a écrit :FSE de Londres : une caricature et la fin d'un cycle
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Bernard Cassen, président d'honneur d'ATTAC a dit lors d'une
interview au journal Libération que le Forum Social Européen était «
peu social, peu européen, peu écologique ». Il aurait pu ajouter
qu'il était franchement anti-laïque et que certains séminaires
ressemblaient plutôt à des grandes messes monolithiques fidélisant
l'alliance de l'extrême gauche communautariste avec l'intégrisme
religieux radical. La direction islamogauchiste du FSE a réussi là
l'apothéose de sa mission.
Tout d'abord, il y avait beaucoup moins de monde qu'à Paris en 2003.
La chute vertigineuse de la fréquentation du FSE de Florence en 2002
à Londres en passant par Paris est impressionnante et ne s'expliquent
pas uniquement avec des arguments du style « les Italiens mobilisent
plus ».
Par ailleurs, les séminaires qui drainaient le plus de monde étaient
ceux qui traitaient de l'islam, du Proche-Orient, de la guerre
d'Irak. Beaucoup moins de monde dans les séminaires sociaux et pas du
tout dans les séminaires laïques puisque la direction du FSE n'en
voulait pas : on se rappelle le séminaire laïque du FSE de Paris
organisé par la Fédération Humaniste Européenne et 20 organisations
laïques européennes qui ont vu leur séminaire refusé par la direction
du FSE les sommant d'aller écouter dans la salle un séminaire (de
type camp de rééducation stalinien) organisé par la LDH, la Ligue de
l'Enseignement et la FSU.
Puis, il apparaît clairement que la direction du FSE a organisé
l'ordonnancement du FSE pour permettre à Tariq Ramadan de participer
à 7 séminaires. Quand on sait qu'un séminaire dure 2 ou 3 heures et
qu'il faut caser cela en deux jours, il faut une volonté de fer pour
lui permettre de les faire en enfilade. Par contre, ceux qui
poursuivaient des filières sociales devaient choisir entre des
séminaires qui se passaient en même temps.
Que Tariq Ramadan ait écrit une préface du livre de Yusuf Al
Qaradawi, prédicateur des Frères musulmans, mouvement crée par le
grand-père de Tariq Ramadan, cela n'a aucune importance pour la
direction du FSE.
Que Tariq Ramadan soit favorable au fait que les filles touchent la
moitié de l'héritage des garçons car c'est marqué dans le Coran et
qu'il réponde à ceux qui militent pour l'égalité hommes-femmes qu'ils
n'ont qu'à demander à leur Etat de payer la différence, cela n'a
aucune importance pour la direction du FSE.
Que Tariq Ramadan refuse d'appeler à l'éradication de la pratique de
la lapidation des femmes adultères parce que c'est marqué dans le
Coran mais dit quand on le pousse qu'il serait d'accord pour un
moratoire pour que les imams intégristes puissent en discuter, cela
n'a aucune importance pour la direction du FSE.
La direction islamogauchiste du FSE a même osé intituler un
séminaire « le voile : un droit de choisir pour les femmes ». Alors
qu'il y a une quarantaine d'années, le mouvement féministe utilisait
la notion du « droit de choisir » pour l'émancipation des femmes
(contraception et IVG), voilà pour la direction du FSE qui utilise la
même notion pour l'enfermement des femmes.
La tribune était organisée à la stalinienne. Tous les membres étaient
favorables aux thèses de l'extrême gauche communautariste.
L'intervention de Milena Buyum membre d'une organisation anglaise
contre le racisme (comprendre qu'il s'agit là uniquement que de
fustiger l'islamophobie) a été caricaturale. Toutes les interventions
de la tribune ont été dans le même sens :
les Français et la France ont été traités de racistes, colonialistes
et xénophobes uniquement à cause de la loi du 15 mars 2004 contre les
signes religieux à l'école.
Tout intervenant qui contestait cette vision était systématiquement
hué, sifflé, interrompu, face à une claque organisée par les
organisateurs du séminaire.
La direction islamogauchiste du FSE est restée muette.
Quant à l'AG des mouvements sociaux, elle n'a pas été en reste :
-la tribune composée comme au bon vieux temps du soviétisme stalinien
de 6 personnes défendant des positions homogènes du point de vue de
l'extrême gauche communautariste.
-la partie française (Pierre Khalfa, G1O solidaires et Sophie Zafari,
LCR et SNUIPP-FSU) n'était absolument pas représentative du mouvement
social français.
-un intervenant mandaté par le « Réseau européen pour le droit à la
santé » a fait observer que l'appel n'abordait pas les questions de
la protection sociale (santé,sécu,retraites,etc ;.)
-la tribune a refusé que le 60e anniversaire de la victoire contre
le nazisme apparaissent dans l'appel
-des sujets traditionnellement abordés par le mouvement
altermondialiste n'apparaissent pas dans l'appel (AGCS, taxes
globales, paradis fiscaux, etc.)
-la doctrine philosophique et politique du texte est que « les
ennemis de mes ennemis (l'extrême droite islamiste) sont mes amis »
ce qui amène la direction du FSE à écrire qu' « aujourd'hui la guerre
est la face la plus cruelle et la plus réelle du néolibéralisme ».
Cette thèse est fausse et dangereuse pour le mouvement social car la
guerre d'Irak n'est pas mécaniquement produit par le néolibéralisme
mais par la fraction actuelle qui dirige la gouvernance mondiale
(Bush, pétroliers, etc.) Comment expliquent-t-il ces apprentis
sorciers que des gouvernants ultralibéraux comme en France et en
Allemagne ont été hostiles à la guerre ?
-Ce texte est profondément communautariste. Il stipule que « nous
luttons pour une agriculture viable, contrôlée par les agriculteurs
eux-mêmes ». Et pourquoi pas une police contrôlée par les policiers
eux-mêmes ! Et l'école contrôlée par les enseignants eux-mêmes !
Alors que nous sommes pour que ces domaines soient sous le contrôle
de tous les citoyens et pas d'un segment de la population ! ! !
-La multiplication des dates de mobilisation sans priorité enlève
toute possibilité d'un véritable travail de masse.
-l'amalgame de revendications hétéroclites détruit toute possibilité
de faire des mobilisations massives dans la mesure où certains
manifesteraient sur un thème et pas sur l'autre et que certaines
organisations syndicales appelleront sans mobiliser dans un tel cadre
patchwork. Le 19 mars, il faut se mobiliser « contre la guerre, le
racisme,l'Europe néolibérale,les privatisations, la directive
Bolkenstein,contre le droit du travail.
En conclusion, nous devons appeler au refus de continuer ainsi avec
une direction du FSE autoproclamée, « stalinoïde », organisée par des
permanents professionnels empêchant de fait les salariés « normaux »
de participer à leurs réunions.
Nous lançons donc un appel à refuser dorénavant tout texte réalisé de
façon opaque, non signé.
Nous lançons un appel à refuser toute assemblée qui est dépourvue de
légitimité.
Nous lançons un appel au respect du pluralisme face à la dictature
de la bienpensance unique de l'extrême gauche communautariste.
En un mot comme en plusieurs, nous appelons à la refondation radicale
des FSE.
Et pour les Français, protégeons ATTAC France, lieu ou le pluralisme
est respecté pour que l'actuel FSE ne déteigne pas sur elle.
