Le Pentagone et le scandale des prisonniers

Message par pelon » 25 Août 2004, 20:09

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Le Pentagone est mis en cause dans le scandale des prisonniers
LE MONDE | 25.08.04 | 12h59
Un groupe de travail non partisan, mis en place par le ministre américain de la défense Donald Rumsfeld et présidé par l'un de ses prédécesseurs à ce poste, le républicain James Schlesinger, a rendu public, mardi 24 août, son rapport sur les conditions de détention des prisonniers des forces armées américaines en Afghanistan, en Irak et à la base de Guantanamo, sur l'île de Cuba. Ses conclusions sont très sévères pour le commandement en Irak et, au-delà, pour les plus hauts responsables militaires au Pentagone. Egalement mardi, la juridiction d'exception à Guantanamo, mise en place pour juger les "combattants ennemis" détenus sur la base américaine, a commencé à juger quatre membres présumés d'Al-Qaida. Le premier accusé à comparaître a été le chauffeur yéménite d'Oussama Ben Laden.

Washington de notre correspondant

Un groupe de travail, chargé par le chef du Pentagone, Donald Rumsfeld, d'examiner les conditions de détention des prisonniers des forces américaines en Afghanistan, en Irak et à la base de Guantanamo Bay, sur l'île de Cuba, a rendu publiques, mardi 24 août, des conclusions sévères pour le commandement en Irak et pour le ministère de la défense. Mais il n'a pas recommandé de sanctions aux plus hauts niveaux de responsabilité.

Selon le président de ce groupe de travail, James Schlesinger, un républicain qui fut ministre de la défense il y a trente ans, les sévices et traitements dégradants subis par des détenus à la prison d'Abou Ghraib, près de Bagdad, engagent la "responsabilité directe" des officiers sur le terrain, jusqu'au général de brigade, et la "responsabilité indirecte" de l'état-major, qui n'a pas pris les décisions nécessaires pour mettre fin à cette situation. "Il y a une responsabilité institutionnelle et personnelle, qui remonte la chaîne de commandement, à Washington", a ajouté l'ancien ministre lors d'une conférence de presse.

Néanmoins, interrogé sur les décisions de M. Rumsfeld, M. Schlesinger a souligné que le ministre avait tenu compte, dans ses directives, des avis des juristes et qu'il avait "ajusté sa politique", affirmant : "Sa conduite a été exemplaire." Les autres membres du groupe - l'ancien ministre de la défense Harold Brown, démocrate, l'ancienne députée républicaine Tillie Fowler et le général à la retraite Charles Horner - se sont exprimés dans le même sens. M. Schlesinger estime que le Pentagone n'a pas rempli son devoir de "supervision", mais que la faute en incombe davantage "aux militaires qu'au secrétaire à la défense et à son cabinet".

A un peu plus de deux mois de l'élection présidentielle, on ne pouvait pas attendre d'un groupe de travail, certes indépendant et bipartite mais nommé par le ministre de la défense, qu'il invite ce dernier à démissionner. Cependant, le rapport produit par ces observateurs livre une analyse des événements qui n'épargne pas les chefs du Pentagone. Mme Fowler a résumé les conclusions de cette enquête de la façon la plus claire, en déclarant : "Nous avons trouvé une succession de défaillances qui vont bien au-delà d'un groupe de cellules en Irak. Nous avons trouvé des défaillances fondamentales à tous les niveaux de commandement, des soldats, sur le terrain, jusqu'au commandement central et au Pentagone." L'ancienne députée a souligné que le groupe n'a découvert "aucune politique explicite (...) appelant à torturer des détenus ou à les traiter de façon inhumaine", mais que les "défaillances" des dirigeants ont contribué à créer "une atmosphère qui a permis que ces violences surviennent".

"VIOLENCES FLAGRANTES"

Constitué, début mai, après la révélation des traitements dégradants et tortures infligés à des détenus d'Abou Ghraib, le groupe de travail circonscrit à l'équipe de nuit, dans le bloc 1 de la prison, les violences qui ont été photographiées et filmées par leurs auteurs. Selon M. Schlesinger, ces actes, commis par des réservistes de la 800e brigade de police militaire, sont sans rapport avec des interrogatoires et avec la recherche de renseignements. Ce sont des "actes de brutalité et de sadisme gratuit", perpétrés par des sous-officiers et des soldats "pour s'amuser", selon l'expression de l'un d'entre eux. Le rapport souligne, toutefois, que des "violences flagrantes" ont été commises lors d'interrogatoires, à Abou Ghraib et ailleurs.

Au total, indique le rapport, 300 accusations de violences ou de tortures, en Afghanistan, en Irak ou à Guantanamo, ont été portées contre les forces armées américaines. Sur les 155 enquêtes achevées à ce jour, 66 ont conclu que ces accusations étaient étayées par des faits. Dans un tiers des cas, il s'agit de détenus maltraités pendant leurs interrogatoires. Cinq d'entre eux en sont morts, et 23 décès continuent à faire l'objet d'enquêtes.

Le groupe de travail met en cause les directives du président Bush, refusant la protection des conventions de Genève aux prisonniers de Guantanamo Bay, et celles de M. Rumsfeld, autorisant à leur faire subir des techniques d'interrogatoire prohibées par les conventions internationales et par les règlements militaires américains. Le ministre est revenu sur cette autorisation, mais les ordres et les contrordres ont "contribué à faire croire que ces techniques étaient encouragées", estime le groupe de travail.

Il insiste, à plusieurs reprises, sur la "migration" des méthodes de traitement des prisonniers, à partir de l'Afghanistan et de Guantanamo vers l'Irak. Les interrogateurs militaires et civils ont usé des mêmes moyens à l'encontre des membres supposés d'Al-Qaida ou des milices des talibans que M. Bush a privés de la protection des conventions de Genève, et des prisonniers irakiens soupçonnés de participer à "l'insurrection", mais couverts, en principe, par ces conventions.

M. Schlesinger, qui a dirigé par ailleurs les enquêtes d'un comité d'experts reprochant au gouvernement Bush d'avoir sous-estimé les conséquences de l'invasion de l'Irak, a fait partager au groupe de travail sa conviction que cette entreprise avait été préparée en dépit du bon sens et que les militaires américains n'avaient pas les moyens de faire face au chaos dans lequel la guerre allait précipiter ce pays. A ses yeux, les violences d'Abou Ghraib sont imputables, pour une part, à la perte de contrôle d'une armée dépassée par la résistance à laquelle elle se heurte.

Patrick Jarreau
pelon
 
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