(afp 20.12.20008 a écrit :L'amertume des salariés Dim en attente de reclassements
Lors de son inauguration il y a six ans, l'usine de lingerie Dim d'Autun était vantée comme "l'atelier de l'avenir", se souviennent les salariés. A l'approche de la fermeture du site, délocalisé en Roumanie, ils disent leur amertume.
En ce matin de décembre, à quelques jours des fêtes de Noël, les équipes du matin (5h-13h) et de l'après-midi (13h-21h) se croisent à la sortie de hangars de tôle grise, où sont nés les premiers bas sans couture Dim.
"En nous reclassant ici, on nous avait dit : C'est l'atelier de l'avenir, la vitrine de la maison", se rappelle Monique, 56 ans dont "40 ans de Dim".
Comme toutes les ouvrières interrogées, cette petite brune aux traits tirés par son service débuté avant l'aube refuse de donner son nom de famille et de se faire photographier.
L'ambiance est lourde, hostile aux questions, même si aucun licenciement n'a été programmé depuis l'annonce de la fermeture en octobre, deux semaines après la célébration en grande pompe des 50 ans de Dim, marque emblématique du textile français, qui continue d'employer un millier de personnes à Autun.
A l'instar de ses 85 collègues, rescapées des fermetures précédentes de "Bourbon-Lancy, Epinac, Le Creusot et Gueugnon", elle ne sait pas encore quel autre atelier l'accueillera après les fêtes.
"On ne sait pas encore où on atterrira mais on a la certitude d'être reclassées", se dit sûre Isabelle, 27 ans d'ancienneté. "On va essayer de mettre tout ça dans un p'tit coin de la tête pendant les fêtes", ajoute-t-elle avant de courir pointer.
Rares sont les ouvrières à élever la voix, devant le portail de l'usine. Evelyne est une des rares à évoquer sa "galère" quotidienne. "Chaque jour depuis 1989" et la fermeture de son atelier de Gueugnon, elle explique "avaler 120 km de route" pour venir travailler à Autun. Et cette nouvelle fermeture "ne changera rien à sa galère".
"On a le sentiment de mendier notre boulot alors que des gens de l'autre côté de l'Atlantique décident de notre sort sans même se soucier de nous, il y a de quoi être écoeurée", lance-t-elle avant de reprendre sa voiture.
Dim est une marque du groupe DBApparel, lui-même détenu par le fonds américain Sun Capital Partners.
Selon Fiaventi Rizza, délégué CGT, "des reclassements ont été trouvés pour 62 salariés. Ce qui, avec les retraites et les projets personnels, ne laisse qu'une dizaine de solutions à valider".
Mais pour le syndicaliste, la fermeture de cet atelier de pointe, "unique en Europe", "marque la fin de la fabrication du textile en France". Et cela même si "les collants resteront fabriqués à Autun", seule la lingerie étant délocalisée.
Initialement prévue au 31 décembre, la fermeture de l'atelier a été différée d'un mois. Un report qui s'explique notamment par "le temps nécessaire au transfert des machines" en Roumanie, selon Brigitte Bert, déléguée CFDT. Outre le millier d'employés de Dim à Autun, 800 travaillent dans ses bureaux de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Le groupe a réalisé en 2007 un chiffre d'affaires de 300 millions d'euros.