Réagissez sur [url=mailto:evariste@gaucherepublicaine.org]evariste@gaucherepublicaine.org[/url]
a écrit :CHRONIQUE D'EVARISTE
Frère Tariq: un livre qui tombe à pic
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Le contexte dans lequel Caroline Fourest publie ce livre (Frère
Tariq, éditions Grasset) est propice. Le FSE de Londres vient de se
terminer, et le malaise grandit dans le mouvement altermondialiste
français devant l'omniprésence de représentants de l'islam politique,
et la bienveillance dont ils bénéficient de la part de toute une
frange du mouvement. Les insultes proférées contre la loi laïque en
France, et contre Bernard Cassen, président d'honneur d'Attac, qui,
de la salle, a essayé de la défendre, dans un débat caricatural où
les sept intervenants, dont des militantes voilées, sont tous sur la
même position, sont la goutte d'eau qui fait déborder un vase déjà
bien rempli. Autre fait significatif, dans deux semaines, à
l'initiative du Mrap et de la LDH, une manifestation contre tous les
racismes doit se tenir à Paris. Parmi les organisations signataires
du texte d'appel, l'UOIF et le Collectif des Musulmans de France,
sans oublier le collectif «Une Ecole pour tous-tes». Ces deux
événements résument les premiers succès de la stratégie de Tariq
Ramadan et des siens. Homme intelligent, le prédicateur a compris
qu'en Occident, il fallait s'y prendre subtilement pour amener la
société à s'adapter à sa conception de l'islam, et que la brutalité
des propos de son frère Hani, président du Centre Islamique de
Genève, serait contre-productive. Cela ne veut pas dire qu'il ne les
partage pas, loin de là. Les deux frères, petit-fils d'Hassan Al-
Banna, fondateur des Frères musulmans, se définissent eux-mêmes comme
les deux faces d'un même miroir. Il met donc en place un double
discours permanent, incitant dans des milliers de cassettes les
jeunes filles à mettre le voile, les jeunes à revendiquer à fond leur
identité musulmane, et à conquérir ce qu'il appelle les interstices
de la République. Le projet de société, loin d'être celui d'un islam
moderne comme celui de Soheib Bencheik, mufti laïque et républicain
de Marseille, est celui d'un islam intégriste, totalitaire, ne
supportant pas une autre lecture que celle voulue par les Frères
musulmans. Il faut lire sa conception sur les femmes, sur la laïcité,
sur les homosexuels, sur l'éducation des enfants, sur l'intégration,
sur la sexualité, sur la place de la religion dans la société, sur la
culture, sur le communautarisme, pour comprendre le véritable
objectif, sans que le doute ne soit permis: l'islamisation de la
société, et la mise sous coupe de tous les jeunes issus de
l'immigration maghrébine. L'ennemi, c'est la laïcité et l'intégration
républicaine. Mais il faut séduire les idiots utiles, en tenant le
discours qu'attendent les militants de gauche. On entendra donc Tariq
Ramadan parler d'islam moderne, de laïcité, de droits des femmes, et
réussir à s'introduire et à berner toute une frange de la gauche.
D'abord la Ligue de l'Enseignement qui, pendant des années, lui
déroulera le tapis rouge, à cause de dirigeants comme Michel Morineau
et Pierre Tournemire, qui lui financeront tous ses voyages dans la
commission «Islam et laïcité». Rapidement, cette commission
deviendra, grâce à la théorie de la laïcité ouverte développée par
cette organisation, une machine de guerre contre la laïcité, réduite
à devoir s'adapter à l'islam, avec un discours anticolonialiste
destiné à culpabiliser les bonnes âmes. Ecoeurés par l'aveuglement de
la Ligue, les militants progressistes issus de l'immigration
quitteront un à un cette structure. Après la Ligue de l'Enseignement,
une autre ligue prendra le relais, la Ligue des Droits de l'Homme. On
ne dira jamais assez quelle a été la force de l'engagement du
président de la LDH, Michel Tubiana, aux côtés du prédicateur
islamiste, et combien il a fait du mal à son organisation - où nombre
de militants ont des traditions laïques solidement ancrées. Le Mrap
prendra le relais dans la défense systématique de Tariq Ramadan et
utilisera, avec la LDH, jusqu'à plus soif, l'expression «islamophobe»
pour insulter les laïques qui veulent alerter la société sur la
nocivité des thèses de Tariq Ramadan. Un autre homme porte une
responsabilité écrasante dans le naufrage d'une certaine gauche:
Alain Gresh, le rédacteur en chef du «Monde Diplomatique». Cet homme
est fascine par les modèles totalitaires forts. Hier admiratif devant
le modèle stalinien, qu'il continua à soutenir bien après le
raisonnable, le voilà recyclé dans la défense de l'intégrisme
islamique. Gresh apportera toute sa caution morale pour défendre en
permanence Ramadan, dès qu'un dossier délicat menacera de dévoiler
ses objectifs réels. Il multiplie les conférences communes avec lui,
et y passe son temps à nier ou à minimiser l'importance des crimes
des islamistes dans le monde, préférant y voir la propagande de
l'impérialisme américain et du colonialisme français. Le rôle du
journal «Le Monde», et de son plumitif militant Xavier Ternisien, est
plus connu des lecteurs de Respublica pour ne pas y revenir plus
longtemps. Caroline Fourest quant à elle, dans son livre, attribue à
l'influence de Tariq Ramadan la responsabilité principale de la
montée du nombre de voiles en France, par la teneur de ses discours
de reconquête d'un islam conquérant au c¦ur des sociétés
occidentales. Surtout, elle décortique remarquablement les objectifs
de ce Tartuffe, comme l'appelle l'essayiste Jack-Alain Léger, sa
place capitale au sein du dispositif mis en place en Europe par les
Frères musulmans, sa manière de louvoyer pour continuer d'avancer, et
la mise en place des réseaux nécessaires pour cela, associations,
librairie, séduction des médias, etc. Il n'en reste pas moins que
l'homme, déjà grillé par ses excès intégristes en Suisse, commence à
sentir le cramé en France, et que de plus en plus de militants, à
gauche, demandent des comptes à ceux qui, envers et contre tous,
continuent à lui tresser des lauriers et à voir en lui le grand
moderniste qui va concilier islam et laïcité. Le vote de la loi
contre les signes religieux, qu'il a combattue jusqu'au bout, est une
défaite grave pour sa stratégie. L'acharnement que les siens, au sein
du collectif «Une Ecole pour tous-tes», mettent pour faire capoter
cette loi, en dit long sur les enjeux que représentent la laïcité
pour les intégristes comme Tariq Ramadan. Et, pour un Malek Boutih,
qui lui a dit en face: «Pour moi, vous êtes un fasciste, je considère
que vous ne valez pas mieux que Le Pen», pour les laïques et les
féministes, combien de militants de gauche sincères (nous ne parlons
pas de leurs directions, nous ne croyons pas à la sincérité de
Tubiana, d'Aounit et de tous les dirigeants complices de Ramadan au
sein du FSE), continuent-ils de marquer des buts contre leur camp en
se trompant de combat? En attendant, refusons de nous laisser piéger
par Aounit-Tubiana, refusons de manifester contre le racisme le 7
novembre avec ceux qui sont financés par les potentats du Golfe
(UOIF), avec le représentant des Frères musulmans (Tariq Ramadan et
le Collectif des Musulmans de France), ni avec ceux qui traitent les
laïques de racistes et de colonialistes («Une Ecole pour tous-tes»).
Car on ne manifeste pas contre le racisme avec l'extrême droite
islamiste! Il faut donc, pour toutes ces raisons, lire et faire lire
le remarquable travail de Caroline Fourest sur le discours, la
méthode et la stratégie de Tariq Ramadan, et se féliciter de la
sortie d'un tel livre, en ce moment. Puisse-t-il faire en sorte de
démystifier à jamais cet homme dangereux pour les valeurs
progressistes et émancipatrices, ce chef de guerre intégriste déguisé
en prédicateur respectable, et ouvrir les yeux des idiots utiles qui
ne l'ont que trop longtemps cautionné.
Réagissez sur [url=mailto:evariste@gaucherepublicaine.org]evariste@gaucherepublicaine.org[/url]
a écrit :SOUBRESAUT CATHOLIQUE
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Les cathos veulent réévangéliser Paris : non merci !
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Comme souvent en matière de religion, l'essentiel est d'y croire :
croire qu'en une semaine quelques cohortes de jeunes catholiques vont
parvenir à réévangéliser une société qui ne veut plus d'eux. Le coup
d'envoi a été donné dimanche 24 octobre sur le parvis de la
cathédrale Notre-Dame par Jean-Marie Aaron Lustiger devant une foule
béate d'adeptes de la secte catholique. A défaut de proposer un
projet d'avenir fait de liberté, d'égalité et de fraternité, l'Eglise
a choisi de marquer de façon monumentale son empreinte physique : une
croix chrétienne gigantesque de 17 mètres de hauteur a été érigée au
centre du parvis. Pourtant, la loi de 1905 stipule dans son article
28 qu' "il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun
signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque
emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au
culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments
funéraires, ainsi que des musées ou expositions". La réévangélisation
de Paris implique le rejet de la laïcité institutionnelle et monsieur
Lustiger en est le croisé acharné (en 1989 il avait refusé d'assister
au transfert au Panthéon des restes de l'abbé Grégoire).
