CITATION Opération policière contre les Moudjahidines iraniens
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Mardi 17 juin, une vaste opération de police a été menée contre les représentants des Moudjahidines du peuple iraniens en France. La police avait mis le paquet: dès 6 heures du matin, elle a investi quatre villas situées à Auvers-sur-Oise, en région parisienne, abritant des membres de cette organisation ainsi que d'autres "sites" - treize au total - dans les Yvelines et le Val-d'Oise. 1300 policiers de différents services ont été mobilisés, 80 gendarmes du GIGN, des policiers du Raid, responsables de l'opération, de la DST, de l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière.
La raison officielle d'un tel coup de filet est que l'organisation "Les Moudjahidines du peuple" appartient à la liste des mouvements terroristes dressée par les États-Unis et l'Europe. Selon le communiqué du ministère de l'Intérieur, "ces implantations en Ile-de-France sont considérées comme des bases organisationnelles, logistiques et opérationnelles au financement douteux".
Mais ce sont les motifs mis en avant par le ministère de l'Intérieur pour justifier une opération d'une telle envergure qui semblent douteux. Pourquoi procéder, aujourd'hui, à cette rafle, alors que les militants de cette organisation résident depuis plus de vingt ans sur le territoire français et qu'ils étaient même en permanence protégés par des caméras et plusieurs gendarmes?
Le mouvement des Moudjahidines est apparu en 1965 en Iran. Il s'était allié à l'ayatollah Khomeiny quand celui-ci prit le pouvoir en 1979, et fut chassé de ce pays deux ans plus tard. A partir de 1983, il devint la principale opposition armée au régime iranien et se rapprocha de l'Irak, en y installant notamment plusieurs camps d'entraînement près de la frontière iranienne.
Dès 1985, l'État américain avait dénoncé ce groupe comme un mouvement "pro-islamique, antidémocratique et antioccidental", en raison notamment de ses actions de guérilla urbaine qui s'en prenaient aux intérêts américains. En mai 2002, l'Union européenne imitait les États-Unis en le faisant figurer sur la liste des mouvements terroristes. Le dernier coup d'accélérateur a été donné avec la guerre en Irak au printemps 2003. L'opération policière conduite tambour battant ici intervient quelques semaines après les bombardements menés par les États-Unis sur les camps d'entraînement des Moudjahidines en Irak. Cette démonstration de force en France ressemble donc à une réplique de l'action américaine. Mais c'est là qu'on peut se demander quel "coup tordu" cache cette subite opération.
En effet, elle intervient alors que des manifestations se déroulent en Iran contre le pouvoir en place et où les États-Unis accentuent leur pression sur l'Iran et où, selon certaines informations, un accord aurait été conclu justement entre les États-Unis et les Moudjahiddines, en tant qu'opposants au pouvoir en place.
Dans cette hypothèse, l'opération policière contre les Moudjahiddines serait plutôt une faveur faite au régime iranien, et un pied de nez aux États-Unis.
Comme quoi la "lutte contre le terrorisme" tant invoquée par nos gouvernants peut être à géométrie variable en fonction de calculs n'ayant que peu de rapport avec les raisons invoquées... ou inventées.
En tout cas, la police a bénéficié d'une débauche de moyens et des honneurs des médias. Nos sherifs en action auront interpellé plus de 160 personnes, en auront placé 158 en garde à vue à la fin de la matinée et saisi 1,3 million de dollars dans un coffre. Côté spectacle, c'est une réussite. Et cela n'empêchera certainement pas les gouvernants français, dans leurs discours dominicaux, de continuer à déclarer que la France est une terre d'asile pour les opposants politiques et les persécutés de tous les pays.
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Opération policière contre les Moudjahidines
5 message(s)
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par Matrok » 19 Juin 2003, 21:08
CITATION (Barnabé @ jeudi 19 juin 2003, 21:40)
Mais d'où sortent donc ces informations ? c'est contraire à tout ce que disent les médias, alors le "selon certaines informations" me semble relever de la rumeur...
Opération policière contre les Moudjahidines iraniens (Article de LO)
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En effet, elle intervient alors que (...) selon certaines informations, un accord aurait été conclu justement entre les États-Unis et les Moudjahiddines, en tant qu'opposants au pouvoir en place.
Dans cette hypothèse, l'opération policière contre les Moudjahiddines serait plutôt une faveur faite au régime iranien, et un pied de nez aux États-Unis.
Mais d'où sortent donc ces informations ? c'est contraire à tout ce que disent les médias, alors le "selon certaines informations" me semble relever de la rumeur...
- Matrok
- Message(s) : 177
- Inscription : 12 Mars 2003, 21:43
par pelon » 19 Juin 2003, 21:18
CITATION (Matrok @ jeudi 19 juin 2003, 22:08)[QUOTE=Barnabé,jeudi 19 juin 2003, 21:40]
Mais d'où sortent donc ces informations ? c'est contraire à tout ce que disent les médias, alors le "selon certaines informations" me semble relever de la rumeur...[/quote]
Le première phrase est une information qui est connue largement.
