CITATION (liberation @ ce week end)
La laborieuse convergence des antilibéraux
Le groupe Ramulaud se réunit pour la première fois à Paris.
ls se disent «résolument antilibéraux». Militants politiques, associatifs ou syndicaux, ils ont signé «l'appel pour une alternative à gauche» élaboré, fin juin, dans une arrière salle de Chez Ramulaud, un restaurant du XIe arrondissement de Paris. Dimanche, ils ont prévu de se retrouver pour leur première «rencontre nationale».
Sur le papier, l'objectif est à peu près clair : les 1 700 signataires de l'appel n'ont jamais eu la prétention de créer un nouveau parti. Ils veulent constituer une «coordination permanente, un lieu commun de confrontations et d'initiatives politiques». Le secrétaire national des Verts, Gilles Lemaire, et l'ancien ministre socialiste Jean-Luc Mélenchon participeront à la réunion, comme le communiste refondateur Roger Martelli et le président de la fondation Copernic Yves Salesse (lire ci-contre).
Controverses. Bien qu'elle n'ait encore débouché sur aucune action concrète, l'initiative du groupe Ramulaud provoque de vives controverses dans la gauche réformiste comme chez les plus radicaux. A la LCR, les militants qui avaient participé aux premières réunions ont dû se retirer : la direction du parti trotskiste ne voulait pas avoir l'air de se compromettre avec des socialistes alors que se négociait avec Lutte ouvrière un accord électoral pour des listes 100 % trotskistes.
Mélenchon «regrette beaucoup» l'absence de la LCR. Comme beaucoup d'autres militants du courant Nouveau monde, qu'il anime au sein du PS, il a signé l'appel «pour une alternative» parce qu'il y voit le bon moyen de «fabriquer de la culture commune» à gauche : «Il y a vraiment urgence. Chacun vit dans son monde. Nous ne sommes pas capable de nous engager dans des campagnes communes alors que c'était encore possible dans les années 70 qui étaient aussi des années de reconstruction à gauche.» Comme beaucoup de socialistes, le sénateur PS de Seine-Maritime Henri Weber, proche de Fabius, a déjà dit sa réprobation : «Ce n'est pas en courant derrière l'extrême gauche que la gauche réformiste refera son unité et regagnera son électorat populaire.» Pour lui, il n'y a pas grand-chose de commun à cultiver entre le PS et la LCR.
Engagement. Chez les Verts, la participation au groupe Ramulaud est également très controversée. Pour les amis de Dominique Voynet, la nouvelle direction du parti sacrifie l'écologie politique et se réfugie dans le «suivisme» de la gauche altermondialiste. Mais le secrétaire national Gilles Lemaire assure que son engagement aux côtés de la gauche de la gauche ne l'empêche pas d'organiser, par ailleurs, des forums avec les alliés de l'ex-gauche plurielle. La rencontre de dimanche devrait déboucher sur l'organisation de «campagnes communes», par exemple pour un référendum sur la Constitution européenne. Mais il ne sera que très peu être question des élections de l'année 2004. Car Verts et communistes restent réalistes : cette question-là se discute d'abord avec François Hollande.[/quote]
ET
CITATION (Toujours libé @ ce WE)
Yves Salesse compte parmi les initiateurs du groupe :
«Une coordination, pas un nouveau parti»
Yves Salesse, président de la fondation Copernic, explique les objectifs du groupe Ramulaud dont il est l'un des initiateurs. Entretien.
Vous avez lancé un «appel pour une alternative à gauche». Un de plus depuis le 21 avril ?
Sauf que la situation a changé. Après plusieurs mois de gouvernement de droite et le mouvement social du printemps, la question d'un projet de société a été posée. A la différence des autres, notre appel rassemble des militants politiques et issus du mouvement social. Toute la difficulté à laquelle nous nous heurtions jusqu'à présent, c'était la coupure instaurée et approfondie sous la gauche plurielle entre politique et mouvement social.
L'appel de Ramulaud, c'est reconstruire une gauche plurielle en rouge vif ?
Absolument pas. L'objectif consiste à regrouper les forces de gauche mais aussi les individus représentatifs des grands courants existants, qui ne se reconnaissent pas dans le social-libéralisme afin d'agir ensemble sur la durée.
Pour les partis de gauche, n'est-ce pas une occasion de se refaire une virginité ?
On peut toujours s'interroger sur les calculs politiques des uns et des autres. Les signataires de l'appel s'accordent au moins sur le bilan qu'ils tirent de la politique du gouvernement Jospin : celui d'un échec global. Ce constat amène à considérer que la recomposition d'une majorité de gauche suppose une rupture avec le social-libéralisme.
A priori, la LCR considère que cette rupture n'est pas suffisamment consommée...
L'un de ses courants, minoritaire, participe à nos réunions. L'absence de la LCR est dommageable, pas seulement à cause de ses scores électoraux, mais parce qu'elle représente une composante utile pour les forces de gauche.
Quels sont les partis à même de porter ce projet sur le terrain électoral ?
En 2004, je ne pense pas que les signataires de l'appel soient en mesure de présenter des listes communes. Notre projet se situe à moyen terme, au-delà des prochaines échéances électorales. Nous voulons être une coordination, nous ne sommes pas en train de constituer un nouveau parti. L'objectif est de porter un projet politique. Mais l'un n'exclut pas forcément l'autre. En Midi-Pyrénées, les signataires de l'appel s'entendent sur la nécessité de cette coordination et ceux qui se sentent proches les uns des autres réfléchissent à la constitution de listes communes.[/quote]