CITATION (Le Monde @ 27.08.03)
La LCR ne veut pas être "le cauchemar de la gauche"
L'organisation trotskiste, dont l'université d'été s'est ouverte mercredi, répond aux critiques du PS
La ligue communiste révolutionnaire (LCR) – dont l'université d'été débute mercredi 27 août à Gourette (Pyrénées-Atlantiques) – a désormais la pression, comme on dit dans les stades. De l'aveu de ses dirigeants, l'année 2004 est lourde d'enjeux. " C'est une année où tout est possible pour nous, dans les luttes sociales comme dans les élections et où, en même temps, ce sera difficile", convient Olivier Besancenot, ancien candidat de la LCR à la présidentielle.
Si la "Ligue" se félicite de ce que la protestation sociale ne se soit pas arrêtée durant l'été, si elle juge très révélateur le succès énorme du rassemblement du Larzac – qu'elle avait sous-estimé en y limitant sa présence –, si elle considère, enfin, que "le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin connaît désormais des éléments de crise non seulement politique mais aussi morale avec sa gestion de la canicule", tous ses problèmes ne sont pas pour autant réglés.
Il y a d'abord ce grand parti anticapitaliste qu'elle appelait de ses vœux au lendemain de la présidentielle et sur le terrain duquel, quinze mois plus tard, elle n'a guère avancé. Il y a ensuite ces négociations envisagées avec Lutte ouvrière (LO) en vue de listes communes aux régionales et aux européennes qui, non seulement s'annoncent ardues et vont susciter des débats internes, mais risquent de faire s'interroger ces nouveaux adhérents venus à la LCR dans la foulée de la candidature Besancenot, même si le jeune facteur a toujours été favorable à une alliance avec LO.
"ON GÊNE QUELQUE PART"
Il y a enfin l'offensive menée actuellement par plusieurs responsables du PS – de Jean-Christophe Cambadélis à Vincent Peillon en passant par Henri Weber –, mais aussi par le président d'Attac, Jacques Nikonoff, stigmatisant ici le "sectarisme de l'extrême gauche", là son "absence de projet". La LCR dédramatise."Cela prouve qu'on existe, qu'on doit taper là où cela fait mal", ironise M. Besancenot. " C'est qu'on gêne quelque part, non ?", renchérit l'un des principaux dirigeants de la LCR, François Sabado.
Mais derrière l'ironie pointe l'inquiétude. "On assiste à une campagne visant à faire peur, menée par ceux qui s'inquiètent de la radicalité sociale en brandissant l'épouvantail de la manipulation d'extrême gauche", s'énerve Alain Krivine. Ce dernier y décèle aussi "un aveu d'impuissance de bureaucrates ou d'apprentis bureaucrates qui aimeraient coller au mouvement et qui en même temps en ont peur ". Et d'ajouter : "Quand on voit des gens du Parti socialiste dire que l'extrême gauche cela mène à l'impasse, cela fait rigoler. Et l'ex-gauche plurielle ?"
Pour la LCR, le "PS n'a qu'à s'en prendre qu'à lui-même si l'extrême gauche progresse ; il n'a qu'à changer de politique". Quant à M. Nikonoff, le cas est réglé plus rapidement. " Cela ressemble à ce qu'on entendait au PCF il y a des années",souligne M. Krivine.
Depuis le score (4,25 %) réalisé par son candidat à la présidentielle, la LCR nourrit des rêves de petit parti populaire à vocation électorale appuyée. Et, sur ce terrain-là, les piques antigauchistes peuvent faire mal. Du coup, le message suivant est aujourd'hui martelé : la LCR, loin d'être l'antigauche, est la vraie gauche. "On ne veut pas être le cauchemar de la gauche. Mais on ne veut pas non plus être la caution du PS. On n'affaiblit pas la gauche, on est plutôt, avec d'autres, et notamment le mouvement social, l'un de ses derniers espoirs, insiste M. Besancenot. Aujourd'hui, il faudrait le dire au PS : le problème, ce n'est pas l'extrême gauche, mais plutôt une bonne droite musclée qui est à l'offensive." Cette thématique devrait être développée le 28 août, à l'occasion d'une table ronde sur "l'alternative à gauche", où sont attendus Gilles Lemaire (Verts), Jean-François Gau (PCF), un représentant du courant Nouveau Monde du PS, ainsi qu'Henri Mermé, des Alternatifs, et Yves Salesse, de l'appel "Ramulaud".
La formation d'Arlette Laguiller a, pour sa part, invoqué un calendrier chargé pour décliner l'invitation qui lui avait été faite.
Caroline Monnot
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