Mais le prétexte de Toussaint ne suffit pas à expliquer l'énergie de
l'Eglise pour reconquérir un terrain qui s'est débarrassé de ses
parasites et a accédé à la fertilité de l'émancipation individuelle.
La période permet en fait de concurrencer Halloween, une fête
récemment importée dont le plan marketing a su capter les enfants.
Les cathos ambitionnent, une fois de plus, de sauver le peuple de
l'enfer contre son gré, ce qui est l'activité permanente de Rome
depuis vingt siècles. La liberté individuelle n'est pas une vertu
chrétienne. Pour ce faire, les entorses au canon se sont bousculées
sur le parvis de Notre-Dame : on chante et on se balance au rythme de
la musique sans se soucier des innombrables condamnations passées des
chansons et danses populaires par l'Eglise, on se mélange entre
garçons et filles alors que la Très Sainte Eglise a toujours mis en
garde contre la mixité. Comme l'heure est grave et qu'il est urgent
d'évangéliser tous azimuts, on remercie les incroyants d'être venus
et on feint de ne pas noter le désintérêt de la société pour la fête
de Toussaint. Et c'est bien là une des rares raisons d'espérer pour
les cléricaux : au rythme où se dilue la soumission aux dogmes, les
incroyants seront bientôt tellement nombreux que la masse à
évangéliser s'accroîtra d'autant.
Dans l'assistance, de nombreuses religieuses attendent sagement
l'arrivée du juif converti Lustiger. Toutes arborent des hidjabs aux
couleurs ternes qui se déclinent du blanc au noir en passant par le
gris triste et le bleu sombre. Une audacieuse ose le kaki clair.
Autant de vies hors jeu, de vies gâchées par une confiance aveugle
dans une institution qui se nourrit de l'oppression de ses propres
adeptes. Parvenue au bas de la croix, une jeune femme s'agenouille et
se déverse en prières, le regard halluciné par l'instrument de
torture qui fit la fortune du christianisme. Mais c'était sans
compter avec le pieux service d'ordre : un jeune homme, peu sensible
à l'expression extatique de la foi chrétienne, tente désespérément de
l'empêcher de satisfaire son besoin spirituel. L'immondice cruciforme
qui trône sur le parvis a visiblement moins pour fonction de
permettre l'expression des délires personnels que d'occuper l'espace
public de façon très démonstrative. Une femme qui s'agenouille ça
fait désordre, l'Eglise de France lui préfère des croyants
disciplinés qui chantent, s'agitent et applaudissent quand on le leur
commande. D'ailleurs, le comédien Michael Lonsdale confirmera plus
tard ce culte de l'ordre en citant la Bible : "Vous êtes mes amis si
vous faites ce que je vous commande."
L'Eglise et ses pasteurs ont toujours manifesté un attachement
intéressé à la manipulation mentale de la jeunesse ; des lycéens
pèlerins assurent donc le quota jeune. Bien que venus de Pontoise en
marchant suffise à faire d'eux des héros, la fascination du martyre
lutte difficilement face au développement du RER. Deux jeunes se
serrent l'un contre l'autre. Mariés ? Pas mariés ? Pilule ou pas
pilule ? Lustiger s'avance sur le podium, vêtu d'une djellaba blanche
et coiffé d'un bérêt rouge (aussi appelé calotte chez les calotins),
et une oratrice l'accueille par un remerciement mensonger : "merci de
nous accueillir sur le parvis de votre cathédrale." Non ! La
cathédrale Notre-Dame n'appartient pas à l'Eglise mais c'est l'Etat
qui en est propriétaire (cf. article 12 de la loi de 1905). Cet écart
de langage très calculé dévoile l'ambition réelle de l'insidieux
projet de réévangélisation : le rejet des acquis de la laïcité.
L'archevêque de Paris rappelle ensuite que la croix est un horrible
instrument de mort mais le présente aussi comme un "arbre de vie". Le
sadisme chrétien considère l'assassinat d'un fils par son père comme
une preuve d'amour.
Lustiger se dirige vers la croix en bois et l'assistance, à la
recherche d'une émotion très convenue, brandit, non pas des briquets,
mais des fleurs. La divinité imaginaire n'eut donc pas le loisir de
humer l'odeur des sacrifices et des bûchers dont le Pentateuque
ressasse maintes fois qu'elle lui est agréable. Mais l'allégresse bat
son plein et le choeur entonne gaiement : "Voici la croix du Christ,
signe de paix", cette paix chrétienne annoncée par une croix qui a
comblé de bienfaits les victimes des croisades, du franquisme, du
génocide rwandais et les populations soumises au joug du colonialisme
chrétien. Sur l'estrade qui supporte la croix, un jeune cul-béni
(terme dont l'étymologie le rapproche du mot benêt) s'approche
timidement du prélat et va embrasser l'instrument de torture.
L'idolâtrie n'est jamais mauvaise si elle parvient à faire converger
les superstitions vers la religion unique. Enfin, des colombes
blanches sont lâchées, nourrissant le public de l'illusion bon marché
de vivre un moment historique et émouvant. L'assistance se dirige
alors vers la cathédrale, temple de la superstition et du fanatisme,
et les cloches battent le rappel des troupes, ajoutant à la croisade
antilaïque des nuisances sonores supplémentaires.
Pendant une semaine, des gentils chrétiens aux sourires naïfs
s'échineront à convertir une population qui n'a que dédain pour leurs
niaiseries soporifiques. Car, en effet, il serait vain de compter sur
le catholicisme pour apporter une lueur d'espoir à ceux qui souffrent
du chômage, de la maladie ou de quelque autre difficulté. A la
solidarité qui ne se contente pas de soulager les maux mais agit
aussi sur les causes sociales et politiques de l'injustice, le
christianisme préfère la charité dont la docilité ne conteste pas
l'ordre établi ou les privilièges. Le christianisme est une doctrine
du passé, une doctrine du renoncement, de la soumission à une clique
de religieux et à un carcan de superstitions qui sont autant
d'insultes à la raison. La réévangélisation de Paris n'a d'autre
objectif que de combattre l'autonomie de l'individu pour mieux
l'asservir au leurre du divin. Où qu'ils se trouvent, les
missionnaires de monsieur Lustiger ne sont pas les bienvenus.
Jocelyn Bézecourt
www.atheisme.org
a écrit :Nicolas Sarkozy clarifie le débat ! Raison de plus pour lui barrer la
route en 2007 !
Nicolas Sarkozy, l'homme qui rêve que la France ressemble à
l'Amérique de Bush ! Avec Sarkozy, on n'est jamais déçu. Pour la
première fois, un homme politique de premier plan ose attaquer
frontalement la loi de 1905. Ses prédécesseurs de droite l'avaient
fait par petites touches successives, mais sans le dire. On ne peut
pas dire que Jack Lang fit partie des ministres de gauche qui, par
son action, en furent les défenseurs les plus acharnés tout comme
Lionel Jospin, l'homme qui osa l'article 10 de la loi du 10 juillet
1989 qui par sa jurisprudence ,mis fin à la circulaire Jean Zay,et
autorisa les signes religieux à l'école ce qui obligea l'UFAL à
lancer une campagne qui aboutira par la loi nécessaire quoique
imparfaite du 15 mars 2004.
Mais là, Sarkozy, avec son sens de la communication, met les pieds
dans le plat. Dans son livre, « La république, les religions,
l'espérance. », il affirme carrément que la loi est caduque, et
qu'elle doit évoluer. Et chacun aura bien compris que ce n'est pas
dans le sens d'un renforcement du dispositif laïque.. Eh bien, nous
le trouvons logique. Nous ne sommes pas étonnés que l'Homme qui a mis
en place les intégristes islamistes au sein du Conseil Français du
Culte Musulman veuille aujourd'hui que les fonds publics financent la
construction de mosquées et la formation d'imams. Nous ne sommes pas
plus étonnés qu'il ose affirmer que la religion est un élément
civilisateur, et qu'il s'annonce ouvertement catholique, nous
qualifiant par ailleurs de laïciste. Nous trouvons cohérent qu'il
soit favorable au financement de tous les cultes, et qu'il affirme
que des ministres de ces cultes devraient pouvoir intervenir à
l'université.
