CITATION Allocution d'Arlette Laguiller, samedi 7 juin (extraits)
Vive la grève!
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(...) "Je suis particulièrement heureuse de vous accueillir dans cette période où l'importance et la diversité des mouvements sociaux sont déjà une réponse majeure au gouvernement. (...)
Même si le gouvernement, aidé par certains médias complaisants, cherche systématiquement à minimiser la mobilisation, les grèves et les manifestations continuent... Le mouvement suit son cours à des rythmes différents suivant les villes et les régions, mais on peut dire que tout le pays est touché... Il ne s'est pas, ou pas encore, étendu à toutes les entreprises privées, mais la participation des travailleurs d'entreprises privées aux manifestations du 3 juin témoigne du soutien de ceux du secteur privé à l'égard du mouvement... Et ceux qui sont en lutte pour empêcher le gouvernement de reculer l'âge de la retraite et de diminuer les pensions représentent bien plus les millions de travailleurs de ce pays que la coterie politique au service des privilégiés qui soutient le projet gouvernemental. (...)
Beaucoup de ceux qui sont ici, à cette fête, ont participé aux manifestations successives qui ont jalonné la mobilisation. Et nombreux sont aujourd'hui, sur cette pelouse, les enseignants, les postiers, les cheminots, les travailleurs de la RATP, qui sont en grève, et je les salue particulièrement.
Ils savent tous que la réforme Raffarin-Fillon est une infamie... Le gouvernement prétend que son projet est inévitable pour combler le déficit des caisses de retraite. Mais c'est un mensonge grossier. Les caisses de retraite ne sont pas en déficit. Même d'après les prévisions gouvernementales, qui valent ce que valent celles des cartomanciennes, il n'y aura de déficit que dans dix, voire vingt ans.
Mais quand bien même cela arriverait, si cela arrive, il n'y aurait aucune raison que, pour épargner les revenus du capital, on impose aux salariés de cotiser plus longtemps, et cela pour toucher dans tous les cas une pension plus faible. Si les cotisations des salariés en activité ne suffisent plus pour payer la retraite des anciens, c'est à cause du chômage, des licenciements collectifs dont les seuls responsables sont les patrons! C'est à cause des salaires insuffisants, à cause de la précarité, dont les travailleurs sont les victimes, et pas les responsables!
Alors, c'est aux patrons de payer! A commencer par une augmentation des cotisations patronales!
(...) Évoquer seulement l'évolution démographique en invoquant le nombre croissant de gens âgés par rapport au nombre d'actifs est une manipulation statistique grossière et réactionnaire car elle ne tient aucunement compte de l'évolution de la productivité et de l'accès aux résultats de cette augmentation.
Un nombre plus limité d'actifs devrait assurer le financement d'un nombre plus élevé de retraités? Et alors?
Pendant le demi-siècle passé, le nombre de paysans a été divisé par six. C'est-à-dire que, sur cent paysans en 1950, il en reste 16 ou 17 aujourd'hui. Mais, non seulement ceux qui restent nourrissent aujourd'hui toute la population, qui pourtant s'est considérablement accrue, mais il y a même une surproduction agricole.
Et il en va ainsi, et plus encore, dans la production industrielle où le même nombre d'ouvriers fabrique cinq fois, dix fois plus d'automobiles, de réfrigérateurs, d'articles ménagers, d'objets de toutes sortes, qu'il y a un demi-siècle.
Alors, comment oser prétendre qu'un nombre plus faible d'actifs ne pourrait pas assurer une retraite convenable à un nombre plus grand de retraités? (...)
Qu'est-ce que ces ministres, ces vulgaires laquais du grand patronat qui, du haut de leurs postes, décrètent qu'un ouvrier sur chaîne, une caissière, un enseignant se consacrant à ses élèves, peuvent et doivent travailler pendant 40 ans, 42 ans de leur vie, jusqu'à 65 ans, et au-delà?
Et puis ils nous offrent des moyennes d'espérance de vie. Mais, est-ce que l'espérance de vie d'un ouvrier du bâtiment ou de Citroën est la même que celle des collègues du baron Seillière? Ces derniers peuvent parfois se crasher dans un avion privé, mais le risque en est plus faible que pour les travailleurs des industries classées Seveso de mourir dans une explosion.
