par Front Unique » 20 Mars 2011, 11:36
Informations Ouvrières N° 140, semaine du 17 au 23 mars 2011
L'EDITORIAL
Contradiction totale
Certes, il ne répond pas à toutes les attentes de la classe capitaliste allemande, qui reproche à Merkel ses concessions.
Adopté le 11 mars, à Bruxelles, le « pacte pour l’euro » n’en est pas moins un étau pour contraindre, dans chaque pays, à la « modération salariale », aux « réformes du marché du travail », à la flexibilité, au recul de l’âge de départ en retraite.
Tout cela, au nom de la « réduction des déficits publics ».
Un étau que chaque gouvernement, à son tour, resserrera autour de sa propre classe ouvrière.
A peine finalisé, ce pacte pour l’euro doit être complété, en France, par une réforme de la Constitution dont le projet devait passer en Conseil des ministres le 16 mars.
Il s’agit d’instaurer l’obligation constitutionnelle de « l’équilibre des finances publiques ».
Avec cette réforme, l’Etat serait en droit de refuser la simple ouverture de négociations avec les syndicats dès lors que la revendication serait décrétée anticonstitutionnelle, parce que contraire à la « réduction des déficits ».
Une telle attaque achèverait de faire de laVe République et de l’Union européenne l’étouffoir de la démocratie, un carcan corporatiste où les organisations syndicales n’auraient d’autre droit que d’exécuter les exigences de l’Union européenne et des fonds spéculatifs.
Qu’est-ce qui donne à ce président et ce gouvernement, rejetés de toute part, une telle audace ?
Ils ne s’en cachent pas.
Ils comptent amener « la gauche » (et singulièrement la direction du Parti socialiste) à prendre en charge la réforme constitutionnelle.
« Si le PS s’y oppose, il devra assumer », a déclaré Fillon.
Il est vrai que le pacte pour l’euro est contresigné par les Premiers ministres « socialistes » Papandréou et Zapatero (qui vient de signer avec les responsables des centrales syndicales espagnoles un « pacte social » donné en exemple dans toute l’Europe !).
En France, le Parti socialiste a élaboré un projet de « loi programme pour 2012- 2017 » dans laquelle il fixe lamême priorité: la « résorption des déficits publics » dans le cadre des contraintes européennes (1).
La contradiction est totale entre, d’une part, le mouvement qui voit les travailleurs et le peuple en Tunisie s’organiser pour conquérir la liberté et la souveraineté, exigeant une Assemblée constituante souveraine, et, d’autre part, cette tentative d’imposer en France le carcan antidémocratique de la réforme constitutionnelle.
Les travailleurs, les jeunes, les militants de toutes tendances qui, au quotidien, se mobilisent pour défendre les classes, les écoles, les lits dans les hôpitaux, les bureaux de poste, les services publics, comme tous ceux qui se sont mobilisés à l’automne par millions contre la réforme Fillon-Woerth des retraites, tous ne peuvent que dire: non à l’étouffement de la démocratie !
Le Parti ouvrier indépendant,qui a pris position depuis sa fondation pour la liquidation des institutions antidémocratiques de la Ve République et la rupture avec l’Union européenne, et qui combat en France pour l’Assemblée constituante souveraine, prend ses responsabilités.
Sans faire de ses positions un préalable ou une condition, il en appelle à l’unité pour mettre en échec le projet liberticide.
Non à la réforme constitutionnelle, non à la dictature de la « réduction des déficits publics » !
Daniel Gluckstein
Secrétaire national du POI
(1) « La lutte contre les déficits est nécessaire », déclare le dirigeant du PS Michel Sapin, tandis que son collègue Jérôme Cahuzac accuse le gouvernement Sarkozy de ne pas « avoir respecté les règles européennes » en vigueur.