CITATION
Les contacts se multiplient
Des scénarios d'union à la gauche de la gauche
Elsa Freyssenet
[03 septembre 2003]
C'est l'exemple type du scénario qui donne des cauchemars au PS. En Midi-Pyrénées, la question est désormais posée de la constitution d'une liste rassemblant la
gauche de la gauche aux régionales de mars 2004. Entre le mouvement toulousain des Motivé-e-s (12,38% au premier tour des municipales de 2001), les Verts, le
PCF, les trotskistes de la LCR et des personnalités du mouvement associatif et syndical, les contacts informels se multiplient. L'émergence d'une telle liste pourrait
priver le président sortant socialiste, Martin Malvy, de précieux suffrages au premier tour.
«L'idée est de donner une traduction politique au mouvement altermondialiste», explique le conseiller municipal de Toulouse François Simon. L'ex-tête de liste socialiste aux
municipales de 2001 à Toulouse, qui a quitté le PS en juin dernier, est manifestement celui qui tient le plus à ce projet. Après s'être rendu aux universités d'été des
Verts et de la LCR, il «travaille à la constitution d'une liste alternative qui occupe l'immense espace politique qui va des déçus de la gauche plurielle aux altermondialistes, un
espace pas couvert et pas couvrable par le PS d'aujourd'hui». Bien sûr, un tel regroupement électoral est, admet-il, «une probabilité, pas encore une certitude». Les Motivé-e-s
attendent de voir. Les Verts et les communistes n'ont pas arrêté leur stratégie et leur présence est rhédibitoire pour la LCR. Qu'importe pour François Simon : «Quels
que soient les positionnements d'appareils, des tas d'électeurs se retrouveront dans cette démarche.»
Un rêve qui n'est pas forcément une lubie, vu la difficulté du PS à retrouver du crédit et le soulagement des dirigeants socialistes lorsque José Bové, l'une des
principales figures de l'«atlermondialisme» en France, a affirmé début août qu'il n'était «pas question» pour lui de se «présenter à une élection locale, nationale ou
européenne». Un rêve qui bute néanmoins sur la concurrence que se livrent au niveau national écologistes, communistes et trotskistes afin d'apparaître chacun comme
le meilleur porte-drapeau du mouvement social.
«Ce qui fait peur au PS, c'est un accord entre la Ligue communiste révolutionnaire et Lutte ouvrière», assurait la semaine dernière le porte-parole de la LCR, Alain Krivine,
lorgnant sur le record du premier tour de la présidentielle où les deux organisations avaient totalisé 9,97% des suffrages. Les deux partis trotskistes ont repris langue
cet été par des échanges de courriers peu amicaux. LO a commencé par reprocher à la LCR sa «trahison» de la présidentielle où cette dernière avait appelé à «battre Le
Pen». «Terme inacceptable», a rétorqué l'organisation de Besancenot.
Le comité central de la LCR (le «parlement» du parti) doit débattre ce week-end des autres conditions draconiennes posées par LO parmi lesquelles l'obligation que
«l'accord se limite exclusivement à nos deux organisations» et le refus de «soutenir aux régionales qui que ce soit de l'ex-gauche gouvernementale au deuxième tour, même si la
gauche est menacée par la droite ou si la droite est menacée par le Front national».
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