Le gouvernement de droite, qui dirige ce pays depuis un an, a reçu le soutien d'un certain nombre de dignitaires du Parti Socialiste, de Rocard à Charasse, en passant par Delors. Ils affirment qu'ils voteraient sans hésitation le projet Raffarin-Fillon. Mais ils ne font que dire tout haut ce que la direction du Parti Socialiste pense tout bas. Cette dernière ne fait mine de s'opposer au projet que pour redorer un peu le blason de son parti qui, pendant les cinq ans qu'il a été au gouvernement, a servi obséquieusement les intérêts du grand patronat. D'ailleurs, pendant les cinq ans que le Parti Socialiste a dirigé le gouvernement, il n'est pas revenu sur les lois Balladur qui avaient imposé les 40 ans de cotisation aux travailleurs du privé, au lieu des 37 ans et demi qui étaient en vigueur. Et rappelons aussi que le projet sur les retraites que Raffarin et Fillon sont en train d'appliquer a été préparé par les ministères de Jospin et sous sa responsabilité. (...)
Alors, ce qui inquiète le plus le gouvernement, c'est que le mouvement a tendance à se généraliser et, surtout, qu'il a tendance à réunir les travailleurs de différentes catégories et de différents statuts, ceux du public et ceux du privé, dans un seul mouvement de protestation.
Un des aspects les plus prometteurs du mouvement, pour les luttes en cours comme pour les luttes futures, est que les postiers, les cheminots, les enseignants essaient de convaincre non seulement les travailleurs de leurs propres catégories mais aussi ceux des autres, de se joindre au mouvement.
Oui, c'est une bonne chose que des postiers en grève aillent vers les travailleurs d'une entreprise privée ou que des enseignants aillent vers les cheminots ou vers les agents de la RATP. Oui, c'est une bonne chose que se tissent ainsi des liens entre les uns et les autres et que, progressivement, se forge la conscience commune que les travailleurs ont tous les mêmes intérêts.
Pour empêcher cette conscience commune de prendre corps, le gouvernement utilise tous les stratagèmes visant à dresser les travailleurs les uns contre les autres. Il essaie de présenter les travailleurs du secteur public comme des privilégiés simplement parce qu'ils bénéficient de la retraite après 37 ans et demi de cotisation. Mais il oublie de rappeler que c'est Balladur qui a introduit cette inégalité. Il suffit d'annuler les mesures Balladur pour qu'il n'y ait plus de privilèges, chaque travailleur ayant le droit de partir à la retraite après 37 ans et demi de cotisation.
Les ministres font mine de s'étonner que les travailleurs de la SNCF ou de la RATP, qui ne sont pas concernés aujourd'hui par le plan Raffarin-Fillon, réagissent quand même. Comme s'il n'était pas évident que, si le gouvernement parvient à imposer de force son plan, tout le monde sera victime, tôt ou tard! Et, de plus, n'en déplaise à tous ces ministres qui prennent les travailleurs pour des imbéciles, un cheminot ou un travailleur de la RATP a un conjoint ou des enfants qui travaillent dans d'autres secteurs, et les coups que ceux-ci reçoivent frappent toute la famille!
Eh bien, c'est précisément ce qui inquiète le gouvernement qui doit nous encourager à continuer et à renforcer le mouvement. La tentative de nous diviser entre travailleurs du public et travailleurs du privé doit nous conforter dans la conviction que c'est en réagissant en tant que travailleurs, tous ensemble, que nous avons une chance réelle de le faire reculer. (...)
Ces gens-là osent traiter d'égoïstes ceux qui refusent les projets antiouvriers du gouvernement.
Vous ne les entendez jamais traiter d'égoïstes ces patrons qui décident, dans le secret de conseils d'administration composés de quelques individus, de fermer une entreprise ou de la délocaliser, simplement parce que cela leur rapporte un peu plus, même lorsque cela se traduit par des drames pour des centaines d'ouvriers et par une catastrophe pour toute une région.
