a écrit :Rouler à l'huile de friture, solution verte en plein choc pétrolier
AFP 30.08.05 | 09h52
Faire fonctionner les voitures à l'huile de friture usagée: au moment où les prix de l'essence battent record sur record, "l'oasis du biocarburant", près de San Francisco (Californie), suscite de plus en plus d'intérêt.
Depuis quelques mois, l'"oasis", raison sociale d'une petite station-service à Berkeley, berceau de la contestation contre la guerre du Vietnam dans les années 1960 et siège de l'université prestigieuse du même nom, attire un nombre croissant de conducteurs de véhicules diesel.
C'est que l'"oasis", ouverte fin 2003, est le seul point d'approvisionnement à 70 km à la ronde en "biodiesel". Ce carburant, 100% naturel, car obtenu à partir d'huile de friture, peut faire fonctionner la plupart des véhicules diesel.
Aux Etats-Unis, le diesel est très peu répandu pour les voitures particulières et le gasoil coûte environ 8% plus cher que l'essence sans plomb de la meilleure qualité, soit la situation contraire de celle qui prévaut généralement en Europe.
Le vivier de clients potentiels pour le biodiesel est donc réduit. Mais cela n'a pas empêché le nombre d'habitués de l'"oasis du biocarburant" de tripler depuis ses premiers mois de fonctionnement, selon une des co-fondatrices de l'affaire, Jennifer Radtke.
L'endroit ne paye pas de mine, avec une piste à peine suffisante pour une voiture, une seule pompe et un bureau fait de bric et de broc. Sur un de ses murs est punaisé une copie de la Déclaration d'indépendance des Etats-Unis (1776), sous laquelle le chanteur de country Willie Nelson, de passage, a apposé son autographe.
"Les gens découvrent que nous sommes là, et qu'ils peuvent acheter du biocarburant. Ensuite, ils vont acheter une voiture diesel", affirme Mme Radtke. "Beaucoup ne veulent pas que leur argent aille au pétrole ou à la guerre" en Irak, assure-t-elle.
Ali et Justin Weber ne s'expriment pas autrement lorsqu'ils arrivent quelques minutes plus tard pour faire le plein de leur voiture et parler raffinage avec Mme Radtke, qui donne des cours sur la façon de faire soi-même son carburant à la maison, à partir de n'importe quelle huile végétale.
"Si nous ne pouvons pas diriger la façon dont sera attribué l'argent de nos impôts, au moins, nous pouvons éviter de soutenir l'industrie pétrolière", affirme Mme Weber, en serrant son bébé contre elle. "Nous ne voulons pas dépendre du pétrole (...) nous devons penser à l'avenir".
Elle se flatte du fait que sa Volkswagen consomme très peu, environ 6 litres aux 100 km, et que la différence entre le prix du biodiesel et le diesel classique tend à se réduire, rendant le carburant alternatif de plus en plus intéressant.
Pour raffiner soi-même du carburant, il faut disposer d'un garage ou d'une allée afin d'installer un matériel qui coûte environ 500 dollars, selon Mme Radtke. Ensuite, il ne reste plus qu'à démarcher les restaurateurs du quartier, trop heureux de se débarrasser d'huiles dont les compagnies de recyclage leur facturent normalement l'enlèvement.
Une fois filtré et avec l'addition d'un peu de méthanol et d'autres ingrédients pour lui donner les mêmes propriétés physiques que le gasoil, le biocarburant est prêt à être versé dans le réservoir de la voiture.
Cerise sur le gâteau, en roulant, le véhicule ne dégagera plus l'odeur nauséabonde et caractéristique du gasoil brûlé: le pot d'échappement libèrera dans l'air une odeur de friture ou de pop-corn, selon l'huile choisie.
Mais attention, explique Mme Radtke: "Il faut chercher de la bonne huile, pas ces trucs qui sortent des fast-foods comme McDonald's".