Quant aux intégristes, il pense qu'en les intégrant, on en fera des
interlocuteurs raisonnables. ON a vu les résultats du calcul avec
l'UOIF, qui appelait à violer la loi de rentrée, et avec les
nationalistes corses, qui en demandaient toujours plus.
Cela ne nous rend pas admiratif de Sarkozy, cela ne fait que nous
confirmer la justesse de nos analyses. Homme politique intelligent,
libéral peu éloigné de Madelin, même s'il n'annonce pas la couleur
avec la même netteté, le maire de Neuilly fait partie de ceux qui
relaient l'offensive de marchandisation de tous les secteurs de
l'activité humaine. Il a été très franc quand il est allé aux Etats-
Unis. Il a fait allégence au modèle américain, où « on récompense les
forts », et a dénigré le modèle français, celui de l' « Etat-
providence », où les faibles sont trop soutenus, et les forts encore
trop imposés ! Vive les gagnants, et que les autres se débrouillent !
Mais cet Etat, encore trop fort, trop puissant, avec trop de salariés
intouchables (comprenez fonctionnaires), il faut le casser, en tenant
compte des rapports de forces ponctuels, exercice dans lequel
l'ancien ministre de l'Intérieur excelle.
Donc, vive le communautarisme, religieux, régional, linguistique,
ethnique, vive ce qui sépare les solidarités et permet d'imposer le
fait que la charité des Eglises remplace la solidarité de l'Etat
républicain.
D'où la nécessité de communautariser la loi de 1905, et de mettre
dans la partie d'un ensemble d'activité sociale les Eglises et les
sectes.
D'où sa position pour la discrimination positive.
D'où son soutien aux régionalistes corses, jusqu'au camouflet du
référendum de l'été 2003. Comme il a dû souffrir, Nicolas Sarkozy, il
a dû attendre une année, alors que son livre était écrit, pour juger
la sortie opportune. Alors qu'avec Luc Ferry, il était le ministre le
plus hostile à une loi contre les signes religieux à l'école, il a dû
constater sa défaite, et l'attachement laïque de la majorité de la
population française. ET, n'en déplaise à Nicolas Sarkozy, la plupart
des dirigeants religieux de toutes confessions refusent de s'engager
sur sa voie, sauf les intégristes islamistes et l'extrême gauche
communautariste (quelle belle alliance tripartite !). L'église
catholique qui depuis des décennies obtient ce qu'elle veut par des
voies détournées (accords Lang-Cloupet, financement accru de l'église
et des écoles catholiques, etc.) ne veut pas d'un islam « religion
d'Etat » (comme vient de le déclarer le président de la conférence
épiscopale) et ne veut pas prendre le risque d'un nouvel affrontement
qui lui fermerait ses voies lobbyistes qu'elles affectionnent. Les
autres structures religieuses minoritaires emboîtent le même pas car
elles sont entrées dans une politique d'alliance avec l'Eglise
catholique. Tout ce beau monde a peur des convictions laïques du
peuple français et préfèrent le statu quo législatif et employer le
lobbying pour arriver à leur fin. On peut faire confiance à l'UFAL et
à ceux qui veulent faire un bout de chemin avec pour continuer le
travail d'éducation populaire laïque tourné vers l'action.
On peut faire confiance aux citoyen-ne-s français-es pour agir quand
bon leur semblera (volonté populaire qui obligea le président de la
république à légiférer cette année) pour s'opposer aussi bien à
toutes tendances visant à la communautarisation de notre république
(comme celle proposée par Nicolas Sarkosy ) qu'à toutes les menées
lobbyistes organisées par le cartel clérical de l'ensemble des
structures religieuses visant notamment à continuer à dépecer le
service public d'enseignement pour renforcer encore la privatisation
de ce secteur (ce qui est la politique actuelle du gouvernement).
Il reste à tous les citoyen-ne-s de notre pays qui veulent dès
maintenant se rassembler pour mener ,au coté du combat social,le
nécessaire combat laïque, de rejoindre l'UFAL (en prenant contact
avec [url=mailto:ufalsiege@ufal.org]ufalsiege@ufal.org[/url]). Que vive notre objectif d'une totale
séparation de la sphère publique et de la sphère privée que ce soit
dans le domaine idéologique et religieux, que dans le domaine
institutionnel ou encore dans le domaine économique ou ce principe
est la pierre angulaire des services publics tant malmenés
aujourd'hui par la mondialisation néolibérale.
Réagissez sur [url=mailto:evariste@gaucherepublicaine.org]evariste@gaucherepublicaine.org[/url]
a écrit :CHRONIQUE D'EVARISTE
Bush II est arrivé : quels enseignements pour les laïques et les
républicains de gauche?
Comme ce ne sont pas les Français qui élisent le président des Etats-
Unis, George Bush vient d'être réélu. La netteté de sa victoire
nécessite une analyse qui sorte des simplismes parfois véhiculés dans
notre propre camp.
D'abord, il nous faut admettre que le nationalisme étatsunien mâtiné
d'intégrisme chrétien s'est renforcé malgré les protestations venus
du monde entier.
Alors que Bush I avait fait moins de voix qu'Al Gore, Bush II obtient
plus de 3 millions de voix que Kerry. Contrairement aux pronostic là
encore simplistes, la mobilisation électorale a plutôt conforté Bush.
N'oublions pas que 90% des etatsuniens se déclarent actif dans une
communauté ethnique ou, et religieuse.
Ben Laden, jusqu'au bout, par la diffusion de sa cassette, aura été
l'atout numéro un de Bush, et on doit constater que l'un et l'autre
continueront à se nourrir réciproquement.
Pour mieux comprendre les enjeux de la nouvelle période, nous vous
conseillons de ne pas passer votre temps à la télé ou à lire les
commentaires de la pensée conformiste, ceux-là même qui sont les
portes-paroles de la mondialisation néolibérale.
Il nous faut intégrer le fait que nous ne sommes pas dominé par un
simple impérialisme américain mais par l'omnipotence de la
gouvernance mondiale. Cette gouvernance mondiale est composée des
firmes multinationales, des associations multilatérales
(OMC,BM,FMI),des associations régionales (Union Européenne entre
autres) et d'une colonne vertébrale qu'est l'administration
étatsunienne avec son chef, le président des Etats-Unis : c'est pour
cela que cette élection va avoir une influence certaine dans toutes
les politiques de la planète. La phase récessive de la globalisation
turbocapitaliste à l'oeuvre depuis 4 ans va donc sans doute (l'action
des citoyens et des salariés pouvant introduire des grains de sable)
continuer plusieurs années encore.
Cette phase récessive sera financée par les surprofits colossaux des
multinationales de l'énergie qui domineront encore quelques années la
contradiction centrale existant au sein du capital dans la
gouvernance mondiale, par la croissance phénoménale des économies
parallèles organisées grâce aux paradis fiscaux.
Les firmes multinationales (nouvelle économie, biotechnologies,etc.)
qui avaient misé sur Kerry, risquent avec ce deuxième échec d'essayer
de composer avec les multinationales de l'énergie. Il est probable
que des actions violentes voire de déstabilisation ou encore des
guerres participent au développement de cette phase récessive de la
globalisation turbocapitaliste. Il est encore plus probable que les
moyens financiers et médiatiques vont être mis à la disposition des
hommes et femmes politiques proches de la fraction dirigeante de la
gouvernance mondiale, dans tous les pays stratégiquement
intéressants. Cette phase récessive est indirectement aidé par
l'incapacité de la gauche anticapitaliste de se défaire de son
alliance mortifère avec le néocommunautarisme ethnique et religieux,
véritable allié de la gouvernance mondiale. La social-démocratie et
la gauche en général, en se mettant au service de la globalisation
turbocapitaliste, même si elle a souhaité retrouvé la phase expansive
de Clinton (13 des 15 pays de l'Union avaient des gouvernements
de "gauche") a été en incapacité de proposer une alternative à la
fraction dominante de la gouvernance mondiale. Mais peut-être que la
social-démocratie n'a plus de force propulsive!!!!!