Jamais vous ne les entendez traiter d'égoïstes ces gros actionnaires, ces grands bourgeois qui gagnent en une heure le salaire mensuel d'un smicard, sans rien faire de leurs dix doigts.
Vous ne les avez pas entendus traiter d'égoïste Seillière lorsqu'il a retiré ses capitaux d'Air Liberté, provoquant ainsi la faillite de cette compagnie!
Non, pour ces gens-là, les égoïstes, ce sont toujours les ouvriers exploités, opprimés, les salariés mal payés, lorsqu'ils osent se défendre!
Eh bien, même s'ils déversent à la télévision et à la radio des tombereaux d'injures sur les grévistes, ce sont ceux qui luttent qui représentent la légitimité. La légitimité de ceux qui travaillent, de ceux qui créent les richesses, de ceux qui font vivre ce pays!
Et leur combat, notre combat, est légitime parce qu'il va dans le sens des intérêts des millions de travailleurs de ce pays." (...)
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CITATION Allocution d'Arlette Laguiller, dimanche 8 juin (extraits)
"il faut quele mouvement se généralise"
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(...) "De toute évidence, le gouvernement ne s'attendait pas à la réaction que ses mesures ont provoquée. Il ne s'attendait pas à la ténacité du personnel de l'Éducation nationale. Il ne s'attendait pas à ce que les journées nationales successives appelées par les syndicats soient massivement suivies.
Il ne s'attendait pas à ce que, entre deux journées nationales de grèves et de manifestations, celles-ci continuent à l'Éducation nationale mais aussi parmi un nombre croissant de travailleurs d'autres services publics.
Malgré les annonces répétées des directions de la SNCF, de la RATP et du ministre des Transports sur le rétablissement complet du service, à Paris, sur plusieurs lignes il n'y a pas ou il y a peu de métros, dans le pays bien des trains ne circulent pas. Et, dans beaucoup de villes, les transports urbains sont complètement paralysés. Et la mobilisation touche des catégories variées de travailleurs, du personnel hospitalier aux postiers, des travailleurs d'EDF-GDF à ceux des collectivités territoriales, des agents des impôts et de l'équipement aux intermittents du spectacle. Et, même en ce week-end, le mouvement touche les régions, chacune à son rythme.
Le gouvernement se faisait sans doute une raison par avance d'une ou deux journées nationales comme baroud d'honneur. Il ne s'attendait pas à de telles grèves. Il s'y est brûlé les doigts, et c'est déjà un succès du mouvement.
Eh bien oui, par l'intermédiaire de ceux qui se sont mis en mouvement, le monde du travail envoie un cinglant désaveu au gouvernement qui ose prétendre vouloir sauver les retraites alors qu'il fait le contraire. (...)
Mais comment pourrait-il en être autrement, tant l'attitude du gouvernement est provocante? Et tant il apparaît scandaleusement injuste que plus la productivité augmente, moins ceux qui en sont les artisans en bénéficient. (...)
Et comment croire les arguments des ministres lorsqu'ils disent que, dans quelques années, il n'y aura plus d'argent pour les retraites alors qu'on voit valser des milliards et qu'un des procureurs du procès Elf déclare qu'il a été effaré par "les sommes démesurées" qui valsaient entre les mains des dirigeants de la société pour finir par être détournées. Pourtant, il s'agissait à ce point de miettes par rapport aux profits de ce trust, par rapport à ces profits que les actionnaires empochent discrètement et tout à fait légalement, qu'ils ne s'en apercevaient même pas.
Alors, bien sûr, de l'argent, il y en a. Ce qui est en cause, c'est l'usage qu'on en fait. Car le prétendu problème des retraites, comme celui du prétendu déficit de la Sécurité sociale, exprime seulement le fait que, par toutes sortes de mécanismes, on prélève sur les salariés des parts de la richesse sociale pour les détourner vers la classe capitaliste.
C'est pour les mêmes raisons fondamentales que les gouvernements qui se succèdent diminuent parfois relativement, et souvent dans l'absolu, les crédits accordés aux services publics.
