a écrit :Les contrevérités de Fadela Amara
Quelle mouche a piqué Fadela AMARA ? La Secrétaire d’Etat s’est fendue le 12 mars dernier à Lille d’une diatribe truffée de raccourcis et de préjugés à l’encontre de « quelques structures d’éducation populaire ». Pour mieux masquer le fiasco de son plan « Espoirs Banlieues » ?
Les déclarations à l’emporte-pièce de la Secrétaire d’Etat traduisent un profond mépris et une méconnaissance patente des actions que les associations d’éducation populaire mènent chaque jour au plus près des populations et des territoires.
Retour sur quatre contrevérités majeures :
Les associations d’éducation populaire « ont des subventions énormes »
Cette affirmation sonne comme un jugement de valeur simpliste qui ne fait pas cas des volumes d’activités très importants auxquels se réfèrent les subventions allouées par l’Etat. De plus, cette assertion semble aller à l’encontre de la politique actuelle de mise à l’index de l’éducation populaire et de fragilisation des associations qui s’en réclament. Ces associations se retrouvent en effet étranglées par un désengagement sans précédent de l’Etat. Tous les ministères y vont de leur restriction (Jeunesse et Sports, Education Nationale, Culture, Agriculture, Affaires sociales, etc.). Et les propos de Fadela Amara ne laissent pas présager un sort plus heureux.
Les associations d’éducation populaire « spolient les gens des quartiers »
La Secrétaire d’Etat semble ignorer que la spécificité même du projet associatif, et plus particulièrement dans le champ de l’éducation populaire, est de placer les populations, notamment les publics les plus vulnérables, au cœur de ses démarches.
Jusque dans les territoires désertés par la puissance publique, des milliers de nos militants, bénévoles, volontaires et professionnels, œuvrent ainsi chaque jour à la vitalité de la démocratie locale et du lien social.
Les associations d’éducation populaire doivent être « évaluées sur leurs résultats »
Dire cela, c’est oublier que la logique d’évaluation préside depuis de très nombreuses années aux relations contractuelles entre puissance publique et associations.
Par ailleurs, la mise en œuvre de la LOLF (Loi Organique des Lois de Finance) ces dernières années a accru le contrôle sur les projets mis en œuvre et, plus globalement, sur les associations.
« Têtes de réseau » versus « associations de proximité »
En épinglant les têtes de réseau au profit des associations de quartier, la Secrétaire d’Etat se fait le parangon du « small is beautiful » et crée du même coup un antagonisme artificiel. En effet, les têtes de réseau sont un élément structurant de la vie associative ; elles sont composées de petites associations locales, participent à leur structuration (par des actions d’accompagnement, de conseil, de formation) et favorisent l’émergence et la consolidation de la société civile.
Quel crédit accorder aux déclarations de la Secrétaire d’Etat, à l'heure de la mise en place d'un Haut-commissariat à la Jeunesse qui semble vouloir ouvrir de nouvelles perspectives dans le partenariat entre Etat et associations de jeunesse et d'éducation populaire ?
Le CNAJEP et ses membres se questionnent !