L'extrême droite allemande relève la tête

Message par pelon » 10 Sep 2004, 09:25

a écrit :
A l'approche de nouvelles élections régionales en Saxe
L'extrême droite allemande relève la tête

Berlin : de notre correspondant Pierre Bocev
[10 septembre 2004]

Une perquisition, cette semaine, dans les milieux de l'extrême droite allemande a brutalement remis en évidence les méthodes par lesquelles les différentes mouvances des nostalgiques du nazisme gèrent leur fonds de commerce. A Riesa, en Saxe, la police a saisi quelque 800 cédéroms qu'elle estime appartenir à un lot de 25 000, destinés à être distribués dans les écoles pour propager des chansons aux textes aussi peu ambigus que «Ein Volk, ein Wille, Heil dem Reich», «Un peuple, une volonté, Heil au Reich».

La maison d'édition qui a fait l'objet de cette descente porte le nom de «Voix allemande» et appartient à Holger Apfel, membre du conseil municipal de Dresde depuis les communales de juin et tête de liste du NPD, le «parti national démocratique» pour le scrutin régional du 19 septembre en Saxe.

Le message que Holger Apfel entend propager est selon le parquet en contradiction flagrante avec la loi fondamentale de l'Allemagne. Mais le NPD risque de faire toutes proportions gardées un tabac à ces prochaines élections en Saxe, tout comme un autre parti néonazi, la DVU («Deutsche Volksunion», ou «Union du peuple allemand») qui se présente le même jour aux régionales dans le Brandebourg.

La semaine dernière déjà, le NPD a frisé le retour dans le Parlement d'un Land en recueillant 4% des votes en Sarre. Seul le seuil de qualification des 5% l'a empêché de renouer avec sa dernière représentation dans une Assemblée régionale qui remonte à 1968 lorsqu'il avait décroché 9,8% dans le Bade-Wurtemberg.

D'habitude, les rivalités entre les groupuscules et autres partis plus ou moins établis empêchent toute percée. Cette fois-ci, le NPD et la DVU sont convenus de maximiser leurs chances grâce à un accord de désistement : la DVU, déjà présente au Brandebourg (et à Brême) se concentrera sur ce Land et ne se présentera pas en Saxe où elle laisse la main libre au NPD. Il y profite également du désistement des «Republikaner», un mouvement comparable mais rival qui vient de retirer sa liste de candidats.

Leurs perspectives sont loin d'être désespérées. En Saxe, le dernier sondage crédite le parti de Holger Apfel, habitué des commémorations de la mort de Rudolf Hess de 7% des intentions de vote, contre 1,4% engrangés en 1999. Dans le Brandebourg, la DVU aurait plus de mal, avec 4% dans les sondages, sans doute en raison de la présence d'une liste scissionniste du NPD qui n'a cure des accords stratégiques.

Un peu partout, l'extrême droite table moins sur la nostalgie d'un passé hitlérien que sur le ras-le-bol généralisé que semble avoir suscité la politique des réformes lancée par le gouvernement de gauche et que la droite soutient malgré ses virulentes critiques de détail : 65% des Allemands sont critiques à l'égard de tous les partis et 54% d'entre eux sont d'accord pour affirmer que cela ne fait aucune différence que de voter pour les uns ou pour les autres. Résultat, la participation électorale est en chute libre de scrutin en scrutin : 55,5% il y a dix jours en Sarre, contre 68,7% cinq ans auparavant.

Autrement dit, la porte est ouverte à tous les populismes, de droite comme de gauche, là où le PDS, le parti des néocommunistes de l'ancienne RDA, surfe lui aussi sur la vague de mécontentement. Souvent, du reste, avec des arguments qu'il pourrait avoir empruntés à l'adversaire idéologique et vice versa. Le PDS est coorganisateur de nombre de «manifs du lundi» contre les réformes sociales de Hartz-IV, et les skinheads de la droite essaient de prendre le train en marche. «Le populisme croissant et la participation déclinante se renforcent mutuellement», constate l'hebdomadaire Die Zeit.

La classe politique traditionnelle commence à s'en inquiéter. L'opposition de droite CDU en impute la faute à la politique du gouvernement qui, dit sa présidente, Angela Merkel, génère «le vide, l'abstention électorale et in fine la fuite dans le radicalisme». Au nom du SPD, le président du parti Franz Müntefering récuse le raisonnement, mais demande lui aussi que «la sauce brune n'ait plus jamais sa chance».

Les prochains scrutins sonneront sans doute le tocsin. Mais jusqu'à présent, et rien n'indique que cela soit en train de changer durablement, les émules du IIIe Reich n'ont jamais réussi à pérenniser leurs succès ponctuels : leurs rivalités restent profondes, aucun En Saxe, le dernier sondage crédite le parti de Holger Apfel, habitué des commémorations de la mort de Rudolf Hess de 7% des intentions de vote, contre 1,4% engrangés en 1999. Dans le Brandebourg, la DVU aurait plus de mal, avec 4% dans les sondages, sans doute en raison de la présence d'une liste scissionniste du NPD qui n'a cure des accords stratégiques.

pelon
 
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