star médiatique, Olivier Besancenot est également un infatigable militant. Depuis que sa formation politique a lancé l'idée d'un Nouveau parti anticapitaliste (NPA), l'ancien candidat à l'élection présidentielle française de 2007 n'en finit plus de traverser le pays à la rencontre de toutes les luttes: manifestations, actions militantes, réunions, déplacements dans les quartiers...
Pour l'instant, tous ces efforts sont couronnés de succès. «Pour nous, le contrat est rempli. En 2009, il y aura un nouveau parti révolutionnaire avec lequel il faudra compter», assurait ainsi Olivier Besancenot en clôture de la première coordination nationale du futur NPA, qui se déroulait les 28 et 29 juin dernier à Saint-Denis, dans la banlieue parisienne, et où s'étaient rassemblés huit cents délégués représentant les trois cents comités créés dans les départements français.
La LCR en minorité
Le leader historique Alain Krivine avait d'ailleurs le sourire en annonçant le chiffre symbolique des dix mille militants engagés dans la création du nouveau parti (alors que la LCR ne compte que trois mille militants). Le processus engagé il y a quelques mois aboutira en janvier 2009 au congrès constitutif, juste après le congrès de dissolution de la LCR. Dans ce nouveau parti, Alain Krivine le jure: «La LCR y sera minoritaire. Le NPA ne sera pas une LCR bis. Comme l'ont constaté les gens qui sont venus à Saint-Denis: numériquement, les membres de la LCR étaient déjà minoritaires.»
Et Besancenot d'expliquer: «Le NPA ne sera pas le nom final, mais le terme «anticapitaliste» permet de fédérer les forces prêtes à discuter. D'ailleurs, nous n'avons pas un rapport fétichiste au parti. C'est un outil politique qui n'est pas une fin en soi, mais un moyen. Et c'est vrai qu'on est arrivé à la conclusion que la LCR n'était plus un outil politique adapté dans la période actuelle. Il en fallait donc un nouveau.» Et d'ajouter: «Tous ceux qui veulent en être sont les bienvenus, le NPA ne constituera pas un horizon politique indépassable. C'est une étape, mais à un moment donné il faut faire, et plus seulement dire 'il faudrait'.»
Mais rien n'y fait: au sein des personnalités de la gauche de gauche, beaucoup restent méfiantes. Comme Susan George, présidente d'honneur de l'association ATTAC, et signataire de l'appel de l'hebdomadaire Politis pour une «alternative à gauche»1, qui soulignait le 10 juin lors d'une émission de télévision sur France 3: «Besancenot est un excellent orateur et on peut l'admirer, mais je ne suis absolument pas certaine qu'il représente toutes les sensibilités des gens qui ont été pour le Non à la Constitution européenne, et je ne pense pas du tout qu'il accepte de discuter avec tout le monde.»
Pourtant, des discussions ont été engagées entre la LCR et tous les partenaires de la gauche de gauche: «Et au final le fait que la LCR soit le seul parti à participer à l'aventure est un vrai handicap, reconnaît Alain Krivine, Mais cette situation est liée à des raisons politiques: notre volonté d'une indépendance totale à l'égard du Parti socialiste (PS), et notamment la non-participation à des exécutifs avec eux. Sur ces deux points, les autres ne nous suivent pas.»
Panique au Parti socialiste
Comme beaucoup, Susan George se souvient que la LCR fut la première organisation politique à sortir du processus d'une candidature unitaire de la gauche de gauche en 2007: «là je fais aussi un mea culpa, nous avons été incapables à partir de la victoire du Non de rassembler et de proposer un seul candidat pour les élections de 2007, soupire-t-elle, nous défendions un Non très proeuropéen, et j'ai bien peur que Besancenot ne représente pas du tout cette sensibilité, mais qu'il soit très commode pour les médias pour dire: voilà l'extrême gauche, voilà les gens qui sont à la gauche du PS, alors que ce n'est pas le cas.»
Du côté du PS justement, c'est plutôt la panique. Une cellule spéciale a même été créée pour contrer l'ascension du leader d'extrême gauche dans les sondages. Dans une note de travail, le député socialiste Pierre Moscovici a même écrit qu'Olivier Besancenot était «le rêve de Nicolas Sarkozy, qui souhaite qu'il soit à la gauche ce que Le Pen fut à la droite», et qu'il était donc «une arme du pouvoir – qui la voudrait fatale – contre les socialistes»!
