CITATION (Le Monde @ 19.06.2003)
Menace sur les allocations de 613 900 chômeurs
La convention Unedic de décembre 2002 durcissait les conditions d'indemnisation
Signée le 20 décembre par le patronat, la CFDT, la CGC et la CFTC, et agréée par le ministre de l'emploi, François Fillon, la nouvelle convention de l'Unedic prévoyait un durcissement des conditions d'indemnisation des chômeurs. C'est en effet sur eux qu'elle faisait peser l'essentiel des efforts destinés à rétablir l'équilibre des comptes de l'assurance-chômage d'ici à 2005. L'Unedic avait alors estimé que 180 000 personnes seraient concernées par les nouvelles mesures. Selon FO, qui n'avait pas signé l'accord, ce nombre aurait été de 250 000 à 300 000. "C'est une belle arnaque", dénonçait Marc Moreau, responsable d'Agir ensemble contre le chômage (AC !), dans nos colonnes (Le Monde du 28 décembre 2002).
Les craintes des associations de chômeurs ainsi que des syndicats non signataires étaient plus que justifiées. Dans une note interne rendue publique, mercredi 18 juin, par l'AFP, l'Unedic détaille les conséquences de l'entrée en vigueur des nouvelles règles d'indemnisation. Elle estime que 856 700 allocataires seraient potentiellement touchés par une réduction de leurs droits du fait du basculement dans le nouveau dispositif d'indemnisation. Parmi ceux-ci, 613 900 ne pourraient se reclasser d'ici au 1er janvier 2004, et seraient donc immédiatement menacés par cette réforme. En effet, selon les mêmes projections, 252 400 arriveraient alors en fin de droits, en raison du raccourcissement de la durée d'indemnisation qu'introduit la réforme, et 361 500 connaîtraient la même situation d'ici à la fin de l'année 2005. Le montant mensuel moyen de l'Assedic est de 856 euros. Les allocataires qui perdront leurs droits dépendront alors des minima sociaux tels que l'allocation de solidarité spécifique (ASS, 400 euros) ou le revenu minimum d'insertion (RMI, 356 euros hors forfait logement).
Fin avril, on comptait 2 705 100 allocataires (7,1 % de hausse en un an), dont 2 473 300 indemnisés (+ 9,2 % en un an). Parmi ces derniers, 2 050 500 étaient indemnisés au titre de l'assurance-chômage (+ 11,2 % en un an). Parallèlement, depuis l'application du plan d'aide au retour à l'emploi (PARE), entré en vigueur en juillet 2001, on a assisté à une multiplication du nombre de radiations administratives de l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE). En 2002, celles-ci ont augmenté de 60 % par rapport à l'année précédente.
Accélération du nombre de radiations, durcissement des conditions d'indemnisation, syndicats et associations s'inquiètent d'"une volonté d'appauvrir et de précariser", selon un communiqué commun des associations de chômeurs (AC !, Apeis et MNCP), qui appellent à une prochaine mobilisation commune, une journée d'action étant d'ores et déjà prévue le 2 juillet, jour de la tenue du conseil d'administration de l'Unedic. Les trois associations écrivent que "c'est le même trio Fillon, Chérèque, Seillière qui prépare des retraites en baisse, auxquelles tous ceux et surtout celles qui ont connu des périodes de chômage et de précarité n'auront jamais droit".
"DIMINUER LES DROITS"
La CGT, pour sa part, déplore l'"inefficacité d'un régime qui ne remplit plus son rôle, c'est-à-dire couvrir le risque de la perte d'emploi". Pour la centrale syndicale, "le patronat et le gouvernement considèrent le retraité, le chômeur, le malade comme des coûts et n'envisagent qu'une solution : diminuer les droits sociaux et faire payer l'addition aux salariés, aux retraités et aux privés d'emploi". La CGT dénonce également l'"objectif du Medef d'exclure 50 à 70 % des intermittents du spectacle du système d'indemnisation", actuellement en cours de renégociation.
Selon FO, les chiffres rendus publics par l'Unedic démontrent que "l'essentiel des efforts imposés pour rétablir l'équilibre des comptes de l'Unedic repose sur une pénalisation des chômeurs". La confédération dirigée par Marc Blondel y voit aussi la confirmation de l'"échec prévisible du PARE".
Patrick Roger
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