Le vrai scandale

Message par com_71 » 16 Mai 2006, 00:49

a écrit :LE VRAI SCANDALE, C'EST LE POIDS DU GRAND PATRONAT SUR CEUX QUI GOUVERNENT
15/05/2006
    Allez savoir qui manipule qui dans le marais nauséabond de l'affaire Clearstream où sombrent les sommets de l'État !
    Et, au fond, quelle importance pour les travailleurs ? Les coups qui leur font du mal, ce ne sont pas les coups bas que les Chirac, Villepin et Sarkozy s'assènent. Car ces gens-là, s'ils sont rivaux, ont mené ensemble la politique anti-ouvrière et pro-patronale du gouvernement.
    Cette affaire lève cependant un coin du voile sur les relations entre les milieux d'affaires et ceux qui nous gouvernent. Ainsi, le dénommé Gergorin, soupçonné d'être l'auteur des lettres anonymes qui ont déclenché l'affaire, est un des dirigeants du groupe industriel EADS -celui qui vient d'annoncer la fermeture d'une de ses filiales, la SOGERMA, avec à la clé la suppression directe ou indirecte de 6 000 emplois. Ce Gergorin a été le bras droit d'un des plus puissants patrons de ce pays, feu Jean-Luc Lagardère. Et il est en même temps un ami personnel de Villepin. Il a été camarade à l'ENA d'Alain Juppé, un ex-Premier ministre de droite, de Laurent Fabius, un ex-Premier ministre de gauche, et de Dominique Perben le ministre des Transports. Le patron de la SNCF, Louis Gallois, et celui d'Air France, Jean-Cyril Spinetta, étaient dans cette même classe de l'ENA.
    Cette affaire illustre, aussi, avec quelle facilité des hommes passent de la direction de l'État à celle des grandes entreprises, du "service de la République" à celui d'un grand patron comme Lagardère.
    La presse rapporte que Sarkozy, lui, va souvent en vacances avec Bouygues et il reçoit à sa table Jean-Claude Decaux ou Bernard Arnault, patron du trust de produits de luxe LVMH, et bien d'autres patrons comme ceux de Suez, Alstom ou la BNP.
    Le scandale des coups bas entre "amis" politiques est finalement mineur à côté de ce scandale permanent que sont les liens entre les dirigeants des grandes entreprises et ceux de l'État, entre ceux qui bénéficient des largesses de l'État et ceux qui prennent ces décisions-là en prétendant le faire "au nom du peuple".
    On consent aux électeurs le droit de voter une fois tous les cinq ans. Mais les grands trusts de l'armement, du bâtiment ou de l'industrie du luxe votent tous les jours et pèsent sur les décisions par copinage de leurs dirigeants avec les ministres ou en utilisant les médias dont ils sont propriétaires. Car, parmi ceux qui possèdent les grands titres de la presse ou les chaînes de télévision, on retrouve les mêmes : les Bouygues, Dassault, Lagardère et quelques autres, précisément les patrons d'industries qui s'enrichissent en grande partie, voire exclusivement, des commandes de l'État.
    Ce sont ces gens-là qui expliquent pourquoi il est nécessaire de faire des réformes en demandant toujours plus de sacrifices aux travailleurs, aux retraités, aux chômeurs, pendant que leurs profits dépassent chaque année de nouveaux sommets.
    A propos de la société financière Clearstream, le scandale se focalise sur la vraie-fausse liste contenant les noms d'hommes politiques. Mais le vrai scandale est l'existence même de ce type de banques spécialisées dans le blanchiment de l'argent. Mais il est vrai que Clearstream ne fait que pousser plus loin l'opacité légale du "secret des affaires" derrière lequel les grandes entreprises prennent leurs décisions les plus nuisibles à la société.
    Histoire de conforter son image d'opposant au gouvernement de droite et surtout de se poser en alternative à l'échéance de 2007, le PS a déposé une motion de censure. Mais que la gauche à la tête de l'État donne ou pas la même image d'un panier de crabes que la droite, le poids du grand patronat sur les sommets de l'État reste le même.
    La droite sert le grand patronat par inclination. La gauche le sert parce qu'elle est à plat ventre devant ceux qui dirigent l'économie. Pour les travailleurs, le résultat est le même car pour résoudre les problèmes vitaux du monde du travail, les licenciements, la précarité et l'insuffisance des salaires, il n'y a pas d'autre moyen que de s'en prendre au grand patronat en puisant dans les profits des entreprises et les revenus des actionnaires !
    Arlette Laguiller
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Ottokar » 16 Mai 2006, 09:41

