Rouge sait nous faire marrer

Message par faupatronim » 24 Juin 2003, 14:58

CITATION (Rouge @ n° 2022)
Johnny Halliday
Que je t'aime


En 43 ans de carrière, il a tout fait : idole rebelle, star des boums, bon client pour presse "people", semi- "has been" chez Drucker... Plus bête de scène que jamais, Johnny peut se targuer d'être une véritable institution, aussi consensuel aujourd'hui qu'il fut décrié au siècle dernier. Revue de détail par un fan transi.

Pour celles et ceux qui ne l'auraient pas compris, en ce mois de juin 2003, des centaines de milliers de fans ont commencé à fêter les 60 ans de leur star : Johnny. En cette période agitée par les mobilisations sociales, une chanson de l'énorme répertoire de Johnny est plus que d'actualité pour s'opposer aux prétentions d'une droite conservatrice et arc-boutée sur la défense des privilégiés : Allumer le feu. Bien qu'arrivée au bout de ses 42 annuités, la star du rock français est décidée à ne pas prendre sa retraite, pourtant bien méritée à 60 ans. Bête de scène, gonflé à mort par une relation de fidélité quasi charnelle avec son public, l'homme-enfant a plutôt envie de finir en grande pompe sur scène.

Unique

Johnny, c'est comme Arlette, inutile d'ajouter son nom de famille. Pour beaucoup c'est "Joo-ny" tout court. Avec une carrière gigantesque débutée à l'âge de 15 ans, des dizaines de disques d'or, des centaines de concerts, des millions de disques vendus, le "French Elvis", comme l'a surnommé le Daily Telegraph anglais, relève du cas unique en France. Johnny rivalise avec les plus grands : Beatles, Rolling Stones, Hendrix. La question n'étant pas ici de savoir si c'est plus "radicalement révolutionnaire" d'aimer plutôt les Stones que Johnny, mais uniquement une nouvelle fois de s'arrêter sur un phénomène de masse.
18 avril 1960, le Johnny fait sa première apparition à la télévision. Il chante Laisse les filles, il a 16 ans. Il est à l'Olympia en 1961, année de Souvenirs, souvenirs et de Retiens la nuit, deux de ses chansons les plus connues. Mais il ne fait pas que chanter, il occupe la scène, danse, se roule par terre, crie, saute en l'air. Le jeu de scène électrise les foules de jeunes et inquiète les autorités. Le phénomène Johnny débarque dans la France conservatrice des années 1960. La foule s'enflamme et les concerts se transforment en affrontements avec la police. Le 24 février 1961, les fans de Johnny Hallyday et ceux de Richard Anthony sont au Palais des sports de la porte de Versailles et ne résistent pas à l'envie d'en découdre. Les chaises volent, plusieurs dizaines de flics sont blessés, des dizaines d'arrestations sont effectuées, la station de métro est dévastée. Les filles comme les garçons se sont livrés à une bataille rangée. Les émeutes, ce n'est pas seulement à Alger, c'est aussi à Paris...
C'est toute une jeunesse socialement hétérogène qui vient aux concerts se défouler, au sens psychanalytique. Une jeunesse qui a tout simplement envie d'envoyer balader papa, maman, le prof, le curé, le flic, le pouvoir. La gauche n'offre déjà plus aucun exutoire. Le PCF se fait le champion de l'obéissance et est en décalage avec les aspirations des moins de 30 ans. La réputation de Johnny est établie. Le chanteur sait aussitôt en tirer profit, il sort en 1962 un maxi 45 tours, La Bagarre. C'est l'année du premier disque d'or pour Viens danser le twist. Enfin 1963, l'année du premier grand concert place de la Nation en présence de 200 000 personnes. En trois ans, le petit blondinet est devenu la star du rock français. En 43 années de carrière, Johnny n'aura connu que trois passages à vide, en 1966, au début des années 1980 et des années 1990. Il entame aujourd'hui pour ses 60 ans une série de concerts dans les stades en France. Son dernier double album, A la vie, à la mort, vendu déjà à deux millions d'exemplaires, bat tous les records de vente.

Couverture médiatique

Difficile aujourd'hui d'échapper à la couverture de presse qui lui est consacrée. Même le très respectable Télérama, icône médiatique de l'intelligentsia parisienne de gauche, n'a pu s'empêcher de sortir un hors-série spécial anniversaire de la star. Devant le "scepticisme général de la rédaction", l'éditorial du magazine se veut très explicatif : "le rock, ça n'était pas un gentil divertissement pour pince-fesses mondains. C'était un truc violent, désordonné, bruyant, obscène et vulgaire parfois. Johnny représentait tout cela. Notre Elvis personnel, le vecteur rebelle d'une communauté juvénile qui sentait confusément le besoin de secouer le joug parental ou gouvernemental. On en rêvait, Johnny l'a fait." Certes, dans les années 1960, mais maintenant, on est en droit d'en douter.
Les concerts de Johnny ne sont plus, depuis longtemps, des lieux de défoulement. La grande masse des fans est bigarrée et provient de toutes les origines sociales. Johnny continue de faire vibrer les quadras, mais beaucoup moins les moins de 25 ans. Cela reste, il faut le souligner, une foule toute aussi blanche que dans les premières années. Une caractéristique générale de la scène rock. Des centaines de milliers de fans continuent de se croiser dans les concerts et constituent une sorte de précipité d'une société française qui se brasse au-delà des clivages sociaux et culturels. A l'instar des Marseillais un soir de victoire de l'OM.
Diversité est bien le mot que l'on peut retenir pour pénétrer et comprendre le phénomène. Tout l'univers de Johnny relève de cette idée du brassage, de la diversité. Ses deux derniers albums regroupent des chansons écrites par des auteurs aussi divers que Zazie et Françoise Sagan, Miossec et Gérard de Palmas, Maxime Le Forestier et Sandrine Kiberlain... Johnny aime autant Robert Hue que Jacques Chirac, Elvis que Brassens.
Ni de droite, ni de gauche, antiraciste et rejetant le poison antisémite (Le Droit de vivre, 1973), Johnny, dès 1966, dit ne pas croire que "pour changer le monde, il suffit de chanter", tout comme "Ecrire sur son blouson / la guerre doit s'arrêter / assis sur son derrière avec les bras croisés / les bonzes du Viêt-nam n'y ont jamais pensé / Tout ce qu'ils ont trouvé c'est partir en fumée / et bien sûr avoir les cheveux longs" (Cheveux longs, idées courtes). Johnny Hallyday répondait là au chanteur yéyé Antoine, qui avait osé l'attaquer publiquement dans sa chanson Les Elucubrations en proposant qu'on l'enferme dans une cage à Médrano. La simplicité a eu raison de l'arrogance. A 60 ans, la jeune star est devenu le roi de la scène.

Eric Lafon.
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Message par Louis » 24 Juin 2003, 19:15

assez bizarrement, quand Eric Lafon pige pour la presse du pcf, il ne donne pas "Arlette" comme référence insurpassable...
Louis
 
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Message par Louis » 25 Juin 2003, 20:01

de toute façon tout le monde sait que je fais partie de la fraction "eddy mitchell"...
Louis
 
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