Buffet irrite ses partenaires...

[Barikad]

RÉGIONALES
Buffet irrite déjà ses partenaires potentiels

Elsa Freyssenet
[17 décembre 2003]



Premières déclarations, premières levées de boucliers. A peine lancée dans la bataille des régionales en Ile-de-France, Marie-George Buffet a heurté ses partenaires potentiels, responsables associatifs et alternatifs, réunis sous la houlette du député et maire de Saint-Denis, Patrick Braouezec, au sein du réseau Pour une alternative citoyenne. Après avoir récusé une alliance de premier tour avec le PS dans la région capitale, la secrétaire nationale du PCF a proposé une liste de «rassemblement» avec des acteurs du mouvement social, à «égalité, dans le respect de chacun», précisait-elle dimanche soir.


Et voilà que, dans une interview au Monde daté de mardi, elle détaille le programme communiste en concédant simplement qu'il peut être «enrichi», qu'elle insiste sur le fait que les «camarades» communistes «souhaitent qu'elle mène la liste» régionale et qu'elle fixe à «début janvier» la «présentation» de cette dernière. De quoi susciter des poussées d'urticaire chez tous ceux qui veulent bien travailler avec le PCF mais refusent de voir ce parti prendre la direction des opérations.


«Si c'est comme ça, ce ne sera pas avec nous ! Il est hors de question d'entrer dans un moule préétabli», s'insurge Claire Villiers, membre d'AC !, pour qui le désir de porter un «message politique différent est indissociable de la manière de faire». «Où est la collaboration ? s'interroge l'adjointe au maire de Paris apparentée communiste Clémentine Autain. Si c'est pour refaire «Bouge l'Europe» et instrumentaliser le mouvement social pour sauver la Place du Colonel-Fabien, je n'en serai pas.» La même juge cependant «pas possible et prématuré» d'envisager une liste distincte de celle du PCF dans un espace politique déjà encombré et bordé à l'extrême gauche par l'attelage LO-LCR. Claire Villiers, elle, «n'exclut pas» l'hypothèse. Toutes deux sont régulièrement présentées comme «possibles» têtes de liste régionale par le maire de Saint-Denis.


Pour les alternatifs, Roland Mérieux parle de «termes malheureux et d'un blocage culturel lié à l'histoire du PCF». Mais il veut croire que Marie-George Buffet a souhaité «rassurer ses troupes». A commencer par celles qui craignent de voir le PCF se fondre dans un collectif. «Elle donne des gages un coup aux uns, un coup aux autres ; et il n'y a de lisibilité nulle part», déplore Clémentine Autain.


«Sans ouverture maximale, le PCF n'aura pas de dynamique, et le paiera aux élections», prévient le «refondateur» Roger Martelli. Ni lui ni Patrick Braouezec, qui a rencontré Marie-George Buffet hier après-midi, n'ignorent que les proches de la secrétaire nationale la poussent à être tête de liste et à diversifier ses interlocuteurs. L'intéressée a d'ailleurs déclaré, hier sur France Info, que même si «le débat est ouvert» sur sa candidature, «ce serait un bon moyen de rassembler» les communistes. Pas de quoi apaiser les craintes des partisans d'une «alternative citoyenne».