Un indéniable écho médiatique
Loin de ces commentaires, le député socialiste Benoît Hamon, qui se situe à la gauche du parti, développe un autre point de vue: «D'abord, Besancenot est le révélateur de la température sociale du pays, et de l'incapacité du PS à être l'interprète des protestations d'aujourd'hui qui montent dans le pays face aux politiques libérales. Ensuite, par le passé, nous n'avons jamais eu besoin de Besancenot pour perdre les élections, et la tradition de la LCR a toujours été de se désister en faveur de la gauche pour battre la droite, donc je ne suis pas inquiet. Pour moi, l'enjeu reste principalement les classes populaires, qui ont manqué à la gauche pour gagner.»
Sur ce terrain-là, les différentes déclarations médiatiques d'Olivier Besancenot et la création du NPA ont rencontré un indéniable écho. De fait, la dynamique qui se met en place avec la création du nouveau parti permet, dans une certaine mesure, à l'urgence sociale de s'exprimer. Et ce, au moment même où, en plus des réformes conservatrices du président Sarkozy, les plus modestes ont à supporter une crise économique qui s'éternise.
«Les gens qu'on voit arriver en réunion n'en ont rien à foutre des appareils. Beaucoup ont du mal à boucler les fins de mois. Il y a beaucoup de jeunes ou de femmes qu'on n'avait pas l'habitude de voir dans nos réunions militantes», constate Gilbert Guédon, 54 ans, qui participe depuis quelques mois au NPA dans la région d'Avignon, après avoir milité pour le Non au référendum européen.
«Je ne suis pas un militant de la LCR, et d'ailleurs j'avais été très déçu quand ce parti avait été le premier à faire exploser la dynamique des collectifs du 29 mai, mais depuis le Traité constitutionnel européen (TCE), je cherchais une traduction à mes questions politiques», explique Gilbert Guédon. «Ce qui me fait prendre racine au NPA, c'est que la LCR y est effectivement minoritaire – moins d'un tiers dans notre comité. La dissolution est réalisée de fait, même si je reste sur mes gardes jusqu'à l'étape déterminante des statuts en janvier. Beaucoup de copains militants d'ATTAC, ou du PC, sont sur le pas de la porte, car ils n'ont pas envie de se faire avoir à nouveau.»
Parmi les futurs adhérents du NPA, si certains viennent d'autres partis, de syndicats, ou d'associations altermondialistes, un nombre non négligeable n'ont aucune expérience militante, notamment beaucoup de jeunes: «à la dernière réunion, c'était étonnant: il y avait sept jeunes âgés entre 19 et 23 ans! Besancenot est une véritable caisse de résonance qui parle à d'autres générations», s'exclame Gilbert.
«Le trotskisme, je m'en tape»
A Avignon, c'est le cas d'Abdel Zahiri, 28 ans, responsable associatif dans le quartier populaire de la Rocade: «Je ne sais pas du tout ce que c'est le trotskisme, je m'en tape. Mais contrairement aux autres partis, nous avons notre place au NPA. Olivier Besancenot fut le seul responsable politique depuis quinze ans à venir dans notre quartier. Et moi par exemple, je suis devenu délégué à la commission nationale des quartiers, et à la commission nationale d'animation chargée de coordonner l'ensemble des propositions avant le Congrès de janvier. Je reprends espoir, mais le NPA ne vivra que si les quartiers s'en emparent.»
Devant cette attente considérable, Alain Krivine est conscient que le NPA ne doit pas décevoir. «Depuis des mois, explique-t-il, nous recevons des milliers de lettres de gens qui nous racontent leur détresse: 'je ne peux plus finir mes fins de mois', 'je viens d'être licencié'. Le NPA a suscité un immense espoir. Nous avons effectivement une responsabilité énorme, et nous sommes conscients que nous sommes tout petit, nous le répétons d'ailleurs sans cesse, nous n'avons pas remplacé le PC, sa force, sa tradition... Il faut replacer le succès du NPA dans un contexte très difficile pour la gauche française, c'est pourquoi nous ne faisons pas de triomphalisme. Les gens qui viennent nous rejoindre ont un fort sentiment anti-PS, ils sont extrêmement déçus par ce parti, ils nous disent que c'est nous qui représentons aujourd'hui la gauche, alors que la droite n'a jamais autant tapé.»
En tout cas, la dynamique du NPA est lancée. Celle-ci est illustrée par l'altermondialiste Raoul Marc Jennar, qui vient de rallier le parti, et Clémentine Autain, ancienne adjointe au maire à la jeunesse de Bertrand Delanoë à Paris, et apparentée PC, qui était bien présente à Saint-Denis. L'annonce d'une nouvelle recomposition de la gauche de gauche en France? I
Note : 1Voir Politis du 15 mai.