absentéisme enseignant

Message par Valiere » 03 Juil 2009, 08:09

Absentéisme enseignant : publiez les vrais chiffres !
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/P...009Accueil.aspx

L'annonce faite par RTL, reprise ensuite par tous les médias, validée par les propos de Luc Chatel, d'une étude ministérielle qui estimerait qu'un enseignant du primaire sur deux a bénéficié d'un congé de maladie en 2008 est-elle un bidonnage ? Trois éléments penchent en ce sens.

Le doute le plus sérieux vient du fait que l'étude reste mystérieuse, RTL ne l'a toujours pas publiée. On n'a donc aucune idée de ce qui a été vraiment décompté et du sérieux de cette enquête. D'autres éléments de doute viennent de l'incohérence entre les chiffres avancés et d'autres données officielles. L'Expresso avait évoqué le rapport sur les performances du ministère. Mais d'autres rapports contredisent les affirmations de RTL. D'abord un intéressant travail de l'Insee sur les congés maladie et accidents dans l'économie française qui établit une loi : "plus le travail est qualifié, moins on s'absente pour cause de maladie ou d'accident". Cette étude fixait un taux moyen d'absence des enseignants à 1,7% pour le primaire et 1,5% pour le secondaire, loin derrière la plupart des professions, par exemple les employés de commerce (3), les ouvriers non qualifiés de l'industrie (4,3). Seuls les ingénieurs et cadres du privé et les cadres de la fonction publique font mieux. Cette étude a 10 ans d'âge (1998) mais, si les chiffre ont pu évoluer, la logique qui les anime est surement encore à l'oeuvre.

Mais il y a des données beaucoup plus récentes. En présentant la carte scolaire 2009, le ministère a lâché quelques chiffres, preuve s'il en était qu'il les détient. Concernant les enseignants du primaire, la Dgesco affirme que "on constate que sur 10 ans le taux d'absence a augmenté au niveau national 5,98 en 1998-1999 et 7,23% en 2006-2007". Que le taux d'absence ait augmenté n'est pas très étonnant compte tenu du vieillissement de la population enseignante (moyenne d'âge 40 ans). Encore faut-il préciser qu'il concerne tous les motifs d'absence (pas seulement la maladie et on a vu dans le rapport de performance que les motifs administratifs pèsent plus lourds que la maladie). Il s'établit à environ 7% des heures enseignées. Comment avec 7% d'heures avoir "la moitié d"enseignants absentéistes" ??? Précisons quand même que ce taux est très variable d'un département à l'autre, avec parfois des facteurs évidents (on a plus d'absents dans les zones difficiles), parfois non… Enfin rappelons que le temps de travail des enseignants du second degré a été évalué par la DEPP (ministère) en 2002 : il s'établit à 39h47 en moyenne par semaine.

De ces données il ressort quatre constats. Le premier c'est que les enseignants n'ont globalement pas à rougir. Le second c'est que quand un prof est absent c'est une gêne bien réelle pour les familles. La question mérite sans doute mieux qu'une campagne assez basse, des solutions concrètes. Or là-dessus les derniers chiffres du rapport de performances montre que les résultats de Xavier Darcos sont mauvais. Les économies ont touché également le volant de remplaçants et ce ne sont pas leçons de morale qui va les ressusciter…
Le troisième constat c'est que les vrais chiffres existent. Ils ont servi à la Dgesco pour établir sa carte scolaire. On peut les compléter avec le suivi détaillé des absences maladies et maternité qui a été lancé en 2004 par le Comité d'hygiène et de sécurité du ministère. Qu'attend la Dgesco pour les publier ?

Le dernier constat interpelle directement le ministre. En 1999 Claude Allègre avait fait campagne sur l'absentéisme des enseignants en avançant, par une entourloupe, 12% d'absentéistes. Voilà ce thème revenu à la Une médiatique avec, encore mieux, un prof feignant sur deux. Ou ces chiffres viennent de la rue de Grenelle, ou ils sont bidons. Il appartient au ministre soit de les confirmer, soit de les démentir, soit d'accepter d'avoir précocement la popularité du ministre précédemment cité.