Quant au mouvement altermondialiste, il a tellement accepté d'être
instrumentalisé par l'extrême gauche néocommunautariste, notamment la
mouvance trotskyste proche de la LCR, qu'il a produit le Forum social
de Londres qui s'est caractérisé par:
- le non -renouvellement des discours moraux contre le néolibéralisme
- par un fiasco de la participation (seulement quelques milliers de
participants de toute l'Europe hors les britanniques)
- la mise en vedette des intégrismes ethniques et religieux comme
partie prenante du mouvement altermondialiste.
- le développement d'une stratégie perdante qui stipule que "les
ennemis de mes ennemis sont forcément mes amis" et qui n'est pas
encore sorti du syndrome post -colonial.
Alors que faire, comme disait le grand ancêtre ?
- Tout faire pour développer des outils organisationnels permettant
le développement du mouvement social (syndicats et associations)
comme partie prenante d'une alternative à cette globalisation
turbocapitaliste.
- Saisir toute occasion pour développer des outils organisationnels
développant un social-républicanisme dans le champ politique, seule
possibilité actuelle d'alternative crédible au type de globalisation
que nous vivons.
Cette alternative est celle qui s'appuie sur le principe laïque de
stricte séparation de la sphère publique et de la sphère privée tant
sur le plan idéologique et religieux, que sur le plan institutionnel
que sur le plan économique (matrice des véritables services publics.
Il est clair, dans ce contexte, que la bataille pour le non à la
constitution européenne sera essentielle, et qu'il nous faudra
prendre toute notre place pour imposer un "non de gauche" qui soit le
premier signe de rupture forte à la construction d'une Europe qui se
fait sur le modèle communautariste, libéral et régionaliste souhaité
par la gouvernance mondiale et son leader, les Etats-Unis de Bush
II.
Si vous voulez nous rejoindre ou en savoir plus sur nos projets vous
pouvez nous écrire sur [url=mailto:evariste@gaucherepublicaine.org]evariste@gaucherepublicaine.org[/url]
a écrit :CHRONIQUE D'EVARISte
Nouvelles intimidations contre Respublica
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Nous savons que nombre de nos adversaires guettent depuis de longs
mois une occasion de discréditer Respublica, et à travers ce journal
en ligne, l'Ufal et tous les laïques et féministes qui combattent les
intégristes et leurs alliés de gauche et d'extrême gauche.
Pourtant, ce jeudi, nous avons été surpris d'entendre, au bout du
fil, un prétendu journaliste de premier plan de la presse écrite
demander à parler à un collaborateur de Respublica, et lui dire qu'il
avait été horrifié et scandalisé par l'article qu'il juge «
antisémite » de Jocelyn Bézecourt (paru dans Respublica 304), et que
nous aurions des ennuis suite à ce papier.
Ce "journaliste" nous a alors dit qu'il avait transmis cet article à
l'évêché et au ministère de l'Intérieur, et qu'il espérait que des
sanctions allaient tomber contre nous.
Incrédules, croyant à une mauvaise blague, nous avons rappelé ce
journaliste au siège de son quotidien. C'était bien lui. Il nous a
alors confirmé sa version, qualifiant l'auteur d' « individu nommé
Bézecourt », nous a confirmé sa démarche auprès du ministère de
l'Intérieur et de l'Evêché. On ne voit pas trop l'objectif, s'il
s'agit d'une plainte, ce n'est pas au Ministère de l'Intérieur qu'il
faut s'adresser. Quant à "l'évéché", il n'est pas opérant.
Espérant que nous serions condamné pour des propos aussi graves,
rappelant au passage que quand Tariq Ramadan a parlé d'intellectuels
juifs, il avait été accusé d'antisémitisme, et qu'il n'y avait pas
raisons que nous ne le soyons pas à notre tour ! Nous n'en croyons
pas nos oreilles : un "journaliste" transformé en délateur ! Il
ajouta même quelques menaces sybillines contre Respublica.
Toujours dans l'enchaînement des faits, est publié sur le site
http://www.oumma.com, un article signé Antoine Haddad, et
intitulé : « Le vrai visage des nationaux-laïcistes, quand
l'antisémitisme pointe sous l'islamophobie. Curieusement, ce papier
reprend exactement les mêmes expressions que celles employées par le
journaliste délateur. Passons sur le fait que ce site, dont
l'hebdomadaire « Marianne » et bien d'autres ont relevé les
débordements antisémites, ose accuser les républicains
d'antisémitisme.
Le but du papier, par ailleurs truffé de mensonges et de
manipulations, est clair : amalgamer tout notre camp, de Jocelyn
Bézecourt, Respublica, l'Ufal, Caroline Fourest et SOS Racisme, qui
sont cités dans l'article, et nos autres proches, à des antisémites,
et lancer une campagne de discrédit, pour faire contrepoids aux
nouvelles preuves qui circulent sur les activités et les propos de
leaders de l'UOIF, au lendemain d'une manifestation contre le racisme
où le Mrap et la LDH ont accepté leur signature. Qui osera relayer
cette campagne, nul ne le sait aujourd'hui. Mais la hargne et les
méthodes ne s'expliquent que par l'ampleur des défaites subies. Les
mêmes ont défendu les signes religieux à l'école de toutes leurs
forces, et au-delà.
Les mêmes voulaient faire de Tariq Ramadan un interlocuteur
respectable du mouvement social, qui entendait adapter la laïcité à
l'islam, ils ont tressé des louanges, dans leurs livres et articles,
à l'UOIF, mais ils doivent mesurer aujourd'hui l'ampleur de leur
défaite.
La loi est adoptée, le FSE de Londres a ouvert les yeux de beaucoup,
la présence de l'UOIF à une manifestation antiraciste, grâce à la
complicité du Mrap et de la LDH, a choqué nombre de militants
sincères, et provoqué son fiasco, et le rapport du centre Simon
Weisenthal ne fait que s'ajouter à la découverte, sur cassette, d'une
prêche ouvertement antisémite d'Hassan Iquioussen, un de leurs
prédicateurs.
Derrière le masque de respectabilité que l'UOIF cherche à se donner,
avec des complicités aveuglantes au sein d'une certaine gauche et
extrême gauche, cette organisation cache une réalité bien plus
inquiétante, celle d'un islam politique intégriste, aux discours
antisémites indiscutables. Et le fait que grâce à des livres, des
articles, issus de notre mouvance, au sens large et unitaire du
terme, cela se sache les rend agressifs.
Certes, Respublica, avec ses 15.000 lecteurs, deux fois par semaine,
n'a pas la puissance de feu de la presse bien pensante. Mais il est
lu de plus en plus, et apprécié dans le mouvement social et laïque
pour sa liberté de ton, et son combat impitoyable contre les
islamistes, les intégristes catholiques, les islamogauchistes et les
neolibéraux.
Est-ce un hasard si un islamiste nous a menacé, dernièrement, au
téléphone, de poursuite judiciaires ? Est-ce un hasard si un leader
altermondialiste nous a fait comprendre que si nous continuions
ainsi, nous n'allions pas gagner ? Et est-ce un hasard si un
journaliste réputé de la presse quotidienne brandit des menaces
ahurissantes contre nous ?
Il reste qu'on peut s'interroger sur les méthodes. Pourquoi nous
informer qu'il a envoyé nos textes au ministère de l'Intérieur et à
l'Evêché (qui sont suffisamment bien organisés pour ne pas avoir
besoin d'auxiliaires comme lui) ? Fierté de nous faire savoir que si
nous avions des ennuis, cela serait son oeuvre, et donc vengeance
affirmée contre un journal en ligne qui n'a jamais (à juste titre)
épargné les islamistes et leurs supplétifs ?