La deuxième phrase une hypothèse.
Opération policière contre les Moudjahidines iraniens (Article de LO)
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En effet, elle intervient alors que (...) selon certaines informations, un accord aurait été conclu justement entre les États-Unis et les Moudjahiddines, en tant qu'opposants au pouvoir en place.
Dans cette hypothèse, l'opération policière contre les Moudjahiddines serait plutôt une faveur faite au régime iranien, et un pied de nez aux États-Unis.
Mais d'où sortent donc ces informations ? c'est contraire à tout ce que disent les médias, alors le "selon certaines informations" me semble relever de la rumeur...[/quote]
Le première phrase est une information qui est connue largement.
La deuxième phrase une hypothèse.
- pelon
- Message(s) : 33
- Inscription : 30 Août 2002, 10:35
par pelon » 19 Juin 2003, 21:25
On retrouve ici (en gras) l'information en question.
CITATION (libération du 19 mai 2003)
Le jeu ambigu des Etats-Unis
Le Pentagone aurait envisagé un soutien aux Moudjahidin contre le régime iranien.
Par Pascal RICHE
jeudi 19 juin 2003
(1) Hier, des Iraniens se sont installés devant l'ambassade de France à Washington. Certains ont entamé une grève de la faim.
Washington de notre correspondant
'est assez discrètement que Washington a salué le coup de filet, à Paris, contre les Moudjahidin du peuple iraniens. La première réaction officielle est venue de l'administrateur civil américain en Irak, Paul Bremer, qui s'est dit «content» de l'opération. Que l'administration américaine adopte un profil aussi bas n'a rien d'étonnant. Washington, qui a rompu toute relation diplomatique avec l'Iran depuis vingt-trois ans, cultive vis-à-vis des Moudjahidin une position délibérément ambiguë.
Mouvement islamo-marxiste, les Moudjahidin du peuple sont sur la liste officielle des organisations terroristes que tient à jour le département d'Etat. Cela n'empêche pas le mouvement d'avoir pignon sur rue à Washington, les bureaux de son comité de soutien se trouvant à quelques centaines de mètres de la Maison Blanche (1)... Les Moudjahidin, il est vrai, n'ont pas visé d'Américains, du moins depuis les années 70. C'est l'administration Clinton qui avait décidé de les placer sur la liste des organisations terroristes, ce qui avait alors été interprété comme un geste pour encourager les mollahs de Téhéran à l'ouverture et à la réforme.
Projet secret. Mais aujourd'hui, les Américains ont tiré un trait sur les espoirs de réforme. La ligne fixée par George W. Bush est désormais «d'encourager les aspirations à la liberté», c'est-à-dire de tout faire pour déstabiliser le régime iranien. Pendant la guerre en Irak, les Américains ont pilonné les bases irakiennes des Moudjahidin où se trouvaient des milliers de combattants très entraînés, bien armés, protégés depuis vingt ans par Saddam Hussein. Puis, surprise, les Américains ont signé un accord de cessez-le-feu avec ces mêmes combattants, leur laissant même (pour une très courte période) leurs armes. Selon plusieurs médias, des responsables du Pentagone auraient alors projeté d'appuyer secrètement les Moudjahidin avec dans l'idée de s'en servir un jour pour bousculer le régime de Téhéran. Le département d'Etat aurait poussé les hauts cris, les Moudjahidin étant très impopulaires en Iran. La conseillère à la Sécurité nationale du Président, Condoleezza Rice, aurait tranché la question, empêchant le Pentagone d'envisager un tel plan.
Opération concertée. On n'imagine pas que la France, qui cherche à se réconcilier avec Washington et dont la coopération en matière de terrorisme se veut exemplaire, ait pris la décision d'arrêter plus de 160 Moudjahidin sans avoir prévenu à l'avance Washington. Mais plusieurs interprétations sont possibles. Selon les conservateurs les plus durs, la France a cherché à renforcer le régime iranien : «Ma première réaction, c'est que Paris a voulu faire quelque chose de gentil pour les mollahs, pour s'attirer leurs faveurs», dit Michael Ledeen, expert à l'American Enterprise Institute, proche des néoconservateurs. Autre hypothèse, plus probable, celle d'une opération concertée. Au G8 d'Evian, Américains et Européens se sont mis d'accord pour travailler ensemble afin d'amener l'Iran à renoncer à l'arme nucléaire.
