article bienveillant sur les anars

Message par pelon » 28 Juin 2003, 08:32

CITATION
Politiques

Les anars sortent du noir
Leurs pratiques se sont diffusées lors du mouvement social.

Par Didier HASSOUX
samedi 28 juin 2003


Le drapeau noir flotte de nouveau sur la marmite sociale. Même la droite s'est aperçue que les anarchistes sont de retour. Ainsi le 10 juin, en meeting à Asnières (Hauts-de-Seine), en plein «Sarkoland», Jean-Pierre Raffarin brocarde «l'extrême gauche qui engendre des situations de tensions». Dix jours plus tard, devant le premier conseil national de l'UMP, son président, Alain Juppé, dénonce la collusion d'«idéologies dépassées : un peu de trotskisme, un peu de marxisme, un peu de soixante-huitardisme»...

Derrière l'amalgame, une crainte : celle que «la rue gouverne». En attendant, elle a débattu, brocardé, manifesté et fait le coup de poing. Le 3 juin, à la République à Paris, le service d'ordre de la CGT empêche des militants de la Fédération anarchiste d'arrimer leur banderole à du mobilier urbain. Le 12 à la Concorde, des militants libertaires non organisés foncent contre les forces de l'ordre, postées devant l'Assemblée nationale. D'autres, sans que l'action n'ait été programmée, se réfugient à l'Opéra-Garnier et interrompent une représentation. Dans les assemblées générales d'établissements scolaires, ce sont souvent les militants libertaires qui mènent le bal. A la Poste, chez les cheminots, des anarcho-syndicalistes tentent de convaincre leurs camarades d'oser «la grève générale». Et, même début juin, à Annemasse (Haute-Savoie), en marge du G8, ils empêchent le Parti socialiste ­ devenu à la fois symbole du pouvoir et, selon eux, représentant du libéralisme ­ de tenir une réunion.

«Mise en pratique». Ces «fauteurs de troubles» ne sont pas toujours les mêmes mais se ressemblent. Plutôt jeunes, ayant connu l'expérience de la droite et de la gauche au pouvoir, ils appartiennent à une myriade d'organisations ou, pour la majorité, sont totalement inorganisés. Seule la bannière de l'anticapitalisme et de la contestation de l'ordre établi les réunit. «Avec la mondialisation, il y a un affaiblissement de la représentation, explique le sociologue Jean-Marc Salmon. Nous vivons une vraie crise du système représentatif. C'est vrai en France comme à l'étranger. Les manifestants ne se réclament pas forcément de l'anarchie. Mais, parfois sans le savoir, ils mettent en pratique des principes libertaires. Comme l'autogestion, la démocratie et l'action directe. On l'a beaucoup constaté, ces temps-ci, chez les enseignants qui bloquaient les routes, occupaient des rectorats, voulaient empêcher le bac de se dérouler.»

Instituteur dans l'Est parisien, Serge confirme. Lui milite à la Confédération nationale du travail (CNT), la «Cénété» comme disent ceux qui savent, en référence à la mère espagnole, dont de nombreux militants sont morts durant la guerre civile. «Les gens viennent nous voir. Ils ne veulent pas forcément adhérer, mais participer.» La CNT estime «toucher» quelque 4 000 individus. «Nous avons dépassé le niveau groupusculaire, affirme Wilfrid, chargé des relations avec la presse. Nous restons modestes mais nous ne recrutons pas pour recruter. Ce sont les luttes qui nous intéressent. Dans un climat de défiance généralisée, nous sommes apparus dans ce mouvement comme une alternative crédible aux confédérations.»

«Plus peur». Chez No Pasaran (ceux qui en sont disent «Nopasse»), réseau né des luttes antifascistes et anticapitalistes, on préfère s'intéresser aux «mouvements des idées». Esbé, professeur à Bagnolet, estime que «les idées libertaires ne font plus peur». Il l'a constaté dans son bahut : «Je suis intervenu pour dire qu'au-delà des retraites, le problème c'est de venir bosser le matin. Personne ne m'a contredit. Il y a cinq ans, c'était un langage impossible à tenir.» Thomas, T-shirt procannabique et sans profession, veut croire que «les gens n'ont pas fait grève pendant six ou huit semaines pour cotiser deux ans de moins. Ils veulent autre chose. Une autre société. C'est la question du travail qui est centrale». Selon eux, «le PS a bien aidé» à la propagation de leurs idées. Simplement parce qu'il a abandonné la lutte anticapitaliste.

Les «nopasses», la «Cénété», Lola Lafon connaît. Elle les fréquente, les croise dans les manifs. A peine trentenaire, elle fait partie des «autonomes», de ceux qui veulent «détruire ce qui [les] détruit». Ceux que la police nomme les «casseurs». Elle était près de Genève, début juin, au moment du G8. Avant, elle avait «fait» Gênes, fréquenté plusieurs squats, s'était «figthée» (battue) avec la police. Elle romance ses campagnes et ses amours dans Une fièvre impossible à négocier (1). Premier témoignage d'une altermondialiste sans concession. Refusant d'apparaître comme la madone des anars, elle se réjouit «de voir enfin les Français devenir radicaux».

(1) Ed. Flammarion, 340 pp., 18 a.



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