par Front Unique » 09 Déc 2010, 19:30
Informations Ouvrières N° 127, semaine du 9 au 15décembre 2010
EDITORIAL
Et maintenant: au tour de la France ?
“La France est la prochaine sur la liste. Il ne faudra pas attendre longtemps avant que les investisseurs sur le marché des actions se tournent vers la France une fois qu’ils en auront fini avec le Portugal et l’Espagne. Le déficit du pays est bien plus élevé qu’on ne le croit (…). Les marchés ne sont pas prêts à le financer,à moins que ne soit mise en œuvre une sérieuse réforme structurelle. »
Ainsi s’exprime, ce 5 décembre, le directeur exécutif de la place boursière de Londres, le fameux London Stock Exchange (1).
Aux Etats-Unis, le Wall Street Journal félicite le Premier ministre « socialiste » espagnol pour avoir décrété l’état d’alarme contre les contrôleurs aériens (lire page 12). « Les syndicats, comme les grévistes en France auparavant, avaient perdu tout sens de la réalité économique. »
La France est dans le collimateur.
Le plan de rigueur destructeur est en marche, dont la contre-réforme des retraites a marqué le premier acte.
Il n’aura rien à envier au plan irlandais, qui prétend amputer les allocations des chômeurs, les pensions des retraités, les salaires des fonctionnaires et imposer une saignée dans la fonction publique dont l’équivalent en France serait de 500 000 suppressions d’emplois !
Et toujours le même argument: les déficits publics.
Répétons-le: rien ne peut justifier que le peuple travailleur paie, d’une seule de ses conquêtes, d’un seul de ses acquis les intérêts d’une dette provoquée exclusivement par l’aide financière aux capitalistes et aux banquiers.
Sur ce point, les travailleurs sont confrontés, une nouvelle fois, à un obstacle qu’il faut clairement identifier.
D’un côté, au plan politique, les différents candidats à la candidature du Parti socialiste s’engagent à réduire la dépense publique, tandis que les dirigeants du Parti communiste et du Parti de gauche, dans une pétition commune, demandent à la Banque centrale européenne (BCE), créée dans le seul but de soutenir l’euro et de réduire le « coût du travail », « d’impulser (…) la création d’emplois, le développement des services publics… ».
Autant demander poliment au pyromane d’éteindre l’incendie…
D’un autre côté, l’intersyndicale des cinq (CGT, CFDT, FSU, UNSA, SUD-Solidaires), dans sa déclaration du 29 novembre, revendique « la nécessaire réduction des déficits publics ».
Il faut dire les choses clairement: le simple fait de mettre le doigt dans l’engrenage de la « réduction des déficits publics » conduit inévitablement à accompagner contre-réformes et plans de rigueur, voire même à participer à leur mise en œuvre.
C’est la question clé.
Nul ne peut nourrir la moindre illusion dans le fait que les armes construites pour frapper et démanteler les droits ouvriers — l’Union européenne, la BCE, les déficits, la dette — puissent être transformées en autre chose.
La classe ouvrière a montré ses immenses capacités de combat, de résistance et de volonté d’unité dans la mobilisation contre la réforme des retraites.
Elle est disponible pour bloquer le plan destructeur qui vient.
Pour cela, elle a besoin de pouvoir disposer de ses organisations en toute indépendance.
L’ordre du jour appelle la rupture de tout lien avec les diktats de l’Union européenne, du FMI et leur « nécessaire réduction des dépenses publiques ».
Il appelle l’unité contre les plans de rigueur et les contre-réformes, et la défense de chacune des revendications ouvrières.
Tel est l’enjeu du débat qui se mènera dans la conférence pour l’unité ouvrière à l’initiative du Parti ouvrier indépendant, le 11 décembre, à Issy-les-Moulineaux.
(1) The Independant.
Daniel Gluckstein
Secrétaire national du POI