foulard à l'école

Message par pelon » 20 Oct 2003, 19:38

CITATION
Chat Lemonde.fr - "Ripostes"
Le foulard à l'école : laïcité en danger ?
LE MONDE TELEVISION | 20.10.03 | 17h31
L'intégralité du débat avec Louba Méliane, porte-parole et vice-présidente de SOS-Racisme et membre du mouvement "Ni putes ni soumises".
Angel : Bonjour, j'aimerais connaître la position de Loubna sur le voile en général et sur le voile à l'école en particulier.

Loubna Méliane : Le voile à l'école, non. En général, j'ai plutôt une position assez mitigée car je ne crois pas qu'une jeune fille de 15 ans puisse porter le voile par conviction religieuse.
A 15 ans, on pense à autre chose.

Dali : Pourquoi le voile est-il pour vous une atteinte  à la liberté ?

Loubna Méliane : C'est surtout une atteinte non pas à la liberté, mais plutôt à sa féminité.
Et aussi au fait que c'est une honte d'être une femme. Et que l'on devrait se cacher. Car on attire le désir des hommes.

Bertrand : Quelle est la position de SOS-Racisme sur le port du foulard dans les écoles publiques ?

Loubna Méliane : Pas de signe religieux au sein de l'école, car nous sommes dans une république laïque qui garantit le respect de chacun et de ses convictions. Malheureusement, les jeunes filles qui revendiquent le fait de pouvoir porter le voile à l'école font du prosélytisme et culpabilisent les autres jeunes filles. A ce titre-là, il est hors de question de céder. Il y a va de notre survie.

Samia : Toutes font du prosélytisme ? Je trouve que vous généralisez un peu vite...

Ali : Si le simple fait de porter un voile est du prosélytisme, alors porter une minijupe est un appel au viol selon votre raisonnement ?

Loubna Méliane : Toutes ne font pas du prosélytisme. Certaines si, et c'est le cas des deux jeunes filles d'Aubervilliers qui sont dans une recherche d'identité. Il faut savoir qu'avant de porter le voile il leur est arrivé à plusieurs reprises de se faire traittter de sales juives. Il est grave de faire le parallèle entre le prosélytisme et le port de la minijupe qui appelle au viol. Mieux vaut porter une minijupe et assumer sa féminité que de se cacher derrière un voile pour éviter de susciter les regards.

Shafick : C'est quoi la laïcité pour vous ?

Loubna Méliane : La laïcité, c'est la neutralité de l'espace public qui garantit à la fois le respect de chacun sans imposer son appartenance. Ou ses croyances.

Salobrena : "Hors de question de céder". Mais si on les exclue, elles intégreront des écoles privées, ne risque-t-on pas de les renvoyer davantage dans le communautarisme ?

Loubna Méliane : La question du voile se pose de manière différente aujourd'hui par rapport aux premières histoires de voile, dans les années 1990. On a justement essayé, à l'époqu,e de négocier avec ces jeunes filles et, malheureusement, on voit où cela nous a menés. C'est pour cette raison que nous avons besoin d'être extrêmement vigilants et clairs et qu'il n'est pas possible d'accepter ou de négocier aujourd'hui. Je comprends votre point de vue sur le fait que cela peut renvoyer davantage dans le communautarisme. Mais la lutte contre les discriminations et les ghettos redonnera davantage de réponses au communautarisme.

Max : Jusqu'où seriez-vous prête à tolérer le communautarisme ? Ne faut-il pas distinguer citoyenneté et nationalité en France ?

Loubna Méliane : Je ne tolère pas le communautarisme. Nous sommes Français à part entière. Nous appartenons à ce pays et je ne vois pas pourquoi nous voudrions nous renfermer dans telle ou telle communauté. Non, il ne faut pas distinguer citoyenneté et nationalité en France. Même si, par exemple, nos parents qui sont étrangers et qui ont contribué tous les jours à la construction de ce pays, n'ont pas aujourd'hui la possibilité de pouvoir, par exemple, voter, car ils ne sont pas Français et les deux sont liés. Même si certains ont demandé à acquérir la nationalité française et que, malheureusement, c'est à la tête du client. Et que la naturalisation est quelque chose d'extrêmement difficile à obtenir et qu'il serait peut-être temps de réformer.