En tout cas, l'objectif de la manoeuvre est clair : alors que l'UOIF
est éclaboussée par les scandales de discours antisémites de certains
des siens, alors qu'aucune organisation juive n'a protesté contre
l'article de Jocelyn Bézecourt, il cherchent à banaliser la gravité
des accusations contre ses amis en dénaturant un article tendant à
démontrer, par le mensonge, que des antisémites, il y en aurait aussi
chez les laïques.
Ces basses manoeuvres ne font que renforcer notre détermination. Nous
serons évidemment aux côtés de Jocelyn Bézecourt. Sur
<http://www.atheisme.org, Jocelyn, depuis 1996, effectue un travail
remarquable, et tient un site fort respecté dans le milieu laïque.
Auteur récemment d'un ouvrage intitulé « Une autre visite des Eglises
de Paris », il perpétue de la meilleure façon une critique radicale
de toutes les religions, ce qui ne signifie absolument pas une
absence de respect pour ceux qui croient. Sa détermination à
combattre les intégrismes religieux, mais aussi l'idéologie des
religions, lui a déjà valu tous les qualificatifs : islamaphobe,
agent de Bush, agent de Sharon, et maintenant donc antisémite, pour
avoir signalé que Lustiger, à l'origine de religion juive, s'était
converti au catholicisme. Rien à voir bien sûr avec les propos et la
culture antisémite d'un Le Pen, qui lui dit « le juif Lustiger » en
regrettant qu'un Juif puisse diriger l'église catholique française.
Nos corbeaux le savent, mais pour eux l'essentiel est de semer le
doute.
Nous avons su entendre, par ailleurs, les propos, parfois critiques,
de quelques amis nous appelant à la prudence, dans la période
actuelle, sur l'utilisation de certaines expressions, et nous les
remercions de leurs conseils. Nous avons d'ailleurs, comme à chaque
fois qu'un article un peu vif suscite le débat, y compris parfois au
sein de la rédaction, publié dans le numéro 305 des réactions et des
réponses à cet article. Naturellement, toute la rédaction de
Respublica est mobilisée, et sera très vigilante dans les heures et
les jours qui viennent, quant à l'attitude à adopter devant toute
nouvelle tentative d'intimidation, d'où qu'elle vienne.
Quant à ce "journaliste" qu'il sache que nous n'avions aucune
illusion sur ses méthodes, et que cette expérience n'a fait que nous
confirmer ce que nous pensions.
Et nous savons, fidèles lecteurs, vous qui nous suivez depuis des
années, au-delà de votre indignation devant de telles pratiques et
calomnies, que nous pouvons compter sur votre soutien, qui ne fera
que renforcer notre détermination. Et faites nous confiance, ce ne
sont pas ces intimidations qui nous feront changer de ligne, ni de
ton.
evariste@gaucherepublicaine.org
a écrit :CHRONIQUE D'EVARISTE
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Au-delà des menaces, le temps des clarifications
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La rédaction de Respublica tient d'abord à remercier nos lecteurs
qui par plusieurs dizaines nous ont submergé de courriers
d'encouragement face à la campagne nauséeuse que les islamistes, mais
aussi certains de leurs meilleurs relais, ont commencé à lancer
contre nous. Nous y avons apprécié les mots de solidarité, mais aussi
des conseils précieux que nous saurons mettre à profit pour être
encore plus efficaces.
Tout nous indique que cette campagne est loin d'être terminée. Le
site oumma.com, proche de Tariq Ramadan, et qui accueille parfois les
textes de Xavier Ternisien, a, cette semaine, après l'article
calomniateur contre Jocelyn Bézecourt, publié un papier ciblant
Respublica et l'Ufal, accusés d'être responsables des ennuis que le
film pyromane « Un racisme à peine voilé », diffusé par le collectif
islamogauchiste « Une Ecole pour tous-tes », rencontre dans sa
diffusion. Une attaque qui nous flatte !
Nos amis ne sont pas en reste. Caroline Fourest est confrontée à un
véritable tir de barrages de la part de Tariq Ramadan lui-même, et
bien sur de Tevanian, l'inspirateur du collectif "Une Ecole pour tous-
tes", qui a, dès le lendemain de la sortie du livre "Frère Tariq",
publié un texte qui se voulait drôle (c'est loupé) pour tenter de
démolir le livre et protéger Tariq Ramadan.
Le collectif AIME, la veille de son colloque « Islam contre Islam »,
qui permettait une rencontre de laïques arabo-musulmans, a vu son
site détruit par une attaque fort bien organisée. Le Mouvement des
Maghrébins Laïques est calomnié par le Mrap pour avoir participé à
cette réunion, et y avoir toléré le mot « judéophobe ». Le Mrap, qui
confond toujours allègrement islamophobie et arabophobie, n'est pas
meilleur quand il faut distinguer la judéophobie de l'antisémitisme.
Quant à nous, au milieu de tous vos encouragements, nous avons reçu
une lettre d'une islamiste nous menaçant de poursuites judiciaires,
suite à un papier paru il y a deux mois, lors d'une réunion à
Montreuil. Quel réveil spontané tardif !
Bien sur, tout cela n'est pas un hasard, et apparaît fort bien
coordonné. C'est parce que nous sommes au cœur d'un débat
incontournable, et que nous sommes en train de la gagner, que les
islamistes et leurs alliés se montrent aussi virulents et menaçants.
Ils pensaient pouvoir infiltrer le mouvement social en toute
impunité, c'est de plus en plus raté !
Il va donc bien falloir, au sein de la gauche, poser les vraies
questions, et surtout trouver les bonnes réponses. Car notre camp va
mal, et nous avons perdu trop de batailles, le 21 avril et depuis, et
raté trop d'échéances pour que cela puisse continuer ainsi.
Nous avons perdu sur les retraites, malgré une mobilisation
exceptionnelle, et sur l'assurance maladie solidaire. Le mouvement
féministe est divisé à cause de l'absence de positionnement clair de
sa direction sur le voile islamiste et l'offensive intégriste contre
les femmes, notamment à cause du poids de la LCR.
Il n'y a plus d'unité dans le mouvement antiraciste, à cause de la
bienveillance de la direction de la LDH et de celle du Mrap vis-à-vis
de Tariq Ramadan et de l'UOIF.
La crise des directions syndicales et associatives est aussi
importante que celle qui a traversé les directions politiques de l'ex-
gauche plurielle au lendemain du 21 avril. Aurons-nous les mêmes non-
réponses ?
Il faut enfin ouvrir les yeux, à gauche, et retrouver les positions
qui ont toujours fait partie de nos fondamentaux.
La dérive sociale-libérale de la direction du PS servait trop
facilement d'explication simpliste au reste de la gauche. Mais la
volonté de nombre de dirigeants politiques, syndicaux ou associatifs
d'en finir avec la laïcité, en total décalage avec les aspirations
populaires, est toute aussi porteuse d'une coupure importante avec le
peuple. Il faut en finir avec ces forums sociaux déroulant le tapis
rouge à l'islam politique ! Qui imaginerait le mouvement social
acceptant Christine Boutin ? Le rabbin Sitruk ? Pourquoi pas le dalaï
Lama ? Il faut donc arrêter de solliciter les signatures de l'UOIF,
du collectif des Musulmans de France, et de tous ces mouvements qui
tentent de nous infiltrer.
Comme le 7 novembre, nous n'irons pas à toute manifestation qui
accepterait la présence des intégristes islamistes et du collectif «
Une Ecole pour tous-tes », et nous savons que cette position est
celle que souhaite l'immense majorité des militants de gauche, qui
préfèrent rester chez eux que de répondre aux appels de dirigeants
qui se discréditent en voulant imposer de telles partenaires de
manifestation.
«Participe-t-on à la vie civique, et notamment au mouvement
altermondialiste, d'abord en tant que citoyen (éventuellement, de
surcroît, engagé dans une religion) ou d'abord en tant que musulman,
catholique, bouddhiste ou autre, membre d'une communauté
particulière, qui se reconnaît prioritairement, voire exclusivement
dans cette dernière ?» En posant cette question, Bernard Cassen,
insulté à Londres par les islamistes et les trotskystes du SWP,
tendance LCR, met les pieds dans le plat.
