par Puig Antich » 27 Sep 2008, 15:06
Il me semble qu'il faut discuter du fond plutôt que de l'aspect formel. Le qualificatif " de masse " est peut être un peu présomptueux, mais ce qu'il faut retenir c'est qu'il s'agit d'une initiative qui cherche précisément à se tourner vers la " masse " des travailleurs et des syndiqués. Qu'elle ait des limites, soit, c'est une évidence - que polo devrait peut-être mieux voir. Mais personnellement, ce qui me gêne, c'est quelques petits accents patriotards dans la lettre, plutôt que le terme " de masse ".
Quoi qu'il en soit, si il faut être réalistes sur les limites des initiatives actuelles, qui ne regroupent pour l'instant qu'une minorité de travailleurs dans des réunions qui ne débouchent pas pour l'instant sur une vraie activité organisée d'opposition syndicale, il faudrait peut-être aussi discuter de l'opposition d'un nombre croissant de syndiqués et de travailleurs aux politiques confédérales. Il faut partir de là, et pour le coup les exemples ne manquent pas : cheminots dégoûtés par la politique CGT, étudiants écœurés par celle de l'UNEF, chefs CGT blackboulés à Dunlop - je crois - pour avoir signé avec la direction un accord désavantageux, etc.
Et c'est dans les caractéristiques objectives de la période et de la crise qu'est inscrite la nécessité de serrer les rangs des militants de classe combatifs à la fois dans chaque syndicat, mais aussi dans des structures nationales d'échange et d'initiative. Car, dans l'année qui vient, les conventions collectives vont être dénoncées unes à unes pour introduire les nouvelles lois qui détruisent toute limitation au temps de travail, les licenciements vont se multiplier, les travailleurs de l'Etat et les services utiles à la population laborieuse vont être attaqués plus frontalement que jamais : et à chaque fois, les patrons et le gouvernement vont caresser dans le sens du poil les bureaucrates syndicaux petits et grands, voir leur offrir de menus avantages sur lesquels certains ne cracheront pas - les temps sont durs !
Et les militants syndicaux honnêtes chercheront une alternative à la direction de ces capitulards. Cette alternative, en l'état actuel des choses, aucune organisation politique seule ne peut la donner, mais une vraie tendance oppositionnelle un peu unifiée dans les syndicats, elle, pourrait au moins permettre de faire un lien entre les milliers de militants combattifs qui existent, et de permettre aussi aux travailleurs de mieux se défendre face aux conséquences de la crise, en popularisant des objectifs et une stratégie syndicale conformes à leurs intérêts. Alors, certes, cette perspective pose à l'évidence des questions et des problèmes à régler : il faudra trouver des habitudes communes de travail entre des gens qui d'habitude ne se croisent presque jamais, il faudra veiller à ce que ces habitudes et ces moeurs permettent un vrai travail commun, sur une base claire, et d'abord en faisant le bilan des initiatives qui dans le passé ont été dans le même sens, mais ont échoué. En même temps, avons nous spécialement le choix ?
Voilà ce dont il faudrait discuter, mais sérieusement ...