par Puig Antich » 13 Août 2008, 23:29
A part enchainer toujours les mêmes formules creuses, il t'arrive de discuter ?
Première formule creuse. " L'issue viendra de la masse ". Oui, très bien, une fois qu'on a dit ça on a à la fois tout dit et rien dit. Si c'est pour dire : les révolutionnaires doivent chercher à organiser les masses, car c'est elles qui feront la révolution. Merci de nous le rappeler, mais je pense qu'à part deux ou trois urluberlus tout le monde est d'accord dans le mouvement révolutionnaire.
Je pense que cela signifie surtout : vu que l'issue viendra de la masse, il est juste et normal de flatter les préjugés supposés des masses ou d'une partie de celle-ci. Ca marche pour la République, l'Europe, mais aussi pour les syndicats, tiens ! Dire que l' " issue viendra de la masse ", cela peut aussi vouloir dire renoncer à construire un parti strictement communiste - vu qu'au final, la " masse " par elle-même, dans ses différents " courants ", peut bien s'en sortir toute seule.
On en arrive à la seconde formule creuse, et cette fois ci littéralement fausse : " Dans les syndicats il y a une règle: ne pas les mélanger avec une direction d'un ou des partis politique, tu t'imagines la division entre les militants syndiqués? " Hé bien justement, les communistes révolutionnaires, le " parti " politique des communistes donc, qui n'existe pas encore sous son aspect formel, est le seul qui défende véritablement, en dernière analyse, l'unité entre les militants syndiqués (qui se placent d'un point de vue prolétarien - car défendre l'unité avec Mailly, c'est autre chose).
Toutes les autres tendances du mouvement ouvrier sont pour constituer des syndicats à part pour chaque tendance politique : anarcho-syndicalistes, sociaux-démocrates, etc. Seuls le corps de programme marxiste défend jusqu'au bout l'existence d'organe de défense unitaire économique de la classe ouvrière. C'est dû au fait qu'à la fois " ils n'ont pas d'intérêt distinct des autres partis ouvriers ", et qu'ils défendent "dans chaque mouvement sectoriel ou national les intérêts généraux du mouvement" - c'est grosso modo comme ça que Marx théorisait ce que l'IC appelera plus tard " l'unité du front prolétarien ". Donc, l'existence de syndicats regroupant tous les ouvriers indépendamment de leurs croyances philosophiques - comme le veut la Chartes d'Amiens pour le coup - est une lutte permanente, politique, des communistes - à cette différence qu'ils veulent en faire " l'école du communisme ", les amener à jouer un rôle positif dans la révolution - à côté et sous la direction de l'indispensable parti de classe.
En fait, la Chartes d'Amiens n'a pas été comme tu le dis " adoptée unanimement par la classe ouvrière française". C'est un compromis entre anarchistes, syndicalistes révolutionnaires, jauressiens, allemanistes je crois aussi, contre les guesdistes qui défendait l'incorporation au parti socialiste. A ce moment là du mouvement ouvrier en France, elle a pu donner l'illusion de jouer un rôle positif, en sauvegardant l'autonomie des syndicats par rapport à une social-démocratie qui s'intégrait au capitalisme et à l'état bourgeois - comme allait le démontrer la suite, avec la trahison de 1914. A cette différence prêt que la plupart des dirigeants anarcho-syndicalistes qui avaient défendu la Chartes d'Amiens ont trahi également - c'est néanmoins ce milieu, plutôt que les sociaux-démocrates, qui a fourni ses meilleurs cadres au jeune parti communiste après le congrès de Tours. Les ex-socdems repentis du style Cachin l'ont surtout pollué, et ont favorisé ultérieurement le cours stalinien - bon là on s'éloigne.
On en arrive au point final de la discussion. Avec des arguments aussi développés que ceux que je viens de démonter, tu en arrive au final à prétendre qu'à la fois ce qu'a pu dire Trotsky comme ce qu'a dit l'I.C. sur le syndicalisme n'est plus valide aujourd'hui - dans les grandes lignes. Si je comprends bien, tu es en train de reconnaître que ton organisation révise les principes ? Il faudrait je pense une démonstration un peu plus développée pour nous convaincre de tirer un trait sur les principales leçons programmatiques, tactiques et stratégiques que s'est forgé le mouvement ouvrier au cours du siècle dernier !