L'étude Insee 1998
Les chiffres de la Dgesco 2009
La pénibilité du travail enseignant
Qui est malade ?
Le temps de travail des enseignants

Valiere
 
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Message par luc marchauciel » 03 Juil 2009, 08:37

Le chiffre d'une enseignant sur deux ayant eu un congé de maladie sur l'année ne me semble pas extaordinaire et je ne suis pas sûr qu'il soit très différent de ce que l'on peut trouver chez d'autres travailleurs. Entre la gastro et le grippe en hiver, on aurait pas déja plus d'une quart de la population qui est frappé, non ?
En tous cas, j'ai un point de repère : quand je regarde de l'autre côté du bureau mes élèves, dont la consitution physique est après tout aussi celle d'un être humain, il y a certainement la moitié d'entre eux qui a été absent pour maladie au cours d'une année scolaire.
Et on peut penser qu'en étant ainsi toute la journée face à des élèves chez qui les maladies contagieuses circulent pas mal, les enseignants sont plutôt un peu plus exposés que le reste de la population.
luc marchauciel
 
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Message par bennie » 03 Juil 2009, 09:39

Au pire, ces chiffres sont étalés pour justifier des mesures contre les enseignants et alimenter les préjugés, au mieux, ces chiffres sont vrais et il faut peut-êttre chercher les raisons, conditions de travail, manque de moyens?
bennie
 
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Message par Valiere » 03 Juil 2009, 10:48

Luc a raison...Même des enseignants costauds et résistants sont tous les jours en contact avec des élèves porteurs de toutes les maladies possibles...
Valiere
 
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Message par tridon » 03 Juil 2009, 13:45

Mais c'est évident que les enseignants ont plus d'arrêt maladie que les salariés du privé.
D'autant plus -et cela l'enquête ne le souligne pas- que c'est sur la base d'un nombre de jours annuel de travail très inférieur à la moyenne des autres professions.

Plus d'arrêt maternité aussi comme le dit également l'enquête. Pour une raison simple : la prédominance des femmes dans le corps enseignant.

Mais pour en rester aux arrêts maladie, comment s'en étonner ?

Ce ne sont pas les maladies contagieuses au contact des enfants, ni même le stress, qui explique cette différence.

C'est tout simplement le fait que les enseignants du public constituent encore la partie des salariés la mieux protégée.

La différence avec le privé saute aux yeux :

. la précarité y est de plus en plus grande : interim, chômage partiel, cdd...
Ne pas oublier que pour ces catégories -contrairement aux enseignants- les 3 premiers jours d'arrêt ne sont pas du tout couverts par la sécu, et que pour beaucoup d'autres salariés le complément de salaire aux indemnités journalières de sécu n'existe pas !

. la pression patronale pour une plus grande productivité est en hausse elle-aussi : chasse aux temps morts, heures supp. non payées...

. la culpabilisation par rapport au déficit de la sécu, la "vigilance" des médecins par rapport aux prescriptions d'arrêt de travail, le renforcement des contrôles par la SS ou par des officines, ont abouti à une baisse assez nette de l'absentéisme dans le privé.
Et cela en dépit d'une aggravation des conditions de travail, des accidents, du stress.

Alors, plutôt que de contester cette enquête et cette réalité, revendiquons le droit des enseignants à s'arrêter, pas seulement quand ils ont la grippe, mais quand ils n'en peuvent plus.

Mais revendiquons surtout le droit -de plus en plus mis à mal- des autres salariés, de s'arrêter quand ils ne supportent plus l'exploitation, la productivité à outrance, la tyrannie des chefs, et autres humilations...

Réclamons que tout arrêt maladie soit payé à 100 % comme pour les enseignants, et alors on verra sans doute que les statistiques d'arrêt de de travail du privé rejoindront et peut-être dépasseront celles de l'Education Nationale.

Et j'en serai personnellement très content.
tridon
 
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Message par Crockette » 06 Juil 2009, 23:13

bon déjà je ne porte pas les enseignants dans mon coeur car selon moi ils sont grosso modo les laquais du capitalisme...en inculquant des valeurs de méritocratie etc. et jeparle pas des programme d'histoire ou la commune est completement oubliée ou adoucie.

bon mais y a des profs qui ont une véritable conscience de lutte des classes.

cela dit revendiquer la pénibilité des enseignants c'est indécent, vu le contexte des autres métiers, + le nombre de congés qu'ils ont à coté d'autres métiers beaucoup plus pénibles...

mais cela dit il faut réclamer un droit de s'arreter quand le salarié n'en peut plus...donc je comprends aussi que les profs avec des classes surchargées en aient ras le bol parfois.

