CITATION LO et LCR tentent un rabibochage
Elsa Freyssenet
[09 juillet 2003]
La LCR parle à LO et boude les «Ramulaud». C'est, en résumé, la conclusion du bureau politique de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), lundi soir. La direction de l'organisation d'Alain Krivine et Olivier Besancenot était saisie de deux sujets : les propositions de discussions électorales pour 2004 faites par Lutte ouvrière (LO), et l'éventuelle participation de la LCR à l'«appel pour une alternative à gauche» lancé la semaine dernière (nos éditions du 2 juillet) par des Verts, des communistes, des membres de la gauche du PS ainsi que des responsables associatifs, qui ont pris le surnom de «comité Ramulaud», du nom du restaurant qui accueille ses réunions. Jugeant l'initiative «positive», la LCR a néanmoins décidé de s'en tenir à l'écart à l'issue d'un débat «serré». Elle «discutera» en revanche avec LO.
L'organisation d'Arlette Laguiller a fait savoir par courrier (nos éditions de samedi) qu'elle n'a «aucune objection de principe à (se) présenter avec la LCR» aux élections de 2004. Après l'échec des pourparlers aux municipales de 2001 puis aux législatives de 2002, la lettre de Lutte ouvrière a été accueillie comme «une bonne nouvelle» à la LCR. Sauf que LO pose des conditions très strictes à la conclusion d'un accord électoral. Sur quatre pages, elle dresse la liste de tout ce qui la différencie de la LCR. LO considère «comme une trahison» le fait que la LCR ait appelé à «battre Le Pen» au second tour de la présidentielle, et elle se démarque des «altermondia-listes» alors que la LCR est engagée dans Attac. La LCR répondra par lettre la semaine prochaine sur ces points de doctrine.
Sur la tactique électorale, LO a également fait part de ses exigences. L'accord devrait concerner toutes les régions et tous les scrutins. LO est réticente aux velléités de la LCR d'ouvrir ses listes régionales à des associations et marque son «opposition totale à des accords» avec les partis de la gauche parlementaire «entre les deux tours» des régionales. Ces deux dernières conditions avaient fait capoter les négociations entre LO et la LCR aux dernières municipales. «En l'état, ces conditions me paraissent inacceptables», explique Christian Picquet, membre du bureau politique de la LCR, désireux néanmoins de «tester la réalité de l'attitude de LO. Veut-elle engager le dialogue ou justifier par avance son isolement ? Personne ne le sait.» Plus allant que ce dernier à l'égard de LO, Alain Krivine relativise «le ton très violent et les conditions énormes» posées par le mouvement d'Arlette Laguiller : «Cela commence toujours comme cela avec LO.» Les deux partis trotskistes devraient se rencontrer à la rentrée.
Le débat le plus vif entre dirigeants de la LCR a donc concerné le «comité Ramu-laud». Ayant exclu d'entrée l'idée de signer cet appel pour «une gauche antilibérale», ils se sont divisés sur l'opportunité d'assister aux réunions en tant qu'«observateurs», comme le fait, par exemple, la direction du PCF. Alain Krivine, qui était contre, a emporté le morceau à l'issue d'un vote (8 contre, 5 pour). Il déplore la «confusion au sein du «comité Ramulaud» entre ceux qui veulent une structure de débat et ceux qui veulent créer une alternative politique» à la gauche du PS. Il semble surtout gêné par la présence du socialiste Jean-Luc Mélenchon ou de proches du Vert Noël Mamère – «On ne va pas créer un parti avec eux», dit-il. Résultat, la LCR va exprimer dans son hebdomadaire «Rouge» sa «sympathie» aux «Ramu-laud» et sa disposition à «débattre»... sans plus. Une réserve que Christian Picquet qualifie d'«erreur politique».
Le «comité Ramulaud», qui s'est également réuni lundi soir, veut organiser, le 27 septembre, une «journée de réflexion sur l'alternative politique». Pour l'un de ses animateurs, Roger Martelli, pas de doute : la LCR boude parce qu'elle «peut difficilement admettre des concurrents dans l'espace de la radicalité».[/quote]