Les hôpitaux manquent scandaleusement d'effectifs et de moyens. Dans l'Éducation nationale, on se débarrasse du personnel non enseignant, comme les surveillants, les médecins scolaires ou les assistantes sociales, dont la présence est pourtant indispensable au bon fonctionnement de l'enseignement. La Poste supprime des bureaux dans un nombre croissant de petites villes et de villages, et à Paris, on diminue la distribution quotidienne au strict minimum, et il faut des attentes interminables pour envoyer un mandat ou retirer une lettre recommandée. Quand on ne ferme pas des maternités et des hôpitaux de proximité, on ferme des services indispensables définitivement ou par rotation. Toute cette régression sociale pour ne pas perdre une miette des profits des puissances financières. (...)
Au bout du compte, les mesures prises par les gouvernements successifs, au-delà de leur contenu politique, ont une chose en commun: elles visent toutes à augmenter la part du patronat et de la bourgeoisie dans le revenu national, au détriment des salariés.
Voilà pourquoi, si l'objectif des luttes actuelles doit être d'obliger le gouvernement à retirer le projet Raffarin-Fillon sur la retraite et le projet Ferry sur l'Éducation nationale, leur signification va bien au-delà. Le monde du travail a montré déjà qu'il n'accepte pas et peut-être n'acceptera plus les attaques contre ses conditions d'existence.
Les ministres qui se relaient sur les antennes accusent les grévistes de paralyser le pays. Eh oui, ceux qui peuvent paralyser le pays, ce sont précisément ceux qui le font marcher! Et ces messieurs les ministres, comme les patrons, ne s'aperçoivent que lorsque les travailleurs décident de s'arrêter que les métros et les trains ne roulent pas tout seuls, que les usines ne tournent pas sans ouvriers, que l'enseignement ne se fait pas sans le personnel de l'Education nationale, que le courrier n'est pas distribué sans postiers!
Et l'on entend les ministres répéter que les grévistes prennent les usagers en otages. Mais, si attendre longtemps un train ou ne pas avoir de métro est sûrement désagréable, travailler deux ans, cinq ans de plus est certainement infiniment plus dur. C'est le gouvernement qui, pour plaire aux milieux financiers, prend toute la population laborieuse en otage, pas les travailleurs qui se défendent!
La grève est encore loin d'avoir touché les gros bataillons du monde du travail. Mais cela montre seulement qu'elle a d'immenses champs pour se développer. Et rien que le fait que le mouvement dure depuis plusieurs semaines montre que les arguments du gouvernement et de ses serviteurs ne prennent pas.
Pas de chefs d'orchestre clandestins...
La propagande gouvernementale veut voir aussi derrière le mouvement des chefs d'orchestre ou des agitateurs clandestins. C'est un argument bien utilisé depuis des décennies, mais bien usé aussi. Mais si le mouvement se développe, si des centaines de milliers de travailleurs répondent aux appels à manifester, si, entre deux journées de manifestation, les arrêts de travail continuent et des secteurs nouveaux basculent dans la grève, c'est parce que c'est l'écrasante majorité des salariés qui refuse le projet gouvernemental.
Et, en réalité, ce qui inquiète le gouvernement, c'est justement qu'il sait qu'il n'y a pas de chefs d'orchestre, ni clandestins ni ouverts. Si le mouvement répondait seulement au choix de certaines confédérations syndicales, le gouvernement pourrait espérer pouvoir satisfaire leurs directions syndicales par des promesses de négociations assorties de quelques concessions secondaires. On a vu avec quelle facilité la direction de la CFDT, qui avait appelé à manifester le 13 mai, s'est, en quelques heures, couchée devant le gouvernement et comment Chérèque est devenu le porte-parole attitré de Raffarin parmi les salariés. Et le fait que les autres directions syndicales, tout en ayant une attitude et un langage plus radicaux, ne revendiquent pas le retrait pur et simple du projet Raffarin-Fillon, mais seulement d'autres négociations, est sûrement le dernier espoir du gouvernement.
