On en parlait ce matin sur France Info
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(Moscou – AFP – Novosti – 01-04-09)
Une déclaration de Vladimir Poutine sème la panique dans Moscou
Un passage du discours de Vladimir Poutine prononcé dans la grande salle de conférence du Kremlin, en présence du Président Medvedev, de plusieurs membres du gouvernement, du chef d’Etat major des armées le général Nikolai Makarov et d’une centaine de journalistes, a suscité un vif émoi dans la capitale russe.
Au terme d’un discours fleuve consacré à la crise économique, Wladimir Poutine a en effet déclaré : «Face à l’effondrement de l’économie capitaliste occidentale décadente, il faut en revenir aux valeurs et aux méthodes qui ont assuré le prodigieux développement de notre économie et la victoire contre l’Allemagne nazie au cours de la grande guerre patriotique. Nous ne laisserons pas des oligarques corrompus détourner le fruit du travail du peuple russe. »
Cette déclaration, souvent déformée par la rumeur, s’est très vite propagée par Internet et a suscité un début de panique dans les quartiers chic de Moscou, et en particulier dans le complexe Zolotye Kioutchi, où l’on pouvait voir en fin de matinée des familles entasser des bagages, des tableaux et même des meubles dans de luxueuses Mercédès, BMW et autres Audi. (Les voitures de fabrication russe sont interdites dans ce complexe où le mètre carré coûte de 15 000 à 20 000 $.) Un peu plus tard, des queues se formaient devant plusieurs ambassades étrangères et, en fin de matinée, des groupes de jeunes gens appartenant aux Nachy (jeunesses poutiniennes) parcouraient les rues de la capitale en criant des slogans hostiles aux oligarques et aux étrangers. Plusieurs magasins étaient saccagés par la foule, notamment des boutiques de luxe du Goum et le restaurant Mc Donald’s de la place rouge. Des omons aux visages dissimulés par des cagoules noires, des unités d’élite de l’armée et des chars prenaient position en différents points de la ville tandis que des hélicoptères la survolaient. Officiellement, ce déploiement de forces spectaculaire aurait pour objectif de protéger divers bâtiments des émeutiers, en particulier les sièges de Gazprom et de plusieurs compagnies nationales et étrangères, mais la population moscovite redoute le pire et se terre chez elle.
Interrogé sur ces événements, Guennadi Ziouganov, leader du parti communiste de la Fédération de Russie, a déclaré qu’il déplorait les déprédations et la violence mais se félicitait de la déclaration du président russe et était prêt à participer à un gouvernement d’union nationale. Edouard Limonov, leader du parti national bolchevik, a affirmé de son côté qu’il s’agissait d’ « une première prise de conscience encourageante du gouvernement qui se rend à l’évidence devant la profondeur de la crise du capitalisme » mais qu’il fallait allait plus loin et « ouvrir d’urgence des camps de travail pour interner les oligarques et leurs valets en compagnie de la racaille sioniste et tchétchène » (sic)
En Occident les déclarations de Wladimir Poutine ont été accueillies avec une certaine incrédulité. Barak Obama a convoqué l’ambassadeur de Russie et demandé à l’ambassadeur américain a Moscou d’obtenir des précisions et des explications, tandis que Angela Merkel et Gordon Brown ont vainement tenté de joindre Wladimir Poutine par téléphone. Contacté au Gabon, où il réside actuellement dans une villa appartenant à Omar Bongo, Nicolas Sarkozy, s’est refusé pour le moment à toute déclaration officielle. « Vladimir Poutine est un ami, je ne peux pas croire qu’il envisage sérieusement un retour à l’économie stalinienne », aurait-il cependant dit en privé à un diplomate russe présent au Gabon.
En France, Marie-Georges Buffet s’est dite très surprise par les déclarations de Vladimir Poutine et n’a pas souhaité les commenter. En revanche Robert Hue est monté au créneau pour dénoncer « le danger que fait planer M. Poutine sur la jeune démocratie russe et apporter tout (son) soutien aux démocrates de ce grand pays ami ». Enfin, Nathalie Arthaud porte-parole de Lutte ouvrière a affirmé : « Ce changement de politique, qui reste à confirmer, ne nous surprend pas. Nous appartenons à une tendance qui a toujours considéré que la Russie restait un Etat ouvrier et que la contre-révolution bourgeoise était loin d’avoir complètement abouti. Trotsky avait d’ailleurs expliqué en son temps qu’une fraction de la bureaucratie pourrait se rallier au prolétariat en situation de crise, c’est peut-être ce qui est en train de se passer actuellement. Poutine s’exprime sans doute ainsi sous la pression de la classe ouvrière et de la population durement frappées par la crise du capitalisme. Nous saluons donc des événements qui pourraient marquer les débuts d’une révolution politique en Russie. Même si nous n’approuvons pas les méthodes de Poutine, nous soutenons sans réserve toutes les mesures qui pourraient frapper la nouvelle bourgeoisie des oligarques qui s’est enrichie par le pillage et le vol. »
Plus mesuré, Olivier Besancenot, a déclaré : « Il me semble que nous sommes le 1er avril, si ce n’est pas un canular, Poutine a du abuser de la Vodka. »
Nikolaï Poissonnovitch