On peut imaginer que les rôles soient aujourd'hui répartis, entre Américains et Européens, suivant un schéma classique «bon flic/mauvais flic». Pendant que les Américains attisent les manifestations étudiantes ou facilitent les complots contre le régime, les Européens tentent d'amadouer les autorités de Téhéran pour les amener à réprimer les agents d'Al-Qaeda en Iran, et à coopérer avec l'Agence internationale de l'énergie atomique. Hier, George W. Bush a de nouveau mis en garde le gouvernement iranien rendant hommage aux «âmes courageuses qui défendent publiquement la liberté en Iran». Il a menacé : «Les autorités iraniennes doivent savoir que les Etats-Unis se tiennent à leurs côtés, et je leur conseille vivement de les traiter avec le plus grand respect.».
© Libération
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CITATION (libération du 19 mai 2003)
Le jeu ambigu des Etats-Unis
Le Pentagone aurait envisagé un soutien aux Moudjahidin contre le régime iranien.
Par Pascal RICHE
jeudi 19 juin 2003
(1) Hier, des Iraniens se sont installés devant l'ambassade de France à Washington. Certains ont entamé une grève de la faim.
Washington de notre correspondant
'est assez discrètement que Washington a salué le coup de filet, à Paris, contre les Moudjahidin du peuple iraniens. La première réaction officielle est venue de l'administrateur civil américain en Irak, Paul Bremer, qui s'est dit «content» de l'opération. Que l'administration américaine adopte un profil aussi bas n'a rien d'étonnant. Washington, qui a rompu toute relation diplomatique avec l'Iran depuis vingt-trois ans, cultive vis-à-vis des Moudjahidin une position délibérément ambiguë.
Mouvement islamo-marxiste, les Moudjahidin du peuple sont sur la liste officielle des organisations terroristes que tient à jour le département d'Etat. Cela n'empêche pas le mouvement d'avoir pignon sur rue à Washington, les bureaux de son comité de soutien se trouvant à quelques centaines de mètres de la Maison Blanche (1)... Les Moudjahidin, il est vrai, n'ont pas visé d'Américains, du moins depuis les années 70. C'est l'administration Clinton qui avait décidé de les placer sur la liste des organisations terroristes, ce qui avait alors été interprété comme un geste pour encourager les mollahs de Téhéran à l'ouverture et à la réforme.
Projet secret. Mais aujourd'hui, les Américains ont tiré un trait sur les espoirs de réforme. La ligne fixée par George W. Bush est désormais «d'encourager les aspirations à la liberté», c'est-à-dire de tout faire pour déstabiliser le régime iranien. Pendant la guerre en Irak, les Américains ont pilonné les bases irakiennes des Moudjahidin où se trouvaient des milliers de combattants très entraînés, bien armés, protégés depuis vingt ans par Saddam Hussein. Puis, surprise, les Américains ont signé un accord de cessez-le-feu avec ces mêmes combattants, leur laissant même (pour une très courte période) leurs armes. Selon plusieurs médias, des responsables du Pentagone auraient alors projeté d'appuyer secrètement les Moudjahidin avec dans l'idée de s'en servir un jour pour bousculer le régime de Téhéran. Le département d'Etat aurait poussé les hauts cris, les Moudjahidin étant très impopulaires en Iran. La conseillère à la Sécurité nationale du Président, Condoleezza Rice, aurait tranché la question, empêchant le Pentagone d'envisager un tel plan.
Opération concertée. On n'imagine pas que la France, qui cherche à se réconcilier avec Washington et dont la coopération en matière de terrorisme se veut exemplaire, ait pris la décision d'arrêter plus de 160 Moudjahidin sans avoir prévenu à l'avance Washington. Mais plusieurs interprétations sont possibles. Selon les conservateurs les plus durs, la France a cherché à renforcer le régime iranien : «Ma première réaction, c'est que Paris a voulu faire quelque chose de gentil pour les mollahs, pour s'attirer leurs faveurs», dit Michael Ledeen, expert à l'American Enterprise Institute, proche des néoconservateurs. Autre hypothèse, plus probable, celle d'une opération concertée. Au G8 d'Evian, Américains et Européens se sont mis d'accord pour travailler ensemble afin d'amener l'Iran à renoncer à l'arme nucléaire.
On peut imaginer que les rôles soient aujourd'hui répartis, entre Américains et Européens, suivant un schéma classique «bon flic/mauvais flic». Pendant que les Américains attisent les manifestations étudiantes ou facilitent les complots contre le régime, les Européens tentent d'amadouer les autorités de Téhéran pour les amener à réprimer les agents d'Al-Qaeda en Iran, et à coopérer avec l'Agence internationale de l'énergie atomique. Hier, George W. Bush a de nouveau mis en garde le gouvernement iranien rendant hommage aux «âmes courageuses qui défendent publiquement la liberté en Iran». Il a menacé : «Les autorités iraniennes doivent savoir que les Etats-Unis se tiennent à leurs côtés, et je leur conseille vivement de les traiter avec le plus grand respect.».
© Libération
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- pelon
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