CITATION
Régionale en Lorraine: les manoeuvres
commencent
On aurait pu croire que les partis politiques profiteraient des vacances
pour mettre au point les stratégies, tactiques et listes pour les
prochaines élections régionales. En fait, la canicule est passée par là.
Résultat : les manœuvres vont seulement débuter et se prolongeront
jusqu'à Noël.
La confusion semble régner tant à gauche qu'à droite. Le nouveau mode de scrutin
n'est pas le seul à l'origine de cette pagaille, les ambitions multiples à l'intérieur des
formations et les désaccords entre les départements ont amené les différents
acteurs politiques à faire du surplace depuis trois mois.
Même les initiés ont du mal à déchiffrer la situation.
A droite, la Moselle est toujours le casse-tête de Gérard Longuet et de l'UMP. Le
turbulent sénateur J.L. Masson se dit toujours prêt, avec la députée M.J.
Zimmermann, à présenter une liste dissidente. Ils espèrent obtenir 15 %.
Situation difficile à gérer pour l'UMP, d'autant plus que le 24 août dernier, J.J.
Aillagon, ministre de la culture a confirmé qu'il s'engagerait sur la liste officielle de la
Moselle. Pour tenter de désamorcer le conflit, il a même été proposé à M.J.
Zimmermann de conduire la liste Longuet de ce département... En vain.
Situation d'autant plus préoccupante pour l'UMP que J.J. Aillagon a également
refusé de la conduire. Il ne sera que troisième. La tête de liste pressentie serait le
maire de Thionville, J.M. Demange, qui abandonnerait son poste de député. J.J.
Aillagon devrait se rappeler la mésaventure d'un certain Ph. Seguin, candidat à la
mairie de Paris, mais qui ne voulait pas être le premier de la liste... on connaît la
suite.
Pour le reste, les têtes de liste sont connues : le sénateur Braun dans les Vosges,
Gaillard en Meurthe et Moselle et Longuet dans la Meuse.
A l'extrême droite, le Front national a renoncé à parachuter un parisien. C'est
Th. Gourlot, conseiller régional, qui dirigera la liste. Toutes les anciennes têtes de
liste de 1998 ayant rejoint le MNR, les candidats ne seront pas connus du public.
Une surprise : ce serait Douissard, qui dirigerait la liste des Vosges. Douissard
s'est fait remarquer en décembre 1999 "pour avoir, lors d'un rassemblement
néo-nazis, entonné des chants nazis avec drapeau frappé de la croix gammée et
beuveries ponctuées de salut hitlérien".
Il a été condamné en première instance, puis confirmé par la cour d'appel de
Nancy, à 18 mois de prison avec sursis et une peine d'inéligibilité de cinq ans. Il
s'est pourvu en cassation de sorte que la sanction n'est pas encore applicable.
En tout état de cause, le F.N. est assuré de dépasser les 10 % des exprimés et
sera donc bien présent au second tour. Et c'est cette présence qui brouille le
résultat final.
A gauche, le PS n'a pas changé. Englué dans ses querelles, il rencontre des
difficultés pour constituer sa liste, notamment en Meurthe et Moselle. Le nom de la
tête de liste pour la Région se fait attendre.
On parle de plus en plus souvent de Michel Dinet, l'actuel président du Conseil
Général. Mais cette candidature intrigue plus d'un observateur, car elle signe
l'abandon pour la gauche du conseil général de Meurthe et Moselle.
On évoque aussi la candidature du député Le Déaut. L'ancien parlementaire René
Mangin lorgne également sur l'assemblée régionale. De son coté, Jacques
Chérèque ne souhaite pas se représenter.
En Moselle, il est acquis que J.P. Masseret sera la tête de liste départementale mais
beaucoup attendent de sa part un engagement plus régional. Du côté des anciens
partenaires de la gauche plurielle (les verts, le PC et le PRG), ils attendent des
signes qui ne viennent pas. Les deux premiers ne semblent pas être en capacité
de faire une liste, notamment pour des raisons financières. Il faut, en effet,
approvisionner une somme d'environ 75.000 euros (500.000 F), dans l'hypothèse
où les 5 % ne seraient pas dépassés.
A l'extrême gauche, Lutte Ouvrière est déjà engagée dans la constitution d'une
liste.
En fait, il ne devrait pas y avoir plus de six listes, peut être même seulement quatre
dans l'hypothèse où gauche et droite trouvent des accords de rassemblement
avec leurs partenaires ou leurs dissidents.
En tout état de cause, il est certain que cette élection peut amener de nombreuses
surprises car si la triangulaire est acquise au second tour, (droite, gauche, extrême
droite), le score sera si serré entre la droite et la gauche (42/43), qu'il est
impossible aujourd'hui de faire des pronostics.
L'état de l'opinion, la situation économique et sociale, l'impopularité du
gouvernement, la présence du ministre de la culture empêtré dans le dossier des
intermittents du spectacle, le peu d'influence des grands élus... : tous ces critères
tireront la liste de Gérard Longuet vers le bas mais ne favoriseront pas pour autant
la liste de la gauche qui n'est pas sûre de rassembler les différentes sensibilités de
feu l'ancienne majorité dite "plurielle".
9 Septembre 2003
Christophe Lefebvre[/quote]