Informations Ouvrières N° 113, semaine du 2 au 8 Septembre 2010
L'EDITORIAL de Daniel GLUCKSTEIN
N’en déplaise à Noblecourt.
A quelques jours du 7 septembre, l’urgence est « de résister à tout slogan de retrait du projet de loi ».
Ainsi s’exprime la direction de la CFDT dans sa circulaire n° 42 (24 août).
Au même moment, le journal Le Monde, par la voix de Michel Noblecourt, se félicite de « l’alliance entre la CGT et la CFDT qui, jour après jour, se solidifie », au point même que « M. Chérèque et M. Thibault dépassent le cadre de leurs organisations et parlent au nom du mouvement syndical » (1).
Est-ce bien la réalité ?
Reprenons.
Le 23 août, sept organisations syndicales signent un communiqué : « Le gouvernement et les parlementaires doivent entendre la mobilisation des salariés et répondre à leurs revendications pour d’autres choix en matière de retraites » ; de son côté, le même jour, Force ouvrière réitère son appel à faire grève et manifester le 7 sur le mot d’ordre « retrait ».
Dès le 24, un nombre croissant d’unions départementales et de syndicats de la CGT se prononcent pour le retrait.
Dans tout le pays, les appels intersyndicaux se multiplient.
N’en déplaise à Noblecourt, l’état d’esprit de la classe ouvrière, des syndiqués et responsables à différents degrés, se rassemble sur une exigence: « Ni amendable, ni négociable, retrait de la réforme Woerth ! ».
Au plan politique, le 26 août, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, prononce un discours, où il se risque à déclarer: « Ce pouvoir (…) devra retirer la réforme des retraites » (AFP).
Discours censuré le lendemain dans L’Humanité qui supprime la phrase en question.
Le même jour, Laurent Fabius confirme (Le Monde) que le maintien de la retraite à 60 ans (hormis pour « les personnes les plus modestes ayant commencé à travailler tôt ») ne fait pas partie des projets du Parti socialiste.
Le mot d’ordre « retrait » concentre une aspiration majoritaire.
La classe ouvrière n’en peut plus de la misère, du chômage et des coups portés par ce gouvernement et ces institutions faillis.
De fait, le mot d’ordre de « retrait » a un contenu politique.
Il signifie : rupture avec l’Union européenne, le Fonds monétaire international (FMI) et la classe capitaliste qui dictent la contre-réforme.
Si les dirigeants du PS, du PC et leurs alliés s’acharnent aujourd’hui obstinément contre ce mot d’ordre, si à l’Assemblée nationale, ils amendent, en marge, le projet du gouvernement, c’est parce qu’ils refusent de s’engager sur la voie de la rupture.
Leur politique — d’hier, d’aujourd’hui et celle qu’ils promettent pour 2012 — reste cadrée par l’allégeance aux plans de l’Union européenne et du FMI (ce dernier étant par ailleurs dirigé par le « présidentiable » « socialiste » Dominique Strauss-Kahn).
Pour sa part, le Parti ouvrier indépendant a engagé dès janvier une campagne politique pour l’unité, contre le consensus, contre toute contre-réforme des retraites, puis pour le retrait.
Informations ouvrières, tribune libre de la lutte des classes, a ouvert ses colonnes aux prises de position syndicales et intersyndicales qui convergent sur l’exigence du retrait. Tout simplement parce que le POI est indépendant de la classe capitaliste, du FMI et de l’Union européenne.
Restent les faits.
Le 7 septembre, la classe ouvrière déferlera par millions et millions dans la grève et la manifestation.
Elle dira ce qu’il en est : « retrait » !
Daniel Gluckstein
Secrétaire national du POI
1) Noblecourt en profite pour saluer la « position commune » de 2008 qui bouleverse les critères de