petite fiancée de Trotsky

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L'ultime séance d'Arlette Laguiller, "petite fiancée de Trotsky"
 

PARIS (Reuters) - Une centaine de militants ont accompagné Arlette Laguiller dans la dernière étape de son ultime campagne électorale.

A 1,5%, selon les estimations, le score d'"Arlette" est bien en dessous de son record de 5,72% enregistré en 2002. Il représente même sa plus mauvaise performance.

Pourtant, dans la salle du Forum de Grenelle dans le XVe arrondissement de Paris, les "camarades" applaudissent à tout rompre plusieurs minutes d'affilée lorsqu'apparaît sur un écran géant le score de l'égérie des "travailleurs, travailleuses".

Ils lui réserveront une "standing ovation" quand elle les rejoindra quelques minutes plus tard.

Le réflexe du vote utile l'a pourtant privée d'une sortie en beauté du paysage politique français où elle faisait des apparitions cycliques depuis 1974.

Cette année-là, celle qu'on appelait "la petite fiancée de Trotsky" avait recueilli 2,33% des suffrages exprimés. Elle en obtint 2,30% en 1981, 1,99% en 1988, 5,83% en 1995.

Au soir de sa dernière campagne électorale, elle paraît animée de la même ferveur qu'en 1974 lorsqu'elle était la seule femme candidate à la présidentielle mais aussi première "madame tout le monde" dans un univers de professionnels.

"Je n'ai pas de pincement au coeur, pas de larmes, pas de regrets non plus. Je suis très bien dans ma peau. La relève est derrière moi", affirme-t-elle à la dizaine de journalistes qui l'entourent.

Veste blanche, tee-shirt bariolé de rouge et d'orange sur pantalon beige, Arlette Laguiller désigne cinq jeunes femmes qui, le poing levé, ont entonné avec elle "l'Internationale" peu après qu'elle eut appelé à voter, sans illusion, pour Ségolène Royal.

"FILS DE RICHE"

Dans la salle, les militants se rapprochent les uns des autres et reprennent en choeur le chant révolutionnaire pour scander juste après "c'est la grève, la force des travailleurs".

Peu avant, ils ont copieusement hué l'apparition de Nicolas Sarkozy sur l'écran géant.

"Fils de riche", "mégalo", "retourne chez ton frère", "rends le pognon", crie-t-on dans une salle qui semblait juste soulagé de la présence de Ségolène Royal au second tour.

Quand celle-ci intervient sur les écrans de télévision ils ne sont plus qu'une vingtaine à écouter sagement son discours.

Arlette Laguiller donne ses dernières interviews et fixe rendez-vous aux militants à la Pentecôte, pour la traditionnelle fête de Lutte Ouvrière "que l'on prépare", et aux élections législatives en juin où elle compte bien "aider les camarades".

Une demi-douzaine de ceux-ci empilent les chaises d'une salle désertée deux heures à peine après l'annonce officielle des résultats du premier tour. "Il reste du jus d'orange à finir et du café", crie encore un militant derrière le bar.