Interview de Bernard Cassen

Message par Screw » 08 Oct 2003, 16:47

CITATION Bernard Cassen : «Socialistes et communistes ont épuisé leur force propulsive»
Propos recueillis par Elsa Freyssenet et Jean-Louis Validire
[08 octobre 2003]


LE FIGARO. – Comment allez-vous boucler le budget du Forum social européen (FSE) de Paris-Saint-Denis sans la subvention de la région Ile-de-France, qui devait être de 300 000 euros ?
Bernard CASSEN. – Nous allons devoir faire des coupes claires dans les dépenses. Le FSE n'est pas vraiment en péril ; ce qui l'est, ce sont les traductions en plusieurs langues, seul poste actuellement compressible. Au moment où le gouvernement met en avant la diversité culturelle et linguistique à l'Unesco, sa majorité va l'éliminer du FSE, ce qui devrait préoccuper Jacques Chirac. L'opposition des élus UMP de l'Ile-de-France, qui, avec l'UDF et le FN, ont mis en échec le vote de la subvention, me surprend car Matignon nous avait promis d'intervenir. Soit Jean-Pierre Raffarin n'a pas beaucoup d'influence sur l'UMP, soit ses élus n'ont rien compris. Qu'en pense le président de la République ?


Vous êtes critique sur les méthodes de l'extrême gauche française, britannique et italienne, qui tenterait de «contrôler en sous-main» le mouvement altermondialiste. Pourquoi poser ce débat maintenant ?
J'emploie rarement le terme d'extrême gauche car les forces dont je parle ne se limitent pas aux partis politiques. Il y a aussi des associations et des syndicats qui se veulent «radicaux». Toutes ces forces pensent qu'elles peuvent cornaquer un mouvement qui ne veut surtout pas de cornac. Ce serait suicidaire pour lui. Nous sommes peut-être à un moment de bifurcation : on peut soit maintenir le cap de l'ouverture et du pluralisme, dans l'esprit de la charte de Porto Alegre, pour que le mouvement s'élargisse toujours davantage ; soit, par passivité, laisser certains groupes tenter de le «radicaliser». Ce serait opter pour une vocation minoritaire, alors que nous voulons devenir majoritaires. Pour cela, il faut refuser tout sectarisme et dialoguer même avec des organisations, par exemple la CFDT, qui ne partagent qu'une toute petite partie de nos idées.


Ne craignez-vous pas de vous couper, en France, de troupes militantes ?
Les forces militantes ne se réduisent pas à celles des formations politiques d'extrême gauche. Attac ne se situe pas sur le registre des partis politiques et refuse donc toute étiquette. Même si nous avons des membres appartenant à cette mouvance, l'extrême gauche n'est pas plus la famille d'Attac que ne le sont la gauche ou le centre. Nous critiquons les politiques conduites, tant par la gauche hier que par la droite aujourd'hui. Pourquoi ne pourrions-nous pas critiquer certaines des méthodes des formations d'extrême gauche, dans la mesure où celles-ci nous paraissent nuisibles au développement du mouvement altermondialiste ? Ni les organisations anarchistes, ni LO, ni le PT ne se gênent pour attaquer Attac avec virulence. Ce n'est pas le cas de la LCR, même si elle s'intéresse visiblement beaucoup à Attac. C'est le droit de chacun d'avoir une opinion sur nous, mais il ne faut pas jouer les vierges effarouchées si, nous aussi, nous donnons notre point de vue.


Le président d'Attac, Jacques Nikonoff, qui a développé fin août les mêmes idées, avait suscité une polémique au sein de l'association...
Une polémique ? Tout au plus une tempête dans une bassine d'eau. Il y a eu un petit nombre de réactions très médiatisées, et d'ailleurs prévisibles, mais elles ne remettent absolument pas en cause l'unité d'Attac. Sur plus de 250 comités locaux, seuls six avaient manifesté leur désaccord avec les positions de Jacques Nikonoff. Cela me conforte dans mon sentiment que les analyses qu'il développe sont très majoritairement appréciées par nos 30 000 adhérents.


Que pensez-vous de l'état de la gauche française ?
L'état de la gauche (ou de la droite) n'est pas un «sujet» d'Attac. Cela dit, nous développons, au sein du conseil d'administration, l'analyse suivante : les grands mouvements émancipateurs du XXe siècle, la social-démocratie et le communisme, semblent avoir épuisé leur force propulsive et perdu leur assise populaire. Le mouvement écologiste n'a pas rempli les promesses que l'on aurait pu fonder sur lui. Le mouvement altermondialiste, même avec son aspect chaotique, pourrait bien être à l'origine d'une dynamique historique et devenir le mouvement d'émancipation sociale du XXIe siècle. Donc, ou bien les partis héritiers du siècle dernier sauront capter ses idées, ou bien, à terme, cette force trouvera obligatoirement une traduction politique hors d'eux.


A vous entendre, on croirait que votre ambition est de remplacer les partis politiques.
Non, notre ambition, c'est que nos idées soient au pouvoir. Et ces idées peuvent arriver au pouvoir par d'autres que nous. Je ne pense pas une seconde que nous allons nous transformer en parti politique. Cela ferait exploser Attac, dont les membres ont d'ailleurs des engagements très différents.
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Screw
 
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Message par emma-louise » 08 Oct 2003, 17:09

:bounce: Nouvel axe du mal : SWP-SSP-LCR ... ? :bounce:
emma-louise
 
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