(La Voix des Travailleurs journal trotskiste en Haïti a écrit :Après le passage de l'ouragan Gustave, le bilan est lourd pour la population pauvre
Selon un dernier bilan mais toujours provisoire fait par les services de protection civile du pays, l'Ouragan Gustave aurait causé la mort de près de 70 personnes, une dizaine seraient portées disparues, des dizaines de blessés. 10 000 personnes sont logées dans des abris provisoires, un nombre non calculé de maisons seraient endommagées.
Les dégâts matériels seraient tout aussi importants, on aurait dénombré la perte de centaines de têtes de bétail, des plantations ont été emportées par les crues à travers le pays. Depuis jeudi, les bilans sur le passage de Gustave se suivent, à chaque fois les responsables essaient d'ajuster leurs chiffres devant certaines évidences, mais vu la réalité du pays, les bilans officiels sont toujours en deçà de la réalité.
Le Sud Est, l'Ouest et les Nippes sont les départements les plus touchés. A Jacmel, 75% des terres cultivables ont été emportées par les eaux. A Ti Goave, à Cité Soleil, dans le département de l'Ouest, des centaines de personnes ont dû laisser leur maison pour aller se réfugier dans certains abris que les mairies avaient réquisitionnés en cette occasion. Les correspondants de presse dans diverses zones du pays interviennent et rapportent les étendues des dégâts, des pertes subies par la population.
Le gouvernement annonce le déblocage de 10 millions de gourdes pour les familles sinistrées, une goutte d'eau dans un océan. Mais rien ne dit que cet argent atteindra effectivement les vraies victimes tant l'administration est gangrenée par la corruption tant il y a déjà des vautours qui se frottent les mains et qui encore ne rateront pas cette occasion pour se remplir les poches.
Après Fay, l'Ouragan Gustave est la deuxième intempérie dont a été victime le pays en ce début de la saison cyclonique qui prendra fin en novembre prochain. Mais la liste de dépressions tropicales prévues est encore longue. Chaque année à pareille époque, la majorité de la population pauvre dans la capitale ainsi que dans les villes de province a la peur au ventre. Cette peur est d'autant plus justifiée que cette population vit dans le dénuement presque total.
Haïti est aujourd'hui un pays exsangue, des siècles d'exploitation par les impérialistes français, américains et autres, directement ou indirectement, ont laissé un pays fragilisé sur le plan écologique. Les mornes sont déboisés. La misère porte chaque jour les pauvres à agresser encore plus l'environnement: des constructions anarchiques dans les mornes et sur le lit des rivières. La démission et l'irresponsabilité des dirigeants font que les villes sont dépourvues de tout, pas de canaux de drainage et quand il en existe quelques uns ils ne sont pas curés.
Ainsi, la politique économique criminelle de la bourgeoisie et consorts, l'irresponsabilité des gouvernements à l'endroit des masses pauvres font que chaque intempérie, même de faible intensité, se transforme en véritable catastrophe pour les masses pauvres haïtiennes avec des drames humains importants. Régulièrement par exemple, les mêmes intempéries frappent Cuba, mais les dégâts qui y sont occasionnés sont loin des catastrophes qui se produisent en Haïti. A titre d'exemple, l'ouragan Gustave avant d'atteindre Cuba s'est renforcé en atteignant le niveau 4, pourtant le pays n'a enregistré aucune victime humaine. 90% des pertes en vies humaines viennent d'Haïti.
Année après année, rien n'est fait pour aller au devant de ces phénomènes naturels, pour limiter leurs effets sur la population pauvre, au contraire, la misère continue de sévir de plus belle, chaque jour amène son cortège de tracas pour une frange plus ou moins importante de la population et jette celle-ci dans le dénuement le plus total et la rend donc plus fragile, plus à même de subir les conséquences néfastes du moindre dérèglement climatique.