Merci, Professeur Vérié, il n'y a plus qu'à espérer que les rédacteurs de cet édito fréquentent ce forum et s'inspirent de tes critiques pour faire mieux la prochaine fois... :roll:
Ottokar
 
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Message par artza » 16 Mai 2006, 10:22

a écrit :expliquer de façon un peu plus clair la nature d' l'état bourgeois


Alors que les liens personnels, physiques, familiaux, matériels de tout ce petit monde des gouvernements, des grands partis, des affaires et de la haute administration sont montrées.

Je crois que la critique tombe un peu à coté.

Pour la conclusion. Pourquoi ne pas revenir sur ce qu'il est essentiel de dire aujourd'hui. C'est mieux qu'être dans la situation que de conclure par exemple sur la nécessité d'une vraie démocratie celle des travailleurs, je crois.

Enfin Otto les éditos de LO sont fait pour être lus, commentés et critiqués et surtout dans les rangs ouvriers. Ils le sont bien trop peu en fait. Toujours cette sacrée période!

Je me souviens de l'édito sur la mort de Mitterrand, combien ont reproché l'attaque contre un défunt. Il n'y avait pas que des socs béats.

Mais on a pu revenir sur bien des choses, s'expliquer pas toujours convaincre mais enfin pour une fois on a eu deux jours de discussions politiques et sur le fond.

Qu'est-ce qu'un homme de main de la bourgeoisie.
artza
 
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Message par artza » 16 Mai 2006, 10:45

L'édito ne conclut pas que sur les salaires mais aussi les licenciements et la précarité.

C'est quand même le coeur des préoccupations du monde du travail aujourd'hui.
artza
 
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Message par piemme » 16 Mai 2006, 15:08

a écrit :"il n'y a pas d'autre moyen que de s'en prendre au grand patronat en puisant dans les profits des entreprises et les revenus des actionnaires !"

Telle est la phrase de conclusion, qui ne laisse aucun doute sur la nécessité, pour réaliser un tel objectif, de "changer le système" (voire de renverser le capitalisme en faisant la révolution prolétarienne mondiale).
Bien-sur, au lieu de dire "s'en prendre au patronat en puisant dans les profits", on pourrait dire "renverser la bourgeoisie en l'expropriant". Ne pas le faire n'est pas atténuer le sens du propos, mais chercher à se faire comprendre.
En revanche, j'ai l'impression que réduire cette phrase à "arracher un tout petit peu des profits" -- ce qui est effectivement un peu "faible" -- est un contre-sens qui, outre qu'il donne de mauvaises raisons de s'opposer, édulcore le sens de l'édito.
piemme
 
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Message par piemme » 16 Mai 2006, 18:39

a écrit :Tu crois vraiment que ça veut dire la même chose ?

Oui. Encore une fois (même si cette discussion a très peu d'intérêt) : l'édito parle de "s'en prendre au grand patronat en puisant dans les profits des entreprises et les revenus des actionnaires !". Or, pour se servir dans les comptes de la bourgeoisie, à n'en pas douter, il faudra un sacré renversement des rapports de forces. Et c'est bien de cela dont l'édito parle ; d'un changement de rapport de force qui permette, en somme, de renverser plus qu'un peu le capitalisme, non ?
L'édito, de ce point de vue, est extrêmement clair.
Même s'il n'explique pas "la nature de l'Etat bourgeois, la nécessité de le détruire et de le remplacer par un Etat contrôlé démocratiquement par des organisations de travailleurs", et tant et tant et tant de choses encore surement très intéressantes en soi et qui ne correspondent pas, pour l'heure, au "coeur des préoccupations du monde du travail" (comme dit justement Artza).
piemme
 
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