a écrit :Une partie de la gauche et de l'extrême-gauche a tendance à sombrer dans le misérabilisme et la compassion généreuse du grand frère blanc et c'est aussi un côté chiant.
La tendance à ne pas "vouloir stigmatiser une population déjà fragile" courante chez les cathos de gauche me semble plus reposer sur une vision paternaliste que sur une réalité concrète et la phrase de Rouge me semble relever de ce paternalisme.
Les commentaires sur la coupabilité de l'homme blanc me rappellent le dernier livre de Minc. Or, A. Minc a toujours tort.
La réalité concrète est que les populations issues du Nord de l'Afrique (et la plupart des immigrés, mais il s'agit du groupe le plus important au XX siècle en France) ont été intégrées de facon collective et subordonné au capitalisme nationale. De ce fait, on peu parler d'une division ethnique du travail en France. Plusieurs mécanismes sociaux (discrimination par le diplôme, or, ces jeunes habitent des ZEP défavorisés qui donnent peu de débouchés scolaires; discrimanation pal'argent, car une bonne "tenue" et l'éducation coutent de l'argent; discrimination au faciès qui les exclut de facto de toute une série d'emplois de service, etc) sont en place pour orienter les jeunes isssus de l'immigration vers les taches les plus dures et les moins valorisés socialement. C'est ainsi, et n'importe quel militant pourra te le dire, que ces jeunes issus de l'immigration sont énormemément sur représentés dans le secteur de la production, la manutention et de la construction. Or, il s'agit des secteurs qui souffrent le plus des délocalisations et des destruction d'emplois, ils sont donc sur représentés dans les chomeurs, tout simplement parce qu'ils ne pourraient pas trouver un emploi ailleurs, dans les services. Du fait de la discrimination sociale et de leur subordination économique, il s'agit effectivement d'une population plus fragile que les autres couches du prolétariat. Ce n'est pas la coupabilité de l'homme blanc qui nous fait dire ca mais le constat des effets du chômage et les discussions avec ces jeunes "arabes" (alors qu'ils sont francais) dans les lycées, des jeunes qui t'expliquent qu'ils ne foutent rien parce que "de toute facon, je serais chômeur", "je ne pas envie d'être un prolo, comme mon père", "en dealant je gagne plus". Bien entendu, il y a des exceptions, des jeunes qui s'en sortent bien.
Nous accuser de "simple paternalisme" et dire que "tous ne sont pas comme ca" revient à évacuer un vrai problème pour l'extrême-gauche. A savoir, que désormais eaucoup de jeunes pensent comme ca et se sentent agressés par "l'état francais raciste" (et l'état francais, par ses politiques et leur application, est bien un état raciste) et trouvent refuge, du moins quelques uns dans leur identité"musulmane". Ce qui est nouveau, c'est que la communauté algérienne, par exemple, lorsqu'elle est arrivé en france était très peu pratiquante, mais aujourd'hui, la troisième génération est assez pratiquante, en tout cas, infiniment plus que les antérieures. Beaucoup de ces jeunes ont trouvé l'encadrement qu'il cherchaient et la dignité que la France leur refusait dans le fait d'être un bon musulman. Puis, même sans être musulman, beaucoup de ces gens de la banlieue se sentaient, avec raison, discriminés parce qu'arabe, aujourd'hui, avec les fantases du 11 septembre et des guerres, ils se sentent aussi discriminés parce que musulman. Ce ne pas du paternalisme que de constater cette réalité.
Pour des militants d'extrême gauche, qui espérent gagner ces jeunes à la lutte de classe et à notre projet de société communiste, et athée aussi, il est important de se rendre compte de ces évolutions. La construction d'une riposte "proletaire" contre les attaques de la bourgeoisie nous exige de lutter contre toutes les maneuvres de l'état, comme cette loi, visant à approfondir les clivages au sein du prolétariat. Pour gagner ces jeunes, il nous faudra aussi leur apporter une réponse spécifique à leur problèmes, car il ne sont pas exploités qu'en tant que prolétires, ils sont aussi exploités en tant qu'"arabes".
Est ce que la campagne contre le voile est juste. Ma réponse est oui, le voile est ne oppression pour les femmes. Mais quelle réponse donne-t-on lorsqu'on nous fait remarquer que tout le monde fait un caca nerveux sur la question du voile mais qu'on s'en fout que des gamines de 15 ans se trémoussent en string devant les caméras pour devenir des futurs modèles pour les filles? Pourquoi une lutte et pas l'autre? Pourtant, c'est bien un eoppression vis à vis des femmes, non? Cette comparaison prouve que la bourgeoisie ne s'est jamais placé sur le terrain de la lutte pour la libération des femmes. Si elle ne choisit pas ce combat mais celui contre le voile, c'est bien aussi parce que les gosses en string de 15 ans vendent des disques et les nanas voilées sont "arabes" et elles font peur. Moyen facile pour gagner des voix, celle du FN peut être ?
La position de la LCR me paraît donc très juste. Lutter contre le voile, à l'école comme dans les entreprises, mais pas de loi.