Mais la grève a bien d'autres voies devant elle pour se développer et pour se généraliser. Et ces moyens, ce sont les grévistes eux-mêmes, ces dizaines de milliers de grévistes de l'Enseignement, de La Poste, d'EDF-GDF, de la SNCF, qui représentent une force considérable, insuffisante encore pour gagner contre le gouvernement mais assez puissante pour propager la grève d'une entreprise à une autre, d'une catégorie de travailleurs à une autre.
Sans doute, ces groupes d'enseignants qui rendent visite aux dépôts RATP pour entraîner des chauffeurs de bus dans la grève, ces postiers qui vont vers une entreprise privée pour expliquer en quoi le mouvement concerne tous les travailleurs, ne représentent pour le moment qu'une forme embryonnaire dans le mouvement. Mais cela montre la voie à suivre
(...) Un mouvement social qui mobilise réellement des dizaines ou des centaines de milliers de travailleurs a un dynamisme, une créativité et une imagination qu'aucun chef d'orchestre, clandestin ou pas, ne peut artificiellement susciter.
Et, en réalité, ce n'est pas encore l'ampleur du mouvement qui inquiète le gouvernement. Ce qui l'inquiète, c'est sa durée et son évolution. Parce qu'un mouvement propagé par les travailleurs eux-mêmes est incontrôlable au sens où le gouvernement l'entend. Il n'y a pas de chef avec qui faire des tractations, il n'y a pas d'appareil avec qui négocier.
Alors oui, il faut que le mouvement se généralise, et se généralise de cette façon-là, avec des assemblées générales démocratiques, à la base, avec des contacts entre travailleurs de différents secteurs, en gardant son caractère non corporatiste. Car c'est comme cela que se développera la conscience que tous les travailleurs ont les mêmes intérêts et la conscience qu'uni dans la lutte, le monde du travail représente une force à laquelle la petite cohorte gouvernementale, ignorant tout de la réalité sociale, ne sera pas capable de résister" (...)
Et, encore une fois, s'il est important de faire revenir le gouvernement sur les retraites et la décentralisation, c'est tout aussi important sur le reste. Si le gouvernement a eu la bêtise d'essayer de faire passer un ensemble de mesures contre les salariés d'un seul coup, c'est qu'il pensait, du haut des 82% des suffrages pour Chirac et de sa victoire dans la foulée aux législatives, qu'il pourrait faire n'importe quoi et qu'il n'y aurait pas de réaction de la part des travailleurs.
Il croyait peut-être que le pays était à l'image du Parlement, c'est-à-dire à sa botte. Mais, contrairement aux affirmations de Raffarin et des siens, la rue peut défaire ce que le plébiscite de Chirac a fait. Et, si les politiciens de gauche ne se sont pas encore remis du désaveu infligé à Jospin, cela n'a pas démoralisé les travailleurs. Ils attribuent, à juste titre, bien moins d'importance aux simagrées électorales dont on présente le résultat comme décisif.
Au début du mouvement, Raffarin avait annoncé, avec suffisance: "Ce n'est pas la rue qui gouverne". Mais il sait, lui, que ce ne sont pas les urnes non plus. Non! C'est l'argent et ceux qui en possèdent qui gouvernent. C'est le grand patronat qui gouverne le gouvernement.
Eh bien la rue, la force des travailleurs, peut faire reculer le pouvoir de l'argent. Elle peut faire ravaler leur morgue aux pantins qui croient qu'ils gouvernent alors qu'ils ne font qu'exécuter les basses oeuvres des possédants.
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Alors, camarades, contrairement à hier, le ciel n'est pas avec nous, soit. Mais le soleil est dans nos coeurs. Donc, amusons-nous, discutons de tout et du reste en refaisant le monde!
Parce que, dès mardi, nous devons faire en sorte que la journée de grèves et de manifestations à laquelle appellent plusieurs centrales syndicales soit un succès. Et les jours qui viennent, nous devons continuer à oeuvrer pour que les grèves continuent et que, portées par les travailleurs eux-mêmes, elles se transforment de grèves limitées, en une grève de l'ensemble du monde du travail.
Alors camarades, je vous souhaite une bonne et joyeuse fête pendant deux jours!
Vive la fête, vive la grève !"
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