Informations Ouvrières N° 158, semaine du 21 au 27 juillet 2011
L'EDITORIAL
Des Churchill au petit pied…
C’est à qui, à « gauche », ira le plus loin.
Les déficits publics ?
Hollande s’engage (Le Monde, 17 juillet), à les « descendre à 3% du PIB » et à « rééquilibrer nos comptes publics dès 2013 », annonçant pour cela « un effort supplémentaire ».
Martine Aubry, le même jour sur France Inter: « Nous nous sommes engagés dans le projet socialiste à respecter les engagements de la France, 3%dès 2013 de déficit, puisque c’est la règle aujourd’hui », avec, là aussi, promesse d’« efforts » et de « sacrifices ».
La dette publique ?
L’un et l’autre —et avec eux tous les dirigeants du PS et de « la gauche de la gauche » — s’accordent à dire qu’elle doit être honorée (1).
L’hebdomadaire Le Point annonce: « Nous nous dirigeons vers l’austérité générale en Europe (…). La France, elle est le prochain pays sur la liste. »
Il s’agit, tout de suite, d’« absorber 100 milliards d’euros », des « prélèvements (qui) ne financeront pas le service public, mais le remboursement de la dette », précise Le Point, pour qui « la situation en France empire beaucoup plus vite qu’en Italie ».
En Italie, précisément…
La « gauche » a voté contre le plan de rigueur d’une violence inouïe .
Ses voix n’étaient pas nécessaires à son adoption .
On lit toutefois dans La Repubblica que, le 9 juillet, les dirigeants des partis de gauche et du centre ont adopté un pacte préconisant « des réformes encore plus impopulaires que celles avancées par Tremonti (…). Au besoin, avec plus de larmes et de sang. »
« Du sang,de la sueur et des larmes », c’était la « promesse » de Churchill à l’aube des bombardements intensifs sur Londres, en 1940.
L’heure est donc au vocabulaire guerrier et à l’union sacrée dans les cercles politiques italiens, tandis qu’au plan syndical , les confédérations signent la remise en cause des conventions collectives.
Chez nous aussi faudrait-il accepter l’union sacrée invitant patrons et ouvriers, spéculateurs et chômeurs, banquiers et travailleurs précaires à partager les sacrifices ?
Alerte, danger !
Tandis qu’on amuse la galerie avec des primaires et des « petites phrases » qui n’intéressent personne, on s’apprête, en haut lieu, et sans attendre 2012, à tenter d’imposer un plan de rigueur d’une brutalité sans précédent.
Et l’on cherche, pour cela, à contraindre les travailleurs et leurs organisations à une discipline sans faille au nom de la dette, des déficits et de la rigueur.
Le devoir du mouvement ouvrier est de refuser de tomber dans ce piège et de se dresser en toute indépendance contre ces plans.
C’est ce que disent à leur façon les militants ouvriers qui ont lancé l’appel publié dans nos colonnes la semaine dernière.
C’est ce que nous dirons avec travailleurs, militants et responsables venus de toute l’Europe dans le meeting internationaliste du 1er octobre.
Meeting de combat et de rassemblement, qui, sur son propre plan, préparera dans notre pays les conditions du choc inéluctable qui mûrit.
Dehors la troïka !
Annulation de la dette !
Non aux plans de rigueur et d’austérité !
Pas un emploi, pas un service public, pas un droit ouvrier ne peut ni ne doit être sacrifié sur l’autel de la dette et des déficits publics !
Daniel Gluckstein Secrétaire national du POI
(1) Même le Parti de gauche, le PCF et le NPA, dans une déclaration commune (18 juillet), dénoncent les « dettes illégitimes » pour conclure: « Il faut exiger un moratoire et des audits citoyens sur les dettes publique. » Un moratoire qui suspend les remboursements aux banquiers… avant de les reprendre ? Des audits pour déterminer ce qui doit être payé et ce qui doit être restructuré ?