Sagesse : Ne menez-vous pas une lutte contre le voile plutôt que pour la laïcité ?

Loubna Méliane : Pas du tout. Je mène plutôt une lutte pour l'égalité entre les hommes et les femmes.

Safiya : Pourquoi le sujet fait il tant débat en France et pas dans les autres pays européens ?

Loubna Méliane : Tout simplement parce que la France est très attachée à la question de la laïcité, et elle a raison. Ce n'est pas forcément le cas partout. Par exemple, en Angleterre, les individus sont organisés en communautés et ne sont pas considérés comme citoyens à part entière, ce qui n'est pas le cas en France. Et tant mieux.

Ylies : Loubna, ne risquez-vous de devenir prisonnière d'un faux débat médiatique ? Alors, vos propositions sur les discriminations ?

Loubna Méliane : Non, pas du tout. A SOS-Racisme, voilà quatre ans que nous menons une lutte acharnée sur la question des discriminations en faisant condamner des propriétaires de discothèques, des bailleurs privés, des employeurs (ex.: Le Moulin Rouge qui refusait des personnes de couleur au contact de la clientèle). Par cette campagne, nous avons pu expliquer à des personnes victimes depuis plusieurs années de discriminations que la loi condamnait ce genre de pratiques. Et  aprés cette information, ils ont décidé de prendre les armes de la justice.

Poncho : Comment votre combat est-il perçu en banlieue ?

Loubna Méliane : Sur la question de l'égalité entre les hommes et les femmes, mon combat est bien perçu, cependant il existe quelques réfractaires qui, à mon avis, ont des choses à se reprocher. Sur le combat antiraciste, heureusement que des centaines de comités SOS-Racisme implantés dans plusieurs villes de province, travaillent d'arrache-pied pour rendre une certaine dignité à  des jeunes du quartier et casser cette victimisation et ce fatalisme dans lesquels  ils peuvent se retrouver en apportant des réponses concrètes à leurs problèmes.

Demo : Ne pensez-vous pas que le Conseil représentatif des musulmans de France devrait prendre une part un peu plus active à cette problématique du voile et témoigner ainsi d'une plus grande responsabilisation ?

Loubna Méliane : Déjà, au départ, j'ai un problème avec le Conseil représentatif des musulmans de France qui, à mon avis, n'est pas représentatif. Il s'agit seulement d'une minorité et d'organisations connues pour leur prise de position. A mon avis, nos parents ont un rapport assez intimiste de la religion et l'ont toujours pratiquée dans leur sphère privée et se sentent bien loin de ces débats. Par exemple, la première chose qu'ont fait nos mères quand elles sont arrivées en France, c'est d'enlever leur voile. La religion musulmane n'a jamais été une religion faite pour être organisée. Chacun peut la vivre de manière personnelle tout en respectant son voisin. C'est de cette manière que nos parents nous l'ont inculquée.

Dali : Ne pensez-vous pas que derrière le refus du voile, se cache la peur de l'islam ?

Loubna Méliane : Aurai-je peur de l'islam? Moi qui ai grandi dans une famille musulmane. Mon combat contre le voile est avant tout un combat pour garantir l'égalité entre les hommes et les femmes. Mais je comprends votre inquiétude et le fait qu'aujourd'hui il y ait un amalgame entre musulmans et intégristes.

AAA : SOS-Racisme ne favorise-t-elle l'islamophobie en insistant sur le foulard qui n'est qu'un épiphénomène ne concernant qu'une centaine de cas en France ?

Loubna Méliane : SOS-Racisme ne favorise en aucun cas l'islamophobie puisque quand je m'exprime sur la question "Faut-il oui ou non légiférer sur le port du voile ?", j'essaie de ramener le débat sur les causes et les conséquences de ce repli communautaire en parlant de la question des discriminations... Le débat du voile soulève une autre problématique beaucoup plus importante sur "comment, aujourd'hui, fait-on pour que cette nouvelle génération de Français se sentent Français à part entière ?". Et comment fait-on pour que le principe d'égalité, de liberté et de fraternité soit une réalité et non un concept.

