C'est loin d'être tout intéressant, mais bon...
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« Défendre le droit des femmes »
CHRISTINE PICOT, responsable de maternité
MONTREUIL (SEINE-SAINT-DENIS), HIER. Christine Picot est favorable à une loi . (LP.)
ELLE A BRISÉ UN TABOU. Christine Picot, responsable de la maternité à l'hôpital André-Grégoire, à Montreuil (93) a révélé, devant la commission Stasi sur la laïcité le 21 octobre, la montée de l'islamisme dans les hôpitaux : « Depuis un an, quelques jeunes femmes entièrement voilées se présentent, toujours accompagnées de leurs maris. Ceux-ci répondent à leur place en consultation et interdisent tout contact avec le personnel masculin, jusqu'à empêcher la pratique d'une péridurale si l'anesthésiste est un homme. » « Les droits fondamentaux des femmes, comme le libre accès aux soins, sont remis en cause. Une bande de fadas religieux ne doit pas dicter sa loi à l'hôpital », dénonce la sage-femme, qui rappelle que « l'immense majorité des patientes voilées ne pose aucun problème ». Plusieurs membres du personnel soignant, en majorité étudiantes en médecine, n'hésitent plus aussi à afficher un voile. « Nous sommes des professionnels. Chacun doit laisser ses convictions religieuses à la porte de l'hôpital public », juge Christine Picot, en réclamant « une loi pour réaffirmer la laïcité de l'administration. Et au nom de la défense de la condition féminine ».
Victor Dixmier
Le Parisien , mercredi 26 novembre 2003 [/quote]
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« Il ne faut pas légiférer »
DANIEL COHN-BENDIT, parlementaire européen
La laïcité est-elle menacée en France ?
Daniel Cohn-Bendit. Oui. Il y a toutes sortes de militants qui, dans leurs pratiques quotidiennes, en faisant passer la loi religieuse avant la loi républicaine, remettent en cause la laïcité. Ce phénomène n'est pas limité à la seule école et n'est pas circonscrit à la seule religion musulmane. Il y a un retour du religieux dans nos sociétés. Est-il réducteur de limiter le débat à une loi interdisant le voile à l'école ? Oui. Une telle loi serait dangereuse et perverse : elle marginaliserait certains. Elle les repousserait dans les bras de leur communauté. Ils n'auraient plus les lieux où ils sont, aujourd'hui, obligés de se confronter à une perspective laïque du monde et de la société.
« Le droit d'appartenance à une communauté » Mais le pouvoir veut une loi... Ce serait une erreur. Il n'a pas à légiférer, il a juste à donner les moyens de se battre pour la laïcité. Si on exclut de l'école les filles portant un foulard, où vont-elles aller ? Dans des établissements confessionnels qui vont se transformer en bastions de l'intégrisme. Et qu'est-ce qu'on fait des garçons ? Ceux qui, barbe ou sans barbe, sont dans leur for intérieur des militants islamiques prônant la lapidation ou la répudiation. On les laisse à l'école ? La loi ne résout rien. Au contraire. Vous êtes donc partisan du statu quo ? Moi, je milite pour une école laïque, qui se bat pour la laïcité en acceptant les défis de ceux qui, en son sein, remettent en cause ce principe. Si l'école est défiée, il faut trouver les moyens de répondre à ces défis par des cours d'éducation civique, des témoignages de musulmanes persécutées dans leur pays par l'intolérance... Il faut faire de l'école le lieu où l'on débat de ces questions afin de donner aux filles la possibilité de s'émanciper des démons de l'intégrisme religieux. Y a-t-il une part de provocation ? Bien sûr ! Mais quand on demandait en mai 68 le droit de faire de la politique, on faisait aussi de la provoc. Aujourd'hui, il y a un retour en force de l'intégrisme islamique qui concerne toute la société. Je suis le premier à le déplorer. Mais c'est un fait. Le problème est donc de savoir comment le contrer. Il faut déjà faire de l'école le lieu de la bagarre. Le combat sera long mais nous devons être plus intelligents que les intégristes. Le communautarisme n'est-il pas la solution ? Non, s'il doit exclure de la société. Mais il faut accepter de reconnaître le droit d'appartenance à une communauté, on ne peut pas lutter contre cela, et oeuvrer pour intégrer cette communauté dans la République. Le même débat se déroule-t-il en Allemagne ? Non, les filles peuvent porter le voile à l'école. Mais elles doivent être intégrées dans toutes les activités sociales. Aujourd'hui, l'opinion se focalise plus sur la demande de certaines enseignantes musulmanes de professer voilées. Et là, rien n'est encore tranché.