donc oui il faut mettre plus de moyen dans l'éducation nationale. et il faut se battre pour que tous les autre métiers aient le meme nombre de congés que les profs...
mais est ce que les profs seraient d'accord ? j'en doute car ils forment aussi une belle corporation.

c'est cela une vraie lutte des classes et une vraie solidarité de travailleurs.
car plus dans le privée les travailleurs vont s'en prendre plein les dents en terme de précarité et flexibilité plus le sprofs vont apparaitre aux yeux de la poulation comme des nantis...à droite ils l'ont bien compris.
donc à gauche au lieu d'insister sur la défense de ces acquis, stratégie completement corporatiste, il faut se battre pour élargir le nombre de congés de ces profs à tous les autres métiers..du coup le medef devra embaucher...ça fera moins de chomeurs donc moins de papas et de mamans sous tensions avec leurs gosses, donc ça fera des gosses plus gentils avec leurs profs...qui du coup se retrouveront moins en arret de travail... :sleep: :dry:
Crockette
 

Message par Crockette » 08 Juil 2009, 16:25

ce matin sur france inter le tout nouveau ministre de l'éducation était étonné des 2000 instituteurs qui n'appliquaient pas les heures de cours supplémentaires pour les éléves ...

c'est d'autant plus étonnant (ou paradoxal je sais plus exactement ses termes) que la mission première des instituteurs est "d'apprendre aux élèves à obéir" a til dit sur france inter.

le journaliste n'a pas dit un seul mot sur l'esprit critique...rien un grand silence : l'obéissance et on résume toute la vie d'un élève.

donc des instits qui ne mettent pas leur esprit critique dans la poche (comme 99,5 % des enseignants), c'est choquant. Les instituteurs doivent obéir aux consignes de l'éducation nationale et à l'administration, le message est très clair.

voilà ça confirme tous me sposts que j'ai fait sur le sprofs...et ma théorie sur les laquais du capitalisme... :sleep:
Crockette
 

Message par Bertrand » 08 Juil 2009, 16:29

Crockette, tu as parfois de curieux raccourcis dans tes raisonnements.
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Message par Surgut » 08 Juil 2009, 17:23

(Crockette @ mercredi 8 juillet 2009 à 16:25 a écrit : ce matin sur france inter le tout nouveau ministre de l'éducation était étonné des 2000 instituteurs qui n'appliquaient pas les heures de cours supplémentaires pour les éléves ...

c'est d'autant plus étonnant (ou paradoxal je sais plus exactement ses termes) que la mission première des instituteurs est "d'apprendre aux élèves à obéir" a til dit sur france inter.

le journaliste n'a pas dit un seul mot sur l'esprit critique...rien un grand silence : l'obéissance et on résume toute la vie d'un élève.

donc des instits qui ne mettent pas leur esprit critique dans la poche (comme 99,5 % des enseignants), c'est choquant. Les instituteurs doivent obéir aux consignes de l'éducation nationale et à l'administration, le message est très clair.

voilà ça confirme tous me sposts que j'ai fait sur le sprofs...et ma théorie sur les laquais du capitalisme... :sleep:

Ce même genre de raisonnement conduirait à mépriser les ouvriers comme étant des fournisseurs de profits des capitalistes. C'est un raisonnement outrageant et stupide, bien qu'il y ait bien sur une pointe de vrai derrière.
Surgut
 
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Message par tridon » 09 Juil 2009, 22:05

Sans chercher à défendre crockette, il me semble qu'on ne parle pas des mêmes choses : l'ouvrier ne vend que sa force de travail; je ne pense pas qu'on peut limiter l'enseignant à cette fonction. Il possède une réelle autonomie sur son "outil de travail" et joue un rôle, effectivement, dans la reproduction de l'idéologie -dominante principalement, mais c'est là qu'il peut y avoir débat, comment la détourner ou s'y opposer ?.

Mais au départ tout est venu d'un communiqué mettant en cause l'absentéisme enseignant, et d'une réaction corporatiste voulant faire accroire que les enseignants ne seraient pas mieux lotis que les autres travailleurs, alors qu'ils bénéficient d'une prise en charge totale des arrêts maladie.
La défense corpo. s'est portée aussi sur les horaires.
Mais citer des statistiques sur les semaines de 40 heures des enseignants sans parler des 4 mois de vacances ce n'est tout simplement pas sérieux !
Et contre-productif, car comme le dit crockette, en ces temps de crise et de précarité...il vaut mieux parler le langage de la vérité, pour obtenir l'unité des salariés du public ou du privé.
tridon
 
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