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Un attentat meurtrier frappe le siège de l'ONU à Bagdad
LEMONDE.FR | 19.08.03 | 15h53 • MIS A JOUR LE 19.08.03 | 17h29
Au moins treize personnes ont été tuées, selon la porte-parole de l'ONU en Irak, et près de quarante blessées, selon des sources médicales, dans un attentat survenu mardi 19 août à l'hôtel Canal, siège de l'ONU à Bagdad, et probablement dû à un véhicule piégé. "Il y a devant moi dans la cour de l'hôtel Canal treize morts étendus", a affirmé cette porte-parole. Plusieurs morts et blessés se trouvaient encore ensevelis mardi en début de soirée sous les décombres, a déclaré un officier américain sur place, le capitaine James Jensen.
De source onusienne à New York, le représentant des Nations unies en Irak, Sergio Vieira de Mello, a été gravement touché dans cet attentat. L'explosion s'est produite sous la fenêtre du haut fonctionnaire international, qui semble avoir été la cible de l'attentat, a déclaré un responsable de l'ONU, Salim Lone, à la BBC. Vers 18 heures locales (16 heures à Paris), M. Vieira de Mello "subissait des soins", selon une source onusienne citant un message interne de l'organisation.
D'après la porte-parole de l'ONU à Bagdad, Véronique Taveau, l'explosion a été "énorme". "Benon Sevan, directeur général du programme 'Pétrole contre nourriture', qui donnait une conférence de presse, a été blessé", a-t-elle ajouté, sans donner plus de précision. D'après un porte-parole militaire américain cité par Reuters, cette explosion a dévasté l'immeuble. "Nous sommes en mesure de confirmer qu'une voiture piégée a explosé à l'hôtel Canal à 16 h 30 (14 h 30 à Paris)", a-t-il ajouté.
De source américaine citée par Associated Press, c'est une voiture piégée qui est à l'origine de l'explosion. Selon un employé de l'ONU présent sur les lieux, Fayez Sarhane, cité par l'AFP, l'explosion est due à un camion piégé. "J'ai vu un camion d'une cimenterie, de couleur jaune, percuter le mur d'enceinte de Canal Hotel et exploser", a-t-il déclaré.
Le génie américain a envoyé à l'hôtel Canal des équipements lourds afin de pouvoir dégager les décombres et accéder aux victimes, qui sont ensuite transportées vers des hôpitaux de campagne, a-t-il ajouté. Les Nations unies ont également mobilisé leur base arrière installée à Chypre pour évacuer les blessés.
"TRAGÉDIE" ET "REVERS"
Le Conseil de sécurité a condamné cette "attaque terroriste" et affirmé qu'elle ne "briserait pas la volonté de la communauté internationale" d'aider l'Irak. "De tels incidents terroristes ne pourront pas briser la volonté de la communauté internationale d'intensifier leurs efforts pour aider le peuple d'Irak", a déclaré son président, l'ambassadeur adjoint de la Syrie, Fayssal Mekdad.
Le Conseil a modifié son programme de travail et, au lieu d'un débat public sur le Proche-Orient, va discuter mardi à huis clos de la situation en Irak.
La Russie a réagi la première, en qualifiant cet attentat d'"acte barbare". Moscou ajoute que cet événement souligne le besoin urgent d'une participation internationale plus large à la stabilisation de l'Irak.
"C'est une tragédie personnelle (...), mais aussi un revers politique pour la mission des Nations unies, a estimé le porte-parole de l'organisation mondiale à New York, Fred Eckhard. Les dégâts sont importants. La souffrance humaine est grande." Kofi Annan, actuellement en vacances en Finlande, est en contact avec le siège de l'ONU, a indiqué M. Eckhard, en précisant qu'une "estimation plus complète de la situation était nécessaire avant de pouvoir réagir officiellement".
Le porte-parole de l'ONU a indiqué qu'environ 300 personnes - expatriés et locaux - travaillent en temps normal au siège de l'ONU à Bagdad. "Il y avait au moins 200 personnes qui travaillaient dans l'immeuble quand l'attentat s'est produit", a indiqué la porte-parole de l'ONU à Bagdad.
Sergio Vieira de Mello, Haut Commissaire pour les droits de l'homme, a été nommé le 23 mai dernier représentant spécial de M. Annan en Irak pour y superviser le rôle de coordination humanitaire et de conseil politique joué par les Nations unies à côté des forces américano-britanniques. Agé de 55 ans, de nationalité brésilienne, M. Vieira de Mello a fait toute sa carrière au sein du système des Nations unies en commençant par le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR).
Avant d'être nommé Haut Commissaire aux droits de l'homme, il avait été administrateur de Timor-Oriental, après avoir accompli la même tâche au Kosovo. M. de Mello a aussi été secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires, de 1998 à 2001.
Avec AFP, AP et Reuters
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