Propos recueillis par Bernard Mazières
Le Parisien , mercredi 26 novembre 2003 [/quote]
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« Pour la République »
CHARLES AZNAVOUR
«JE SUIS tout à fait d'accord qu'une jeune fille ait un signe de sa religion accroché à son cou, une petite croix pour les unes, une petite étoile pour les autres, ou encore une main de Fatima. En revanche, si l'on commence à venir à l'école avec la kippa, le voile ou de grosses croix autour du cou, je ne suis plus d'accord. Nous sommes des laïcs et nous resterons des laïcs. La séparation de l'Eglise et de l'Etat doit être respectée. Je suis pour la République. Moi, lorsque j'entre dans une mosquée, j'enlève mes chaussures. Lorsque je suis invité dans un mariage juif, je porte la kippa. Non seulement, je suis respectueux des autres religions, mais je suis aussi persuadé que la religion canalise l'esprit lorsqu'elle est bien appliquée. Dans ma vie, j'ai lu la Bible, le Coran et des textes hébraïques. Pourtant je ne suis ni catholique, ni protestant, ni juif. Je ne suis pas plus musulman ou orthodoxe, je suis grégorien. Et je tiens à ma religion. En même temps, j'ai un petit-fils fils de juif, une petite-fille fille de musulman et je suis marié à une protestante. Je trouve la vie très belle comme ça. »
Propos recueillis par Sébastien Catroux
Le Parisien , mercredi 26 novembre 2003
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« Le choix de la fraternité »
Mgr Daucourt, évêque de Nanterre (92)
«UNE LOI ne va pas résoudre le problème. Au contraire, elle risquerait de produire de l'exclusion. » La position de Mgr Daucourt est claire : on ne doit pas légiférer. « Le foulard, c'est avant tout une affaire de conscience personnelle. Les jeunes qui font ce choix expriment souvent le besoin d'avoir un signe de reconnaissance. Il faut faire preuve de compréhension et raisonner au cas par cas. » D'ailleurs, selon l'ecclésiastique, la laïcité ne serait pas remise en cause par le port du voile, « pour autant que les élèves concernées ne font pas oeuvre de prosélytisme et assistent à tous les enseignements ». Et pour éviter que le port du voile n'exprime un repli communautaire néfaste, l'évêque invite les chrétiens à « prendre le risque de la fraternité ».
Timothée Boutry
Le Parisien , mercredi 26 novembre 2003 [/quote]
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« La laïcité est secouée... »
FRANÇOIS BAROIN, député UMP de l'Aube
FRANÇOIS BAROIN est porte-parole de l'UMP. La laïcité est-elle aujourd'hui menacée ? François Baroin . La laïcité, c'est la liberté. Celle de croire ou de ne pas croire, de vivre sa foi et de pratiquer son culte dans le cadre de la République ou bien de vivre son scepticisme sans aucune pression extérieure. Mais cette liberté ne peut exister qu'avec des règles exigeantes, qui ne peuvent souffrir aucune faiblesse. C'est le sens de ma proposition de « code de la laïcité » que Jean-Pierre Raffarin a repris dimanche dernier. Ce code pourrait être à la laïcité ce que le Code civil est à la vie quotidienne. Ce sera un outil qui dira ce que l'on peut faire ou ne pas faire en tant que fonctionnaire dans le cadre de la neutralité de l'Etat, et aussi en tant qu'usager des services publics. Et le voile à l'école ? Nous avons à l'évidence une faiblesse juridique. La norme qui régit la laïcité dans les établissements scolaires et qui émane du Conseil d'Etat laisse trop de part à l'interprétation, ouvrant donc une brèche à ceux qui n'acceptent ni la dignité de la femme ni notre société occidentale qu'ils considèrent comme décadente. C'est la raison pour laquelle, gouverner étant prévoir, il faut une loi.
« Il est temps de réaffirmer la règle » C'est donc que la situation est grave ? La laïcité est secouée. Et c'est dû à la faiblesse de la politique d'intégration dans notre pays. Cela ne me choque pas que des gens qui arrivent sur notre territoire n'acceptent pas cette laïcité parce que ce n'est pas leur culture, et qu'ils viennent de pays où leur religion est religion d'Etat. Mais nous, nous avons traité ce problème avec la loi de 1905. Il y a donc un énorme travail d'explication à faire sur ce qu'est la laïcité. Surtout si on y ajoute les retombées du 11 septembre et le retentissement de la question israélo-palestinienne. Il est donc temps de réaffirmer la règle, et de lui donner un cadre juridique qui ne souffre aucune ambiguïté. Pour certains, une telle loi va « raviver la guerre des religions »... Il faut conserver de la raison dans ce débat, qui suppose tolérance et respect mutuel. Je comprends qu'il y ait des gens qui s'inquiètent. Mais par rapport à 1905, où les parlementaires de l'époque qui avaient voté la loi avaient été excommuniés par le pape, le débat qui est devant nous n'est tout de même pas de même nature. Mais vous dites que la République est menacée... Non. Je dis qu'il y a une « fenêtre de tir » historique pour anticiper des menaces qui pourraient être plus importantes dans quelques années. C'est maintenant qu'il faut agir. Dans dix ou vingt ans, il sera peut-être trop tard. Il faut dire « stop » à des dérives inacceptables. Par exemple, la demande de créneaux horaires particuliers dans les piscines. Ce n'est ni notre culture ni notre tradition. Nous avons encore les moyens d'assumer notre politique d'intégration.
Propos recueillis par Ludovic Vigogne
Le Parisien , mercredi 26 novembre 2003[/quote]
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« Respecter les croyances »
STÉPHANE DIAGANA, athlète
ENFANT du métissage, fils d'une catholique et d'un musulman, tous deux non pratiquants, Stéphane Diagana, qui n'a pas été baptisé, a sa vision de la laïcité : « Il s'agit de respecter les croyances et les religions de chacun. Pour moi, aucune religion ne doit être exclusive. » Cela dit, le capitaine de l'équipe de France d'athlétisme n'est pas pour l'interdiction systématique de tout signe religieux : « Cela ne me paraît pas nécessaire à partir du moment où il n'y a pas de prosélytisme. La laïcité, c'est aussi la faculté de vivre sa religion dans tous les endroits, sans violer les règles républicaines », dit-il. Assurant qu'il faut gérer cela « avec pragmatisme », Diagana estime que l'exclusion « ne règle rien ». Avant d'ajouter : « Dans la pratique, c'est compliqué mais je ne sais pas si avant de promulguer une loi, il ne faut pas consulter pour régler la situation sans le législateur. Est-ce possible ? Je n'en sais rien. »
Bertrand-Régis Louvet
Le Parisien , mercredi 26 novembre 2003 [/quote]