Mais immédiatement, on lit, sous la plume d'un responsable syndical
influent dans le mouvement altermondialiste, un article nous
expliquant que lutter contre le racisme et pour l'intégration, c'est
travailler avec des personnes se réclamant de l'islam politique !
Tant que cette question ne sera pas tranchée, la gauche et le
mouvement social seront malades, et le libéralisme continuera à se
servir du communautarisme religieux pour casser les solidarités et
miser sur la charité.
C'est pourquoi, malgré les menaces en tous genres, nous continuerons
inlassablement à dénoncer cette alliance mortifère entre islamistes
et gauchistes, et à tout faire pour en isoler les promoteurs.
evariste@gaucherepublicaine.org
a écrit :Xavier Ternisien, un parti pris antilaïque
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D'articles en articles, sous couvert d'objectivité journalistique,
Henri Tincq et Xavier Ternisien, tous deux chargés des questions
religieuses au journal Le Monde, font preuve d'un tel parti pris anti-
laïques qu'il est temps de lever le voile sur leurs convictions
éditoriales...
(...)
Ne surtout pas diaboliser l'UOIF !
La couverture du CFCM par Xavier Ternisien est un modèle du genre.
Pas une ligne sur le fait que son Conseil européen de la fatwa vient
d'approuver les attentats kamikazes. En effet, lors d'une session
réunie à Stockholm en juillet 2003, ce conseil a émis une fatwa
décrétant que les opérations kamikazes étaient parfaitement
licites : "Les opérations martyres perpétrées par les factions
palestiniennes pour résister à l'occupation sioniste n'entrent en
aucun cas dans le cadre du terrorisme interdit, même s'il se trouve
des civils parmi les victimes"10.
Parmi les raisons invoquées, la branche européenne de l'UOIF explique
que de toute façon "les soi-disant 'civils' sont des 'soldats' de
l'armée des fils de Sion" et que "même avec le temps, des soi-
disant 'civils' [israéliens] ne cessent pas d'être des envahisseurs,
des oppresseurs malfaisants et tyranniques". Instructif, mais ne
comptez pas sur Le Monde pour vous l'apprendre. Ni pour critiquer la
façon dont se sont déroulées les élections du CFCM (un tiers des
sièges raflés par l'UOIF) et encore moins pour relever que cette
initiative a le tort indéniable de faire croire que l'islamisme et
l'islam libéral peuvent cohabiter, quitte à légitimer les extrémistes
au détriment des musulmans qui, hier encore, représentaient l'islam
français. En réalité, ce que reproche surtout Ternisien à Sarkozy,
c'est d'avoir pris la précaution de réserver la présidence du CFCM à
la Mosquée de Paris !
(…) Autant dire qu'avec le temps, grâce à cette banalisation, l'UOIF
finira bien par faire son trou. La commission audiovisuelle du CFCM,
en charge de l'émission sur l'islam diffusée le dimanche sur France
2, a failli tomber dans son escarcelle. L'UOIF ne le cache pas, c'est
ce qu'elle vise depuis le départ. Entre autres. En attendant, acte I,
la venue de Sarkozy au congrès annuel de l'UOIF est tombée à pic pour
relancer le débat sur le voile et donc lui offrir une certaine
visibilité. Il ne manque plus que des héroïnes à la mesure du rôle
pour que l'acte II puisse commencer. C'est alors qu'entrent en scène
Alma et Lila Lévy !
Inespérées Sœurs Lévy...
Le casting est prodigieux, pour ne pas dire miraculeux. Qui pouvait
rêver mieux que deux filles, issues d'une mère kabyle et d'un père
juif athée (accessoirement avocat du MRAP), pour incarner la cause
des filles voilées ! Elles sont parfaites, enfin presque. En tendant
l'oreille, on entend tout de même des ratés. Ainsi, juste avant de se
rendre au Conseil de discipline, voici ce que Lila Lévy répond à une
journaliste de France 3 qui lui demande si elle et sa sœur sont
prêtes à faire des efforts pour éviter l'exclusion : "Des efforts, on
en a déjà fait…
Maintenant, les FRANÇAIS, c'est à eux d'en faire !" Ah bon, parce que
Lila et Alma ne se considèrent pas comme françaises ? On croit à un
dérapage mais nouveau malaise sur le plateau de Thierry Ardisson,
quelques jours plus tard. L'animateur demande à Lila et Alma si leur
nom, Lévy, n'est pas trop difficile à porter. Réponse d'Alma : "Non,
non... ça va. Au contraire, mon frère ça l'arrange quand il va chez
le banquier !" répond-elle avec un clin d'œil et un sourire entendu.
Un beau cliché antisémite glissé en douceur. Le père toussote un peu.
Mouloud Aounit, le président du MRAP, présent sur le plateau, ne dit
rien. Ardisson sourit et rigole. Bref, personne ne trouve à redire.
Tout le monde peut continuer à présenter Lila et d'Alma peut comme
des victimes du racisme. En tout cas les frères Cohn-Bendit sont
conquis. Et ils le disent dans une tribune publiée dans Le
Monde: "L'école laïque voudrait soumettre, au nom de l'émancipation,
deux jeunes filles en révolte contre le père et la mère. Elles
refusent de se soumettre. Bravo!". Un peu paternaliste, franchement
niais même, mais quel sacre ! Faire en sorte que toutes les filles se
sentent obligées de porter le voile à l'école devient le nouveau mai
68 !
(…)
Le voile, acte III
(…) Nous sommes au moment de l'affaire des sœurs Lévy. Pierre
Tévanian et quelques autres militants favorables à l'entrée du voile
à l'école ont organisé une manifestation de soutien. Le communiqué
appelant à manifester a notamment été publié sur le site de l'UOIF.
Xavier Ternisien couvre l'événement. Son article, co-signé avec
Caroline Monnot, est intitulé "le voile divise l'extrême gauche"13.
Je reçois un coup de fil d'une amie. "Tu as lu Le Monde ?" Non. "Tu
as bien assise ?" Oui. "Xavier Ternisien a encore frappé et devine
qui est visé ?" Mon petit doigt me dit qui… Je m'y attendais un peu,
sachant que Xavier Ternisien a reçu les épreuves de Tirs Croisés,
plutôt critique vis-à-vis des pages "religions" du Monde, mais quand
même ça fait un choc. Pour l'avoir retracé dans le livre, je connais
l'histoire du mot "islamophobie". Je devrais le prendre plutôt comme
un hommage étant donné que Rushdie et Taslima Nasreen ou encore Kate
Millet l'ont subi avant ProChoix mais quand même, j'ai le sentiment
que la revue est salie. Oubliées les années de lutte contre le FN et
les intégristes catholiques, celles passées à dénoncer le sexisme, le
racisme et l'homophobie, ProChoix est désormais connue comme
la "revue en pleine dérive islamophobe".
(…)Entre-temps, Xavier Ternisien n'aura pas chômé. Le lendemain de
l'article accusant ProChoix de "dérive islamophobe", il a publié un
article intitulé "du racisme antiarabes à l''islamophobie" pour
rendre compte du colloque du MRAP consacré à l'"islamophobie". Le
surlendemain, il écrit un papier qui prend à mot couvert la défense
de Tariq Ramadan. Sa tribune dénonce les intellectuels juifs comme
étant naturellement d'indécrottables sionistes mais à lire Ternisien
on se dit que les réactions sont peut-être excessives et que Ramadan
n'est pas forcément antisémite. Le surlendemain encore, c'est le
bouquet : l'UOIF serait pour une loi interdisant le voile à l'école !
C'est en tout cas ce qu'affirme l'article de Xavier Ternisien, qui
semble avoir déniché un militant déclarant en privé et donc de façon
anonyme: "si le foulard était interdit, il serait plus simple
d'argumenter auprès des jeunes filles, d'un point de vue théologique,
et de leur demander de l'enlever à la porte de l'école". Étonnant et
surtout assez peu représentatif quand on sait que l'organisation
milite depuis 1989 pour le voile à l'école… mais si un militant
anonyme interviewé par Xavier Ternisien le dit ! Après trois jours
d'embarras toutefois, l'association finit par démentir. Pas dans Le
Monde — dont les lecteurs croient toujours que l'UOIF veut interdire
le voile à l'école ! — mais sur son site internet, qui n'est lu que
par une poignée d'intéressés.
