Des sans-papiers traités comme des chiens

Message par magdalene » 09 Juil 2003, 18:07

Plus de 60 sans-papiers grévistes de la faim expulsés des hôpitaux lillois
LE MONDE

Ils sont une trentaine, visiblement affaiblis, assis ou allongés contre un mur dans la cour de la Bourse du travail de Lille, pour une conférence de presse organisée par le Comité des sans-papiers du Nord (CSP 59), lundi 7 juillet.

Algériens, Marocains, Guinéens ou Thaïlandais, ils racontent tous la même histoire. Hospitalisés d'office vendredi (Le Monde daté 6-7 juillet), plus de 60 d'entre eux ont été évacués le lendemain des sept hôpitaux de la région lilloise où ils avaient été conduits pour examens. "On nous a traités comme des chiens", disent-ils. Certains se plaignent d'avoir été malmenés par les policiers avant d'être conduits à bord de véhicules des sapeurs-pompiers, qui les ont abandonnés en ville.

Quelque 600 personnes (selon la police) ont défilé, samedi à Lille, à l'appel du CSP 59, pour manifester leur soutien aux grévistes. Le cortège, précédé d'un cercueil drapé de noir, rassemblait notamment une centaine de membres de la Coordination nationale des sans-papiers, des représentants syndicaux (FSU, CGT, Confédération paysanne), des partis politiques (Verts, PC, LCR, LO) et une centaine d'intermittents du spectacle.

Le préfet, le médecin-chef du SAMU-59, des représentants de la Ddass et de l'agence régionale d'hospitalisation ont expliqué que, sur les 105 grévistes hospitalisés, 43, dont l'état avait été jugé préoccupant, étaient gardés en observation. Les autres - qui refusaient souvent tout soin, tout examen ou prise de sang et même l'eau fournie par le personnel - avaient été priés de quitter les lieux avec, en cas de refus, intervention des forces de l'ordre. A l'exception de deux d'entre eux, tous souhaitaient continuer leur mouvement à l'hôpital.

"Nous ne pouvons garder des personnes dont l'état ne justifie pas une hospitalisation. Leur présence représente une charge trop importante alors que nous sommes dans une période de surcharge telle dans certains services que des malades ont dû être envoyés en Belgique", a expliqué le docteur Patrick Goldstein, médecin- chef du SAMU. Le CSP 59 a envoyé une lettre ouverte de protestation à l'ordre des médecins, et les sans-papiers affirment qu'ils refuseront, désormais, l'assistance de tout médecin "envoyé par le préfet".

GARÇON DE HUIT MOIS

Ce dernier a écrit aux associations qui les soutiennent (parmi lesquelles le MRAP, la Ligue des droits de l'homme et plusieurs associations d'immigrés) pour leur demander d'"inviter" les grévistes "à cesser leur mouvement au lieu de l'encadrer et de les encourager à poursuivre en mettant leur vie en danger". Un porte-parole du CSP 59 a rétorqué, lundi, qu'il s'agissait là d'un raisonnement de type "colonial", une tentative d'"infantilisation" des sans-papiers qui ont, selon lui, choisi seuls leurs moyens d'action. "C'est le mépris du préfet qui les pousse à ces pratiques suicidaires", a-t-il lancé.

Les grévistes se sont dits, pour leur part, déterminés à "continuer jusqu'à la mort". "J'ai un garçon de huit mois et une fille de six ans. S'il le faut, ils feront grève avec moi", a déclaré l'un d'eux. La préfecture a promis de fournir mardi soir les résultats de l'examen de 122 demandes de régularisation déposées la semaine dernière.

Jean-Paul Dufour
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 09.07.03
magdalene
 
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