dans combat ouvrier
a écrit :SAINT-DOMINGUE
Émeute lors de la grève générale du 14 novembre: 7 morts
Sept morts, dont un policier, trente blessés, 1000 arrestations, tel est le bilan de la grève générale très massivement suivie, le 11 novembre dernier. Les manifestants en colère dénonçaient la politique économique du gouvernement dont les conséquences sont désastreuses pour les plus pauvres: fortes hausses des prix, le peso, monnaie locale, dévalué de 50% en un an, toutes sortes de mesures d'austérité. Les manifestants ont exprimé leur colère non seulement dans la capitale mais dans plusieurs autres villes. Il y a eu des voitures cassées, des pneus brûlés. Le bureau du parti au pouvoir, le PRD (parti révolutionnaire dominicain) qui n'a de révolutionnaire que le nom, a été incendié. Le gouvernement tout en disant qu'il "comprenait " le mouvement, a envoyé l'armée et la police, 20000 hommes. Les affrontements ont été violents.
Ce pays de la Caraïbe, avec 10 millions d'habitants et que l'on nous vante généralement pour les succès de son tourisme, va mal. Le président accuse le FMI (Fonds monétaire international) qui exige des sacrifices. Mais les salaires y sont très bas, justement dans l'hôtellerie tant vantée, quand on sait que beaucoup quittent le pays pour "chercher la vie" ailleurs, on comprend que des sacrifices supplémentaires sont intolérables. La dette du gouvernement aux producteurs d'énergie est immense, les coupures de courant sont quotidiennes. L'inflation est galopante. La télévision nous a montré récemment un jeune planteur des DOM venu s'installer à Saint Domingue. Il expliquait qu'il avait 38 ouvriers payés 100 euros par mois avec seulement 100 euros de charges par an par ouvrier.
Une partie des possédants démagogiquement a soutenu la grève lancée par les syndicats, car les industriels refusent de payer une taxe de 30% récemment exigée par le gouvernement à la demande du FMI. Ce dernier appelé suite aux pertes bancaires dues à la corruption, accepte de soutenir les pays en difficulté mais exige que le gouvernement réduise son train de vie. Celui-ci cherche à se rattraper sur les aides sociales qu'il supprime ou avec de nouveaux impôts.
Ce n'est pas la première fois qu'une grève générale se termine avec des morts et des blessés à Saint-Domingue. La grève de juin 1989 déclenchée pour exiger, comme en 2003, un doublement de salaires a été très dure : 4 morts des centaines d'arrestations. De même celles du mois d’août puis fin septembre 1990, respectivement 15 et 9 morts, des dizaines de blessés, des centaines d'arrestations. Les manifestants avaient dressé des barricades, et s'étaient affrontés aux forces de l'ordre. A l'époque c'était la dictature. Aujourd'hui, c'est encore un régime pourri qui n'hésite pas à tuer pour conserver le pouvoir, un pouvoir dévoué à la défense des intérêts des exploiteurs