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AFP/EVARISTO SA
Cesare Battisti, le 19 mars 2007, après son arrestation à Rio de Janeiro. Le ministre de la justice brésilien, Tarso Genro, a décidé d'accorder, mardi 13 janvier, le statut de réfugié politique à l'ex-activiste italien d'extrême gauche devenu écrivain, Cesare Battisti, 52 ans. Après avoir fui la France en 2004, Battisti s'était réfugié au Brésil où il avait été arrêté en 2007. Il était écroué dans l'attente d'une éventuelle extradition vers l'Italie, où il avait été condamné à la prison à perpétuité par contumace pour l'assassinat de quatre personnes entre 1977 et 1979.
Battisti, qui nie avoir participé aux quatre homicides dont il est accusé, avait quitté clandestinement la France, où il avait trouvé refuge en 1981 sous la présidence du président socialiste François Mitterrand, avant que la justice française donne le feu vert à son extradition vers l'Italie en octobre 2004. Dans un entretien publié le week-end dernier dans l'hebdomadaire Epoca, Cesare Battisti avait affirmé craindre pour sa vie s'il était extradé. "Je suis certain que si je vais en Italie, je serai l'objet de vengeance. Je serai assassiné", avait-il assuré.
Il avait appelé Tarso Genro, "qui a lui-même personnellement souffert de la répression politique quand il était militant" sous la dictature militaire (1964-1985), à refuser son extradition. Le ministre de la justice est allé à l'encontre d'une décision du Comité national pour les réfugiés du Brésil, où siègent notamment des représentants du Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés, qui avait rejeté le 28 novembre sa demande de réfugié politique, ce qui ouvrait la voie à son extradition.
Jusqu'alors, le Brésil avait toujours refusé les demandes d'extradition vers l'Italie d'anciens activistes italiens, notamment des Brigades rouges, considérant qu'ils étaient poursuivis pour des délits de nature politique. Mais en avril, le procureur général de la République, Antonio Fernando Souza, avait rendu un avis favorable à la demande d'extradition de Cesare Battisti, refusant de considérer ses crimes comme "politiques". Il avait estimé qu'"ils avaient été marqués par une certaine froideur et un certain mépris pour la vie humaine".
Toutefois, il ne semble pas qu'il ait été libéré et il doit comparaître, aujourd'hui je crois, devant une autre juridiction.
Cesare, qui avait d'abord été soutenu par l'immense majorité de l'intelligentsia française, de BHL à l'exrême-gauche, sans compter l'appui de presque tous ses confrères auteurs de polars, a ensuite été plus ou moins oublié après la campagne menée contre lui en Italie, y compris par la gauche, sauf Manifesto et quelques rares intellectuels comme l'écrivain Evangelisti. La gauche italienne avait mené une intense campagne de lobbying pour retourner la presse française... avec succès. De sorte que Cesare n'était plus soutenu que par une poignée d'amis, surtout l'écrivaine Fred Vargas.
Il faut note que Cesare, s'il porte un regard critique sur son passé, n'a jamais accepté de devenir un repenti et se revendique toujours "communiste".