Tomjoad : Pensez-vous, Loubna, que combattre le voile, c'est aussi pour certains renier ses origines ?

Loubna Méliane : Non. En aucun cas il ne serait question de renier ses origines, cette double culture est une force pour nous et pour ce pays.

Tolérance : La problématique est tout autre : est-ce qu'il y a une place pour être français musulman dans notre société ?

Loubna Méliane : Bien sûr qu'il y a une place pour être français musulman dans cette société. Mais il ne faudrait en aucun cas dénigrer son appartenance à ce pays par l'intermédiaire de ses convictions religieuses et  pour vouloir se distinguer.

Hannae : Que pensez-vous des jeunes femmes qui portent le voile et qui veulent participer à la vie active mais qui ont énormément de difficultés à trouver un emploi tout en gardant leur voile ? Est-ce que SOS-Racisme peut intervenir dans ces cas-là ?

Loubna Méliane : Oui, des jeunes filles portent le voile et sont actives dans des associations, ou même dans des partis politiques, mais la laïcité ne leur permet pas de porter le voile dans la sphère publique (travail, école...). En tant que citoyennes, elles savent pertinemment que le voile ne peut être accepté  sur leur lieu de travail. Nous sommes dans une république laïque et il en est ainsi.

Luc : Que pensez-vous du débat lancé par, le ministre délégué à l'enseignement scolaire, Xavier Darcos, sur l'uniforme à l'école ?

Loubna Méliane : Je ne suis pas pour l'uniforme à l'école. Même si cela permettait de ne distinguer personne  en ce qui concerne son appartenance sociale ou à ses convictions religieuses. En même temps, imposer l'uniforme à l'école serait une manière de dénigrer l'identité de ces jeunes.

Leïla : Je voudrais savoir ce que signifie le foulard pour vous : le mépris, la soumission ou la liberté ?

Loubna Méliane : Plutôt la soumission. Mais, surtout, le foulard ne permet pas à une femme de pouvoir être femme, de pouvoir assumer sa féminité et, tout simplement, d'être un individu à part entière. Porter le voile, c'est comme si nous devions nous cacher et ne plus exister. Pour terminer, il n'est pas possible de continuer à avoir honte d'être une femme.  Chaque fois que nous sommes agressées physiquement et verbalement, nous entendons dire que c'est de notre responsabilité, que nous sommes coupables d'avoir simplement voulu garder notre féminité.

Yaqin : Pensez-vous qu'il faille changer la loi de 1905 ?

Loubna Méliane : Non. Par exemple, juridiquement, les femmes ont obtenu l'égalité, mais sur le terrain, c'est différent. Chaque fois qu'il y a un problème avec la loi, il faudrait la réformer ou la changer? La loi de 1905 est plus que claire sur la question de la laïcité, d'autant plus qu'il y a également la loi de 1881 qui dit que l'école est laïque, obligatoire et gratuite. Pourquoi vouloir en faire toujours plus ?
[/quote]
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

Message par conformistepote » 20 Oct 2003, 23:25

J'ai du mal à comprendre comment vous pouvez encore donner des tribunes aux gens de SOS-Racisme. Rappelez vous de tous les posts sur les interventions de Malek Boutih. Même si sur cette question vos points de vue peuvent se rejoindre, SOS Racisme est aujourd'hui une organisation qui a des positions plus que discutables. Il ne vous viendrait pas à l'idée de retranscrire une tribune de F. Hollande pour essayer de convaincre celles et ceux qui, comme moi, pensent que l'exclusion était une connerie. Louba Méliane est tout autant discréditée. Au moins autant que le père des 2 gamines.
conformistepote
 
Message(s) : 0
Inscription : 12 Oct 2002, 16:17

Message par pelon » 21 Oct 2003, 06:28

Dans cette partie du forum "presse et communiqués" on cite des articles sans que l'on soit forcément d'accord avec. On a cité par exemple des articles du Figaro sans que cela ne pose de problème à personne. Ce que dit Loubna Méliane n'est pas inintéressant entre autres sur ce qu'elle semble connaître, par exemple les femmes de la génération de ses parents... même si je ne suis pas d'accord avec ses convictions "républicaines françaises".
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35


Retour vers Presse et communiqués

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 2 invité(s)