La LCR, unitaire sans partenaire
Elle appelle à l'union «anticapitaliste» mais récuse les partis de gauche.
Par Cécile CHAPTAL
samedi 30 août 2003
«Le mouvement social a besoin d'une victoire contre la droite, mais aussi d'un nouveau débouché politique à gauche.» Dès son arrivée, vendredi après-midi, à Gourette (Pyrénées-Atlantiques), au dernier jour de l'université d'été de la LCR, Olivier Besancenot a affiché la détermination de la Ligue. Il a rappelé que la direction du parti trotskiste avait adressé cette semaine à «l'ensemble de la gauche sociale et politique» et donc aussi au Parti socialiste «une proposition d'action unitaire» qui pourrait prendre la forme d'une grande manifestation.
Cette semaine semble d'ailleurs «bien curieuse» à l'ancien candidat à la présiden tielle puisque «se déroulent en même temps les universités d'été du Medef, de la Ligue et de la gauche libérale, qui n'a rien trouvé de mieux que de se donner l'objectif de battre la gauche anticapitaliste.» Une nouvelle déclaration d'hostilité à l'encontre du PS .
Les socialistes ne sont pas les seuls à subir les attaques de la LCR. Christian Picquet, membre de la direction, considère que «le PC est dans l'ultime phase de son agonie» et les Verts «en train de pourrir sur pied». Bref, l'ambition d'unir une frange de la gauche dans un «bloc de radicalité» ne semble pas près de voir le jour.
Pourtant, la direction de la Ligue est unanime: «Il faut donner au mouvement social un débouché politique qui soit autre chose que la gauche plurielle, et plus large que l'extrême gauche.» Au cours de son discours de clôture, Olivier Besancenot a prôné la constitution d'«un grand parti anticapitaliste capable de passer de la résistance sociale à l'offensive politique». Un «grand parti», mais avec qui ? Car la LCR condamne l'appel pour une «alternative à gauche» dit «Ramulaud» (du nom d'un restaurant), soutenu par des Verts, des communistes, des représentants du courant du PS, Nouveau Monde, des syndicalistes et des associatifs.
Pour Daniel Bensaïd, philosophe et membre de la direction de la Ligue, «Ramulaud risque de provoquer de nouvelles déceptions en donnant l'illusion de convergences». Et ce d'autant plus qu'«il n'y aura pas de liste Ramulaud» lors des élections régionales et européennes. Autrement dit, chacun, dans moins d'un an, aura rejoint son parti d'origine.
Pas de gauche plurielle donc, pas plus de «Ramulaud», il ne reste guère que LO, dont la LCR critique le «splendide isolement», mais avec laquelle elle pourrait faire liste commune aux régionales. Au total, la Ligue apparaît bien seule dans sa quête d'«alternative» politique. Roselyne Vachetta, députée européenne, le confirme: «On ne voit pas aujourd'hui avec qui mener ce combat.» «Il faut que les militants les plus politisés se mobilisent pour construire un grand parti anticapitaliste», souligne Alain Krivine.
Un travail de longue haleine alors qu'une frange des sympathisants d'extrême gauche pourrait succomber au «refus global de la politique» manifesté par José Bové. Une tentation que récuse Krivine car, «si on ne fait pas de politique, on laisse la droite faire la sienne».