(…)
Le même article vante les mérites de son site, islamonline.net, dont
on apprend qu'il est présidé par Youssouf al-Qaradawi. L'article ne
fait aucune précision susceptible d'éclaire les non-initiés au sujet
de ce personnage sulfureux. Il aurait pourtant pu rappeler qu'il
s'agit du théologien vedette des Frères musulmans, celui qui incite
ses fidèles à battre leurs femmes si elles se montrent indociles,
celui aussi qui a délivré la fatwa autorisant les attentats kamikazes
mise en avant par le Hamas en guise de justification théologique !
Mais non. Xavier Ternisien ne dit rien des aspects gênants de l'UOIF.
Au contraire, il a même choisi de les présenter comme un modèle de
tempérance puisqu'il écrit : "L'Union des organisations islamiques de
France (UOIF), réputée proche des Frères musulmans, faisait tout pour
éviter que le conflit soit interprété comme une guerre de religions".
À noter, l'UOIF n'est plus proche des Frères mais simplement "réputée
proche des Frères" et surtout cette phrase ne veut rien dire (relisez-
la, c'est un modèle du genre), elle n'avance aucun fait ni aucune
preuve, mais elle fait son effet et elle donne le sentiment d'une
organisation modérée. C'est Nicolas Sarkozy qui va être content ! Le
journaliste et le ministre de l'Intérieur semblent en effet d'accord
pour estimer que l'adoption des Frères musulmans tendance UOIF est la
seule façon d'intégrer les musulmans de France, quitte à confondre
islam avec islamisme et à ne gérer le dossier de l'intégration que
par la voie sécuritaire et religieuse.
Un seul choix : la peste ou le choléra ?
À ce sujet, la conclusion du dernier article en date de Xavier
Ternisien est proprement effrayante : "Beaucoup de commentateurs
occidentaux qui diabolisent aujourd'hui les nouveaux intellectuels
musulmans feraient bien d'y réfléchir : à soutenir envers et contre
tout un islam officiel largement discrédité, ils pourraient bien
faire le jeu du pire, celui du salafisme d'inspiration wahhabite, qui
a le vent en poupe dans les banlieues françaises et ne demande qu'à
devenir la référence". Il y a tout dans cette phrase. Les
prédicateurs des Frères musulmans sont devenus "les nouveaux
intellectuels musulmans" et les autres ne sont plus que de vieilles
choses démodées. L'islam officiel est enterré sans autre procès. On
le dit "largement discrédité", mais par qui est-il discrédité ? Si ce
n'est, depuis des années, par ce même journaliste qui a décidé
aujourd'hui de lui porter un coup final. Vous hésitez encore à les
lâcher ? Xavier Ternisien sort l'argument de choc. Que vous le
vouliez ou non, les Frères musulmans sont la seule alternative :
c'est eux ou les Wahhabites. Pourtant j'avoue qu'entre le salafisme à
la sauce égyptienne ou le salafisme à la sauce saoudienne, j'hésite
encore... Dans les deux cas, je ne suis pas sûre de digérer, ni
d'accepter cette vision apocalyptique tendant à faire des banlieues
des lieux irrécupérablement fanatiques. De même que je refuse d'être
considérée comme une "occidentale" simplement parce que je crois à un
islam laïque ! Comme s'il y avait les banlieues d'un côté et les
occidentaux de l'autre… Je comprends maintenant ce que voulait dire
Lila Lévy par "Les Français, c'est à eux de faire des efforts". Mais
je refuse qu'on nous enferme dans cette définition raciste des
identités. Désolée, monsieur Ternisien, mais le choix que vous nous
proposez est inacceptable. Et nous nous y opposerons, avec nos amis
musulmans libéraux, pour sauver l'islam de France et pour sauver la
laïcité, quel qu'en soit le prix à payer.
Notre dernière enquête sur l'UOIF nous a déjà valu des menaces, le
plaisir d'être suivies dans la rue et puis cet avertissement venu
d'un vieux monsieur barrant la route à Fiammetta Venner dans la
rue : "Mademoiselle. Arrêtez d'embêter les frères." Je ne sais pas ce
que nous coûtera ce nouveau numéro de ProChoix, ni en terme de
sécurité physique ni en terme de visibilité dans les cénacles
médiatiques du grand quotidien du soir. Beaucoup de mes amis m'ont
conseillé d'arrondir les angles. Je n'y suis pas arrivée. Je refuse
d'y arriver. L'enjeu est trop important.
Il existe une alternative...
On ne sait jamais quoi faire face lorsqu'un quotidien aussi
incontournable que Le Monde semble parasité par un journalisme aussi
partisan. Il existe pourtant bien d'autres plumes, au sein de cet
auguste quotidien, comme celle de Philippe Bernard, qui connaît le
sujet et couvre depuis des années les luttes des musulmans contre le
fanatisme, mais ce n'est pas lui qui est en charge des
pages "religion" !
Moralité, tant que Xavier Ternisien sera le seul filtre de
l'actualité sur l'islam de France au Monde, vous saurez ce qui vous
reste à faire : vous armer d'esprit critique !
Dans la conclusion de son livre sur la France des Mosquées, Ternisien
avoue s'interroger sur "ce que doit être une attitude juste à l'égard
de l'islam. Comment éviter à la fois la tentation de la fascination
et celle, inverse, du dénigrement ?" Il semble avoir trouvé une
réponse : tout pardonner aux Frères musulmans simplement parce qu'ils
ont du succès, quitte à leur faire la courte échelle pour conquérir
l'islam de France. Cette solution ne peut-être celle de militants et
d'intellectuels qui croient encore à la force des idéaux de liberté
découlant de la laïcité et qui sont allergiques aux idées
totalitaires, qu'elles soient nazies, staliniennes, intégristes
chrétiennes ou islamistes. Avec Fiammetta Venner, nous nous sommes
posé exactement la même question que Xavier Ternisien mais nous
n'avons visiblement pas trouvé la même réponse. Nous avons choisi de
tout faire pour dédiaboliser l'islam en tant que religion tout en ne
faisant aucun cadeau à l'islamisme. Le résultat s'appelle Tirs
Croisés : la laïcité à l'épreuve des intégrismes juif, chrétien et
musulman. Il défend la thèse selon laquelle l'islam n'est pas une
religion pire qu'une autre et revendique une critique radicale envers
tous les intégrismes. Voilà un moyen de défendre la laïcité sans
stigmatiser une catégorie de croyants ! Il faut résister à ceux qui
voudraient nous faire croire à un choc des civilisations ou même des
religions mais pas au prix d'abandonner notre esprit critique envers
les intégristes. Car le débat en cours n'oppose pas des promusulmans
et des racistes, ni même des chrétiens et des musulmans mais bien des
conscients et des inconscients. Or il est temps d'avoir conscience
que la ligne de partage doit se situer entre les laïques et les
intégristes de toutes les religions, tous fondamentalement d'accord
pour s'opposer à une loi contre les signes religieux à l'école et
prendre la laïcité sous leurs tirs croisés ! Que pensez de cette
dépêche dans laquelle Christine Boutin se dit favorable au voile, à
l'école et au travail ? Ou de cette autre annonçant que l'association
de Bernard Antony (FN), Chrétienté et solidarité, organise une
manifestation pour protester contre une loi interdisant les signes
religieux à l'école. Finalement, Tincq avait raison… C'est bon de
retrouver ses repères ! En l'occurrence de vieux ennemis, chrétiens,
qui n'ont pas été plus tendres que ne s'apprêtent à l'être les
islamistes français. Au moins, en ce temps-là, toute la gauche et
l'extrême gauche faisaient corps contre les "croisés de l'ordre
moral". Tandis qu'aujourd'hui, ce sont les laïques qui se font
traiter de "croisés". Vous me direz, à force de défendre la laïcité
face à autant d'ennemis, l'armure finit par s'imposer ! Puisque la
résistance est à ce prix…
Caroline FOUREST Extraits de Prochoix no 76-77, janvier 2004
www.prochoix.org
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