CITATION
Le Parlement européen ouvre la voie à la levée du moratoire sur les OGM
Hormis Daniel Cohn-Bendit, les Verts français ont prôné l'abstention en signe de solidarité avec José Bové
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 3 Juillet 2003
Un hommage à José Bové ? Les Verts français tenaient, mercredi 2 juillet, à manifester leur solidarité avec le porte-parole de la Confédération paysanne, emprisonné depuis une dizaine de jours à Villeneuve-lès-Maguelone. Après avoir longtemps hésité, huit des neuf élus devaient, en principe, s'abstenir sur un compromis dont ils ont pourtant été les coarchitectes avec leurs camarades de groupe européens.
« Le contexte est particulier, du fait de l'éventuelle levée du moratoire, mais aussi de l'incarcération de José Bové », a justifié Danielle Auroi : plutôt favorable au projet sur le fond, cette élue auvergnate, la région d'origine d'un des plus importants semenciers européens, Limagrain, entend néanmoins protester contre le sort réservé au dirigeant syndical. Longtemps débattue la veille, l'idée n'a pourtant pas convaincu le président du groupe parlementaire, Daniel Cohn-Bendit, élu sur la liste française. Pour ce dernier, qui s'apprêtait au contraire à voter le texte, à l'instar des deux tiers des membres du groupe, « les Verts français feraient mieux de voter « oui », quitte à préparer une résolution sur Bové ». Il s'agit, selon lui, d' « assumer le travail mené ces derniers temps pour créer une législation adaptée ». De nombreux élus écologistes de l'Union ont ainsi fait valoir que la législation proposée était « une bonne chose », car elle « permettrait aux consommateurs de choisir ».
En dépit des interrogations des écologistes, le sort de José Bové aura cependant peu inquiété le Parlement de Strasbourg. « C'est un sujet anecdotique, et franco-français », remarquait une fonctionnaire de la Commission, en rappelant que certains élus anglais, partisans des OGM, considèrent José Bové comme « un hooligan ». Quelques représentants français ont, certes, fait part de leur émoi. Arlette Laguiller (GUE-NGL), par exemple, a tenu à « protester contre l'incarcération honteuse de José Bové » : un homme arrêté pour « délit d'opinion » et qui « doit être libéré », a lancé la dirigeante de Lutte ouvrière.
Plutôt sceptiques sur le compromis final, les socialistes français n'ont pourtant pas évoqué l'actualité hexagonale pour justifier leur position. Décidée à voter contre, alors que la grande majorité de ses collègues européens s'apprêtaient, eux aussi, à soutenir les compromis envisagés, Anne Ferreira (PSE) est formelle : « On ne prend pas position en fonction de Bové. Il s'agit d'arguments de fond, car les textes ne vont, selon nous, pas assez loin pour encadrer les OGM. » Pour cette élue, les actions menées par le porte-parole de la Confédération paysanne ont contribué à alimenter la discussion sur les risques liés aux OGM. D'après elle, s'abstenir sur un texte qui doit conduire à terme à la levée du moratoire ne peut donc constituer un signe de solidarité très cohérent.
P/
Philippe Ricard[/quote]