Les communistes du Nord jouent l'opposition au PS

Message par faupatronim » 16 Avr 2004, 14:02

a écrit :Les communistes du Nord  -  Pas-de-Calais jouent l'opposition au PS




Le PCF, fort d'un résultat électoral meilleur qu'en 1998, veut être "le relais des luttes sociales" au conseil régional. Sous l'impulsion d'Alain Bocquet, il a refusé de participer à l'exécutif et pourrait être un "allié" difficile pour Daniel Percheron, président socialiste sortant et réélu.

Lille de notre correspondant régional


La nouvelle donne politique au sein du conseil régional du Nord - Pas-de-Calais est apparue dès la première prise de parole des présidents de groupe. L'UMP Jacques Vernier et l'UDF Valérie Létard venaient de louer "l'esprit de tolérance" et de "dialogue" du président PS sortant (et réélu) Daniel Percheron, de souligner leur désir d'être "constructifs", voire (pour la seconde) de "s'investir dans l'action", quand Eric Renaut (PCF) rappela que l'accord de son parti avec le PS "n'était qu'une alliance électorale pour battre la droite et l'extrême droite", non "un accord programmatique". Les communistes, qui ne discernent chez leurs alliés PS et Verts "aucun signe de rupture avec des orientations prises jusqu'à présent et qui se sont révélées inefficaces", refusent, annonça-t-il, de participer à l'exécutif.

On vit alors les 18 conseillers PCF s'abstenir - en compagnie des UMP et du FN - lors du vote pour les quinze vice-présidences. Ces dernières furent donc, logiquement, dévolues aux seuls PS (12) et Verts (3). Sous la précédente mandature, le PCF disposait de cinq vice-présidences avec des résultats électoraux nettement moins bons et seulement 14 sièges.

S'il a fait le plein des voix de gauche, y compris celles du PCF, pour être élu au second tour avec une majorité très confortable (73 voix sur 113), le président Percheron est donc loin d'avoir les mains libres : il devra composer avec cette nouvelle opposition communiste, élue sur sa liste, mais plus virulente sur certains points que... la droite modérée.

Cette recomposition reflète l'atmosphère de la campagne. Les enjeux nationaux y ont, comme partout, dominé le débat. Mais la situation économique et sociale locale lui a imprimé un aspect très concret, la question étant : comment faire face à l'avalanche de dépôts de bilan et de plans sociaux ?

Fidèle à la tradition social-démocrate nordiste, la majorité sortante a mis en place une vigoureuse action économique, en coopération avec les partenaires sociaux et les milieux patronaux. Cette politique a amené, par exemple, le conseil régional à participer récemment, à hauteur de 3,5 millions d'euros (en avance remboursable sur six ans), au plan de relance de la société Arbel Fauvet Rail, de Douai (Nord), dernier fabricant de wagons de marchandises d'Europe de l'Ouest. Enjeu : lui permettre de résister à la concurrence roumaine et polonaise.

Depuis 1998, le conseil régional a consacré à cette action 108 millions d'euros, grâce auxquels "5 979 entreprises ont été soutenues, représentant 41 645 emplois créés ou maintenus", indique Pierre de Saintignon. Vice-président (PS) sortant chargé du développement économique et de l'emploi, il conserve ce poste et préconise de doubler ce budget. Parallèlement, un "fonds d'anticipation sociale" doté de 3 millions a été créé afin de soutenir les victimes des plans sociaux.

Les communistes suivaient, la droite modérée aussi, en se faisant parfois tirer l'oreille. Mais les 14 conseillers du FN et les 7 de LO s'opposaient à ce qu'ils considéraient comme une distribution d'argent au grand patronat. Ils votaient même contre l'aide aux salariés licenciés, estimant que cette fonction de "SAMU social" est du ressort de l'Etat.

"INTRANSIGEANCE" DU PCF

La campagne, très dynamique, menée par les communistes sous la direction d'Alain Bocquet, président du groupe PCF à l'Assemblée nationale et maire de Saint-Amand-les-Eaux (Nord), visait à récupérer les voix des laissés-pour-compte de la crise, égarés par désespoir du côté du FN et de l'extrême gauche. Son appel aux électeurs frontistes ne semble pas avoir été entendu, mais Alain Bocquet est parvenu à éliminer la liste LO-LCR du second tour. Les communistes veulent maintenant exploiter leur succès électoral en se faisant "le relais des luttes sociales" au sein de l'assemblée régionale, qu'ils entendent utiliser comme "un levier politique pour s'extirper de la logique de résignation et de gestion sociale de la crise". Alain Bocquet, retiré de la liste, en sera, dit-il, "le président off".

Yvan Renar, sénateur (PCF) du Nord, et vice-président chargé de la culture sous la précédente mandature, élu régional depuis 1986, dénonce avec quelques autres élus communistes cette position, unique en France. "Maxime Gremetz lui-même est vice-président chargé de l'action économique en Picardie. Les communistes de la région participent à l'exécutif des deux conseils généraux, des municipalités de gauche et même de certaines communautés d'agglomération à majorité de droite. Participer ne veut pas dire perdre son âme."

Alain Bocquet lui-même, souligne M. Renar, travaille avec des adjoints de droite dans sa municipalité. Selon le sénateur, la non-participation à l'exécutif régional, décrétée par certains responsables sans vote des militants, remet en question toute une partie de la culture communiste. "Nos électeurs ne le comprendront pas", souligne-t-il. M. Percheron déplore, lui aussi, que "cette voie nouvelle, qui rend le communisme à la française plus exigeant à l'égard du capitalisme que le PC chinois, soit testée dans le Nord - Pas-de-Calais". On leur avait offert "les vice-présidences qu'ils voulaient", affirme-t-il. Mais les communistes entendaient garder une totale liberté de vote, y compris pour le budget.

Cela ne gênera guère le fonctionnement du conseil, où la majorité relative PS-Verts se trouvera dans une position similaire à celle de la précédente mandature, quand le PCF y participait. Un peu plus confortable, peut-être, dans la mesure où les communistes affirment qu'ils ne seront pas des "opposants systématiques ou jusqu'au-boutistes". Mais M. Percheron se désole que "le PCF ne soit pas à nos côtés". Cette intransigeance, déplore-t-il, "affaiblit l'institution régionale, dans la mesure où le contrat démocratique passé avec les électeurs ne sera pas totalement respecté".

Jean-Paul Dufour

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