Etat economies pays impérialistes

Message par pelon » 18 Août 2003, 21:10

CITATION
Les économies américaine et japonaise repartent à la hausse
LE MONDE | 18.08.03 | 13h06   •  MIS A JOUR LE 18.08.03 | 17h35
Deux des principaux acteurs de la planète enregistrent une progression sensible de leur croissance au deuxième trimestre 2003 : un taux de 0,6 %, soit autant que pour l'Europe en un an. Le décalage transatlantique va relancer le débat sur la politique monétaire de l'Union européenne.


Infographie : L'Europe à la traîne
Un trimestre pour rien. L'institut européen Eurostat n'a même pas eu besoin de connaître le chiffre officiel de la croissance française au deuxième trimestre - il sera dévoilé mercredi 20 août - pour dresser un bilan du premier semestre 2003. Après une croissance de 0,1 % seulement au début de l'année, l'Union européenne a tout simplement stagné d'avril à juin. L'Allemagne et l'Italie ont même connu deux trimestres de croissance légèrement négative.

Sur un an, deux pays s'enfoncent dans la récession : l'Allemagne (- 0,2 %) et surtout les Pays-Bas (- 0,9 %). Le "modèle néerlandais", dont on vantait tant les mérites au milieu des années 1990, a fait long feu. L'économie néerlandaise est l'autre grande malade de l'Europe.

DÉCALAGE PATENT

A l'autre bout du spectre, la Grèce est euphorique (+ 4,4 % en un an), grâce à la perspective des Jeux olympiques. Le Royaume-Uni (+ 1,8 %), la Suède (+ 1,5 %) et l'Espagne parviennent également à échapper à la morosité ambiante, mais sans réel effet d'entraînement.

Leurs performances, regardées avec envie à Paris, Amsterdam ou Berlin, sont pourtant banales, vues de Washington et même de Tokyo. Car un mois avant l'importante réunion de l'Organisation mondiale du commerce à Cancun, censée marquer une nouvelle étape dans la globalisation de l'économie, les dernières statistiques confirment l'hétérogénéité de la croissance dans les pays développés.

Si l'Europe stagne, les Etats-Unis et le Japon semblent faire preuve d'un réel dynamisme. Les deux premières économies de la planète ont connu une croissance de 0,6 % au deuxième trimestre. Autant que l'Europe en un an. Sur douze mois, le produit intérieur brut américain a progressé de 2,3 % et celui du Japon de 2,1 %. Le décalage entre l'Union européenne et ses deux principaux partenaires est donc patent. Pour le moment, l'Europe n'arrive manifestement pas à bénéficier de leur dynamisme commercial.

Les causes de ce décalage sont multiples. Sous le titre "Dollar m'a tuer ?", le dernier bulletin (juin-juillet) de la société d'assurance-crédit SFAC-Euler fournit la principale clé d'analyse. "En laissant volontairement ou non filer le billet vert, les autorités américaines ont plombé la croissance européenne. La hausse de 30 % de l'euro vis-à-vis du dollar en un peu plus d'un an coûte certainement très cher en croissance, en emplois et en défaillances d'entreprises. Il s'agit d'un à deux points de croissance perdus sur la période 2003-2004", jugent ces spécialistes. Mais l'Europe ne peut pas se contenter de se défausser sur le dollar. Les mauvais chiffres européens risquent de relancer le débat à la fois sur la politique monétaire de la Banque centrale européenne et sur les contraintes budgétaires du pacte de stabilité. Les déficits publics du Japon (7,7 % du PNB) et des Etats-Unis (4,6 %) sont incomparablement plus élevés que ceux de la France et de l'Allemagne (environ 3,6 %), considérés comme les mauvais élèves de la classe européenne. Et encore : si l'on en croit un récent article de The Economist (du 8 août), "les comptes du gouvernement américain sont aussi fiables que ceux d'Enron" !

D'ailleurs, les experts sont divisés sur la croissance américaine. Certains jugent que le discours déflationniste a fait long feu et que les Etats-Unis, après une croissance de 3 % cette année, pourraient faire encore mieux en 2004, année électorale. En revanche, d'autres font remarquer que l'augmentation des taux longs va forcément avoir un impact sur les taux courts puis sur l'immobilier et, par ricochet, sur la consommation des ménages, puisque celle-ci est tirée par l'équipement des foyers. Les pessimistes, comme Véronique Riches-Flores, chef économiste à la Société générale, notent que les entreprises ne créent toujours pas assez d'emplois pour endiguer le chômage et que les baisses d'impôts fédérales sont compensées par une augmentation des taxes locales qui mine la confiance et le pouvoir d'achat. Malgré tout, ces pessimistes misent sur une croissance de près de 3 % en 2004, ce que personne ne prévoit pour le Vieux Continent.

NOUVEAU PHÉNOMÈNE

Le dynamisme américain pourrait être entretenu par la croissance en Asie. La pneumonie atypique semble ne pas avoir eu les conséquences redoutées. Certains économistes, comme ceux de la Caisse des dépôts, jugent même que, en limitant les importations et en dissuadant la population de voyager à l'étranger, le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) a peut-être eu des effets bénéfiques sur la croissance japonaise !

Plus fondamentalement, il semble qu'un nouveau phénomène soit en train de se produire en Asie. La Chine, hier accusée de pratiquer une concurrence déloyale à l'égard du Japon et de la Corée du Sud, fait désormais bénéficier ces deux économies de son dynamisme. "La Chine ne "plombe" plus le Japon. Elle devient au contraire un pôle de demande, pour des secteurs comme les biens d'équipement et l'automobile. Même la Corée commence à profiter de ce phénomène", analyse Véronique Riches-Flores.

L'Asie du Sud-Est commerçant davantage avec l'Amérique du Nord qu'avec l'Europe, celle-ci bénéficie encore assez peu de ce phénomène. Au contraire, l'indexation du yuan chinois sur le dollar - à laquelle Pékin n'entend pas renoncer en 2003 - accroît la compétitivité de la Chine par rapport aux Européens, tandis que les délocalisations d'activités industrielles mais aussi désormais de services vers Pékin et Shanghaï augmentent les inquiétudes des Européens, dont la balance commerciale avec la Chine est très déficitaire.

Seule une réévaluation du dollar par rapport à l'euro - mais qui aurait le désavantage d'accroître la facture pétrolière - et un redémarrage de l'économie allemande semblent en mesure de mettre fin à la sinistrose européenne. Deux conditions aujourd'hui loin d'être remplies.

Frédéric Lemaître

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 19.08.03[/quote]
pelon
 
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